« Quant à Françoise, celle-ci écoute aussi avec une grande attention ces propos fort politiques et s'efforce de comprendre, comme elle en a pris l'habitude, à la fois le sens de ces échanges et le monde particulier qui en est le lieu, celui du pouvoir, de la loi, des institutions du royaume. Sa vive intelligence et sa curiosité naturelle se conjuguent heureusement depuis le temps de son arrivée chez les Duchesne de Denant pour lui avoir permis d'acquérir très naturellement beaucoup plus qu'un "vernis" de connaissances dans les domaines qui sont quotidiennement abordés dans ce milieu de la grande bourgeoisie provinciale à Fontenay-le-Comte. » Orpheline vendéenne issue d'un milieu modeste, la jeune Françoise Gandriau devient à dix ans la servante de la plus jeune fille du baron Duchesne du Mesnil de Denant. Adolescente, elle aura la chance de pouvoir aller à l'école de l'Union chrétienne et de découvrir la douceur et la délicatesse des manières de la bourgeoisie. Alors qu'elle rêve de devenir enseignante, elle sera rattrapée par la tourmente de l'Histoire... S'étalant de 1782 jusqu'à la veille des États Généraux de 1789, ce premier volet retrace les espoirs de celle qu'on appellera « la petite Émigrée », avant que la guerre de Vendée ne la rattrape. À travers cette fresque ambitieuse, au plus près de la réalité historique, l'auteur entremêle le destin authentique d'une jeune fille de Fontenay-le-Comte à la chronique d'une époque en plein bouleversement. Dépeignant avec soin les prémices de la Révolution, porté par une recherche documentaire minutieuse, l'ouvrage de Claude Olivier Beaurain s'impose sans mal comme un livre de référence.
« Un silence de quelques secondes suit l'intervention de Françoise ; tous semblent méditer ce que la jeune fille vient de dire. C'est le baron Dominique qui rompt ce silence inhabituel tandis que la jeune Françoise baisse la tête, pleine de confusion, attendant un verdict réprobateur en réponse à sa hardiesse peut-être trop aventureuse dans le propos ! » La suite attendue d'Une jeune fille de Fontenay-le-Comte dans la Tourmente révolutionnaire de Claude Olivier Beaurain débute un certain 5 mai 1789. Nos héros, illustres ou inconnus, tels que Louis XVI, Marie-Antoinette ou encore François Bouron et le baron Duchesne de Denant, se retrouvent à l'occasion de l'ouverture des états généraux de Versailles. Le second volume de cette épopée nous fait revivre le destin chaotique de la France, en passant par la prise de la Bastille ou La Terreur. Notre Petite Émigrée de Lassay se retrouvera une nouvelle au coeur de ses événements. Connaîtra-t-elle enfin la paix ? Toujours aussi complet et minutieux, le roman de Claude Olivier Beaurain est une lecture essentielle pour tous les amoureux d'Histoire et d'aventures.
Retrouvant un album de croquis de tapisseries d'Aubusson signé Louis Croc, daté des années 1850, avec, en page de garde un poème de Jules Margeridon dédié à son ami et intitulé « Peinture à Poésie » ; l'auteur, après des recherches infructueuses sur ces deux personnages, imagine leurs vies.
« Mon grand-père s'appelait Derval. Ce n'était pas bien sûr son vrai nom, mais en bon artiste, il s'était créé un rôle et le jouait. À tel point que plus personne ne connaissait son état civil ! Après son fils Léon, j'aurais dû moi aussi m'appeler Derval. Mais l'artiste a changé de lit, et tout s'est écroulé. Ce fut la déchirure, puis le divorce. et enfin la mort de Monsieur Derval. Histoire terminée ? Mais non ! Longtemps après, coup de théâtre ! Derval n'était pas mort ! C'était juste un secret. pour cacher ses folies.?»
