Le présent volume de contes kapsiki a été recueilli à Mogodé trente-six ans après le précédent (Contes kapsiki du Cameroun). Nous avons voulu voir comment le genre avait évolué et s'était transformé en deux générations.
La vie, par bien des côtés, s'est améliorée localement : la mortalité infantile a sérieusement diminué. La scolarisation a progressé dans tous les villages. Mogodé est devenu sous-préfecture et un lycée y est en construction.
Le premier fait remarquable, dans les contes, est que le personnage d'Écureuil demeure le grand décepteur autour duquel tournent les meilleures histoires ; son monde est toujours un heureux mélange de bien et de mal, d'entente et de mensonge, d'amusement et de violence. On relève de nouveaux thèmes, comme celui du frère qui sauve ses aînés après avoir été rejeté par eux, sur le modèle de l'histoire de Joseph trahi par ses frères.
Autre fait important : naguère, l'antagoniste d'Écureuil était Panthère, mais maintenant c'est devenu Hyène. Désormais, Éléphant a presque disparu, comme Scorpion et Porc-Épi, mais Tortue est devenu plus populaire.
Il y a toujours quelques contes étiologiques qui expliquent l'origine d'un phénomène naturel. Par exemple : « Pourquoi Poule ne vole pas », et « Les cynocéphales et leur queue » où l'on apprend dans quelles circonstances ces singes se sont dotés d'un appendice caudal.