Alors qu'il se promène rive gauche, quartier la Confluence, un homme sauve un enfant tombé d'un pont dans la Saône. Peu après, c'est au tour de la mère de se jeter à l'eau. Cet événement devient le point de départ d'une rencontre entre un divorcé esseulé et une jeune femme étrange et distante, dont le mutisme apparent cache un lourd secret. Alors que la police s'oriente vers une accusation à charge, Martin cherche à comprendre l'envers du décor en menant sa propre enquête. Le début d'un périple sur la Saône, une semaine qui offrira à Martin et Amandine la possibilité de se connaître, de se livrer l'un l'autre pour mieux se délivrer... Autour d'une énigme douloureuse, Patrick Poncet orchestre une valse fragile entre deux âmes perdues. Quelque part entre la déclaration d'amour à la Saône et le portrait d'écorchés, il nous convie à une balade élégante et cultivée, grave et envoûtante, où la psychologie prend l'ascendant sur la romance... Quelque part dans l'ombre magique de Sauconna, la déesse des rivières sacrées.
Cet homme rencontré une nuit au Père Lachaise ressemble bien à Chateaubriand. Il y a pourtant plus d'un siècle qu'il est mort, comment cela est-il possible ? Patrick réalise alors qu'il est passé à travers les pages des livres. Il vit désormais au milieu de ces personnes tant admirées qui ont fait l'Histoire et la Commune. Il rencontre tour à tour Louise Michel, George Sand, Victor Hugo, Auguste Blanqui et bien d'autres et entre dans un rêve de voyage qui semble plus que réel. Un voyage qui nous fait pénétrer de manière ludique, en mêlant prose et poésie, dans la vie du Paris de l'époque et dans les idées politiques et sociales qui le font s'animer.
Emmeline de Mars la Tour, jeune fille issue d'une famille noble de Lorraine, se retrouve, à sa sortie du couvent, propulsée à la Cour de Louis XVI, à l'époque où celui-ci décide de porter assistance aux insurgeants américains en révolte contre l'empire britannique. Mariée à un homme influent, bien introduite et proche Marie-Antoinette, elle est le témoin privilégié des événements de son temps qui vont conduire à la Révolution. Sous couvert d'une charge à la Cour, elle sera chargée par le Comte de Vergennes, conseiller du roi de renseigner la police royale sur les menées révolutionnaires de la Franc-Maçonnerie. Mais la politique n'est pas le seul souci de la belle Emmeline : elle doit assumer la passion amoureuse qui la lie au séduisant Vicomte d'Orsival, ami et compagnon d'armes de son frère. Un roman qui n'oublie pas l'aspect humain des événements historiques ; Emmeline séduit par sa simplicité et on découvre une autre vision de la Révolution Française. Le réalisme des personnages nous immerge dans l'époque, et on oublie vite le XXIe siècle au profit des manoeuvres politiques et révolutionnaires des Francs-Maçons.
Lors d'un banquet, Christophe Colomb aurait proposé à ses illustres convives un étonnant défi : faire tenir un oeuf dur debout dans sa coquille. N'ayant pour réponse que le silence, le navigateur aurait alors tout simplement écrasé la base de son oeuf sur la table en s'écriant : "Il suffisait d'y penser !". Cinq cents ans après, Urbain Parcoeur, jeune journaliste stagiaire franchouillard exilé aux États-Unis, et ayant pleinement intégré les coutumes des lieux, s'apprête à faire la plus grande découverte scientifique de son siècle : l'univers est un gigantesque oeuf dont il suffit d'écraser la base pour créer un passage spatio-temporel vers le passé. Cela tombe bien, car sa petite vie, insignifiante jusque-là, vient d'être frappée, un peu en avance, par les signes avant-coureurs de la fin du monde annoncée par les Mayas et le décès d'un être cher. Fort de ses 195 kilos et de sa compréhension des théories d'Einstein, écraser l'univers ne devrait pas supposer de gros problème pour lui. Il suffisait d'y penser ! Il y avait un loufoque avant "L'OEuf d'Einstein". Il y aura un loufoque après car, dans ce roman, Romain Puértolas s'emploie à outrepasser, voire pulvériser les frontières du concevable par l'esprit d'un trentenaire complètement déconnecté du monde et s'enfonçant dans un délire désopilant et sans limites. Baroque, ébouriffant, tordant, mordant, un roman à la sauce frangliche qui pose un regard décapant sur un personnage navigant sur les eaux turbulentes de la berlue. (Inclus dans cet ouvrage : construisez vous-même votre mini-machine à remonter dans le temps à partir des composants électroniques de vos appareils électroménagers, piles non comprises !)
"Ma bien chère Louise, à présent que le monde semble tourner à nouveau à peu près rond, te voilà donc repartie à Paris où une nouvelle existence t'attend.
Comme j'en suis heureuse pour vous trois, quel soulagement pour ta vieille Mamet, vous allez pouvoir reprendre le cours interrompu, si tragiquement, de vos jeunes vies.
Nous avons passé ensemble au mas toutes ces dernières années, nous aidant mutuellement, nous soutenant grâce à notre affection, pour traverser toutes ces épreuves. Quelle aide précieuse de pouvoir ainsi compter l'une sur l'autre, ma chère enfant, au milieu du chaos de la guerre!
C'est grâce à cela que nous sommes arrivées à tenir malgré tout, durant toutes ces horribles années et à survivre vaille que vaille, puis comme tout le reste de la population française, nous nous sommes remises à espérer, afin que la vie reparte enfin.".
Mamet et sa petite-fille Louise ont repris en 1925 leur correspondance au milieu de ces étonnantes années folles, et de tout ce renouveau mêlé d'optimisme de la France d'après-guerre. Les lettres qu'elles s'échangent décrivent les événements de leurs vies, à travers ceux de l'actualité, tant française que mondiale, telle une belle fresque de l'histoire de France... Marie-Hélène et Isabelle Morot-Sir, avant tout mère et fille, ont délaissé leurs autres travaux littéraires, le temps de cette correspondance d'une autre époque pour endosser, à nouveau avec délices, ces deux personnages attachants.
« Cette nuit du mois de mai était claire ; la pleine lune brillait de sa plus belle parure or pâle et scintillait pour ses visiteurs. Ils étaient au rendez-vous d'ailleurs, silhouettes fantomatiques se confondant avec les arbres, les arbustes et les haies : ils avançaient dispersés à travers la forêt, silencieux et sur leurs gardes. Parfois, les branches moins entrelacées et enserrées laissaient filtrer un rayon de l'astre nocturne et on pouvait apercevoir en une fraction de seconde des visages masqués aux yeux étrangement brillants, aux membres crispés et pourtant se mouvant avec une agilité précieuse dans ce dédale émeraude. Ces êtres noctambules s'avançaient prudemment jusqu'à la lisière de la forêt. Là, ils stoppèrent tous et leurs yeux se fixèrent sur une vision merveilleuse. À environ 350 pieds, trônait un prince des ténèbres. » En janvier 1790, fuyant Paris, Laetitia revient sur Angoulême où elle retrouve sa famille. Il lui faudra chercher et sauver son frère Matthieu et sa soeur Camille. En quête perpétuelle, nourrie d'idéaux révolutionnaires, il faudra à la jeune femme prendre en main son propre destin... Épaulée d'une galerie de personnages hauts en couleur, l'héroïne des « Berges du Marais » traverse l'Histoire et les tragédies, mûrit, se cherche, se perd et se trouve enfin, au fil d'une épopée pleine de souffle digne des plus grands romans d'aventures.
« Tous ces gens, mes ravisseurs, ceux qui me retenaient prisonnière dans le jardin des Antillais, jouissent encore de la tranquillité et de la liberté alors qu'ils sont censés être en prison, alors que moi, je suis traquée et torturée chez moi. J'ai effectué un travail mémorable, dénoncé les ennemis, débattu des sujets, flairé certains dangers. Ces chefs d'État français, quand ils font l'éloge de leurs camarades politiques, dites-vous bien que le mérite revient à un chef d'association retenu prisonnier. Ils sont tous des imposteurs, ce ne sont pas des candidats loyaux. » Les espions à la solde d'un parti travaillent à accroître sa popularité en vue des élections présidentielles et veillent à sa sécurité. Leurs missions ? Filer les adversaires et trouver les sujets susceptibles de faire polémique. Entre chantage et magouilles, que deviennent ces hommes de l'ombre après leur exploitation quand les promesses n'ont pas été tenues ? L'envers du décor politique, une fiction brillante de Ketty Jeannot.
« Tout en finissant de siroter son thé noir, il s'amusa à faire défiler dans son esprit la page 4 et tous les commentaires dont il l'avait accompagnée. Tout marchait parfaitement. Il s'empressa de la refermer. En cas de nécessité, d'absolue nécessité, il aurait besoin d'au moins deux ou trois minutes pour effacer les souvenirs correspondant à chaque page, aux plans et aux vidéos ! Il devrait être sur ses gardes et serait seul ! François connaissait depuis le début de cette mission les risques et difficultés auxquels il pourrait être confronté. » Capable d'utiliser son cerveau comme un ordinateur et de compresser sa propre mémoire, François Dargent travaille pour la Fondation Aéronautique Européenne. Homme de génie, il est envoyé en Russie pour collaborer à la construction d'un moteur inédit permettant des voyages interplanétaires sur Mars et Pluton. La mission n'est cependant pas sans danger car cette nouvelle technologie fait l'objet de nombreuses convoitises. Jean Cheruy nous transporte jusqu'en 2040 dans ce roman d'aventures ultraréaliste.
« Revenue saine et sauve du Salon du livre de Genève, mon capital confiance était en revanche au plus bas, et mon moral dans les chaussettes. Oui, j'avais l'assurance à découvert, le culot dans l'eau et l'aplomb plombé. Ma plume était mouillée, ma mine brouillée et mon stylet pas beau. J'avais le mal de l'amertume, la nausée du raté, et des renvois de fiel. N'étais-je donc qu'un simple écrivaillon, qu'un gratte-papier démangé par le manque de reconnaissance, qu'une pigiste pathétique, qu'un scribe vulgaire embourbé dans sa propre mégalomanie ? Devrais-je plutôt tailler des plumes et conter fleurette ? La bile à l'air et la larme à l'oeil, je me faisais un sang d'encre quant à mon avenir en tant que chroniqueuse littéraire. » Chroniqueuse littéraire au « Book Tribune » depuis cinq ans, celle que ses collègues surnomment Biquette désire partager avec ses lecteurs les aléas de son quotidien dans la joie et la bonne humeur. Sous ce pseudonyme qui lui permet de déjouer la censure ou de faire de la résistance, Julie Wagen nous propose des textes charmants, truffés de traits d'esprit et de références en tout genre. Un plume agréable, légère, pleine de vivacité et d'espièglerie.
« Phonétiquement, si je décompose oméga en hommes (humains) et gars (garçons), ça donne quoi d'après vous ? Sinon que ça afficherait une préférence pour ceux-ci, le tout accentué, si besoin était, par le caractère grecque de la lettre, l'amour grec, se passant de commentaire. Ce n'était pas si facile que ça à proposer en public, si c'est bien, comme je le pense, la bonne explication... » Hommes & Gars est un recueil de vingt-six nouvelles, composé à partir de l'alphabet. Une lettre est dédiée à chaque histoire, qui met en contexte un homme découvrant son homosexualité et assumant le plaisir procuré par l'amour entre deux êtres de même sexe. Entre fantasmes et désirs, l'imagination de Jeep Dupuis nous transporte dans des lieux et des époques très divers, emplis de sensualité. Des récits érotiques décomplexés, tout en légèreté et volupté.
« John Nap comprit brutalement que le moment de la décision était arrivé. Il ne pouvait continuer de caresser paresseusement le projet de partir vers l'ouest. Il devait décider de rentrer à Charleston, destination qu'il refusait dans le fond, ou de partir vers l'ouest seul, sans bien connaître tous les aléas du voyage. Mais n'était-il pas seul dans la vie ? Et la vraie vie était dans ces nouvelles contrées. Il était jeune, sans attaches, avec un métier tout juste entamé mais un métier quand même. Il y avait un autre océan au bout du voyage où déjà naviguaient beaucoup de bateaux américains. L'Amérique... » Ample comme peut l'être l'Amérique qu'il met en scène, le nouveau roman de Jean Cheruy nous entraîne dans le sillage de John Nap qui, au sortir de la guerre de Sécession, et après avoir constaté la mort du Sud, prend le chemin de l'Ouest pour s'y établir. En sa compagnie et celle de camarades qui le rejoignent dans son périple, nous traversons ainsi les étendues gigantesques d'un pays où la nature et le coeur des hommes demeurent sauvages. oeuvre immersive, aux tonalités authentiques et loin des clichés du traditionnel Farwest, Go West rend encore compte du talent de Jean Cheruy à investir et restituer des atmosphères radicalement différentes.
« En le retournant délicatement, je pus voir ses traits, il s'agissait d'un tout jeune homme qui n'avait pas dû peser bien lourd en face d'adversaires déterminés. Plutôt fluet, j'aurais dit délicat, il arborait une face d'ange auréolée de boucles blondes. Je croyais connaître tous les hobereaux du secteur, celui-ci m'était parfaitement inconnu, pas même une quelconque ressemblance. Je ne me sentais pas le droit de l'abandonner ici dans cet état, je me mis en devoir de l'installer, cassé en deux sur l'encolure de mon cheval. Il serait mieux chez moi qu'ici, et puis il finirait bien par reprendre connaissance. Sa tête dodelinait contre le poitrail de ma monture sans qu'il ne donne signe de vie. Je ramenais là un bien curieux gibier ! » Réalistes ou plus proches de la fantaisie, soft ou plus osées, tendres ou musclées, les nouvelles érotiques composées et réunies par Jeep Dupuis dans ce deuxième volume d'Hommes et Gars font la part belle à la découverte des corps masculins, à l'audace des désirs, aux envies qui s'affirment et brisent les tabous. Écrits avec un ton assuré et une plume qui se refuse à toute vulgarité, ces récits forment autant de parenthèses érotico-homosexuelles fiévreuses, voire brûlantes.
À partir de la vie de son grand-père paternel et des trente premières années de la vie de son père, l'auteur a mis en scène son personnage central, Pierre Dutailloux, qui vit disparaître la figure tutélaire du père, Louis, passementier veloutier, qui s'était engagé derrière Aristide Briand pour le faire élire député de la Loire. Briand fut élu, mais le militant que fut Louis Dutailloux paya cet engagement de sa vie, et sa famille dut en subir durement les conséquences. Louis était allé de Saint-Étienne à Guingamp pour cause de service militaire, puis il reprit le chemin inverse, la diagonale d'Aristide qui, lui, de Nantes jusqu'à Saint-Etienne, alla se faire élire député de la Loire, en 1902. Pierre va vivre le déracinement, avec le repli vers la Bretagne, terre natale de sa mère, puis l'installation à Paris, à l'aube de la première guerre, enfin le retour chaotique à Saint-Étienne, sa ville natale, dans des conditions de vie très difficiles, souvent proches de la misère. Et, en toile de fond la carrière d'Aristide Briand, cet inconnu si lointain et maudit puis si proche et vénéré. Pierre apprend la vie, la condition ouvrière, les premières grèves dans un environnement familial violent et passe de la détestation rancunière à l'admiration nostalgique pour Aristide.
« Le Maître est là sur le pas de la porte. Le Maître en chair et en os. Tout sourit en lui : visage, corps et esprit. Un sourire délesté du superflu, franc, essentiel, un sourire qui révèle tout ce que la personne a de meilleur en elle. Cette joie-là n'est pas le contraire de la gifle ; elle constitue l'autre versant d'un même état : sourire et gifle sont l'expression de l'Amour. Sur le seuil, il te prend dans ses bras. L'étreinte de la séparation qui se dispense de l'affliction. Tu t'abandonnes à l'intense moment et l'accolade distille en toi l'énergie du départ. » Suite à une obsession amoureuse, un jeune homme se retrouve dans une institution psychiatrique. Il y rencontre un être charismatique qui se fait appeler Maître. Ce dernier parvient à l'extraire de sa souffrance mais, en le quittant, il replonge à chaque fois dans sa psychose. Lors d'un énième entretien, le Maître le gifle. Le choc est tel qu'il semble enfin guéri. Il sort de l'institution et part en pèlerinage... Fort d'une écriture maîtrisée, Rémi Madar nous livre ici une fable à la fois troublante et déroutante sur le thème du chemin initiatique que suit un personnage. Sur cette voie, le lecteur découvrira des enseignements spirituels inspirés, inspirants et porteurs d'un message humaniste.
« À force de contorsions, le pagne prenant de plus en plus de gîte, il s'en débarrassa, émergeant dans la plus totale nudité. Il s'était, en final, immobilisé face à moi, tendu comme un arc, ses mains s'étaient envolées comme deux papillons me caressant les joues en feu, puis en coupe derrière mon crâne, il attirait ma tête vers son sexe conquérant. - Ton djinn peut se transformer en houri pour les besoins de la cause et pour le plus grand plaisir du maître... Je n'osais pas bouger, de peur de rompre le charme de ce moment exceptionnel, mes mains, prises d'une vie propre, accrochèrent ses cuisses et ne purent se contenter d'étreindre son épiderme, elles l'attirèrent vers moi. - Viens ! Il s'abattit en travers de mes cuisses, sexe bandé offert, guettant mes réactions à venir, il était pantelant, hors d'haleine. Des effluves parfumés émanaient de son corps fébrile. Empêtré dans ma djellaba, je me relevai, fis voler le drap qui atterrit sur le pouf, je le pris à bras-le-corps et l'amenai à mon lit. » De la Rome antique à nos jours, Jeep Dupuis poursuit son voyage au coeur des fantasmes masculins les plus débridés. Sans fausse pudeur, tour à tour brûlant et choquant, tendre et cru, jouant avec les genres, ce troisième volet est à réserver à un public averti.
« - Vous reviendrez dimanche, n'est-ce pas, Mathilde ? fit Annette quand ils l'eurent rejointe. Je ferai des toasts que nous pourrons déguster au lit tous les trois, ce sera plus pratique, qu'en dites-vous ? Et puis Antoine nous prendra en levrette toutes les deux, l'une l'autre, côte à côte ! Ce sera très excitant ! Vous savez que c'est l'un de ses grands fantasmes, de prendre deux femmes en même temps ? J'inviterai mon amant. Nous nous amuserons bien tous les quatre ! » Geo Valannge poursuit sa quête infinie du plaisir dans le second tome de ces aventures pornographiques au cours desquelles le lecteur retrouve les personnages du volume précédent. Sans fausse pudeur et avec une grande liberté de ton, il met en scène des situations plus extravagantes les unes que les autres. Durant les années soixante, les deux professeurs de lycée Rosanna et Annette explorent toutes les possibilités de leur sexualité. Leurs jeux érotiques et expérimentations sensorielles les conduisent sur la voie de l'épanouissement. Malgré le regard souvent malveillant d'une société encore réactionnaire et pudibonde dont elles subissent les préjugés, l'amour demeure le plus fort.
« Pauline gardait ses pensées et regardait défiler des hommes si fragiles, si diminués et si faibles. Elle radiographiait mécaniquement avec l'angoisse de voir surgir sur un brancard un Joseph estropié ou inconscient. Le médecin-chef de l'hôpital de campagne où elle exerçait avait bien vu que le visage de Pauline avait changé, la maigreur apparaissait sur ses traits, la nourriture quelle absorbait journellement était bien insuffisante. » La Première Guerre mondiale rend possible la vibrante histoire d'amour unissant Joseph et Pauline. D'un côté comme de l'autre des tranchées, le soldat et l'infirmière survivent séparément, mais nourrissent le vif espoir de se retrouver. Emprisonné par l'ennemi, le courageux poilu est loin de se douter que sa prétendante va être contrainte de se marier à un autre que lui... Gilles Duluc, richement documenté, redonne vie à tout une époque qu'il connaît jusque dans ses moindres détails. Sa fiction basée sur des faits historiques restitue avec véracité un éprouvant quotidien rythmé par l'horreur des combats. Les descriptions plus vraies que nature laisseront sans doute un souvenir impérissable aux lecteurs.
« C'est cette passion des vieux manuscrits qui l'encouragea, longtemps après nos premières rencontres, à m'avouer qu'il possédait dans ses archives personnelles un document étonnant faisant état de la perte d'un convoi d'or parti en 1710 de la ville d'Ouro Preto, qui s'appelait à l'époque Vila Rica de Ouro Preto, (riche ville de l'or noir) vers le port de Paraty au Brésil. Ce document, en partie constitué d'une vague carte, décrivait précisément le nombre de mules chargées de sacs de cuir ainsi que le nombre de guides et de gardes de l'escorte. Treize mules, deux guides indiens Guianas et six gardes armés dont l'auteur du fameux document qui ne mentionnait pas son nom ! Le tracé du chemin entre ces deux cités s'interrompait quasi au milieu du parcours dans la forêt primaire dénommée Mata Atlântica par les Portugais et les Brésiliens. Le rédacteur de ce parchemin se déclarait le seul survivant de cette équipée. » Un butin disparu en 1710 en pleine jungle tropicale, une carte au trésor... Il n'en faut pas plus pour que deux amis passionnés d'histoire, un Français et un marquis portugais, décident de se lancer dans une folle aventure. Avec l'appui des Départements d'histoire et d'archéologie et de l'École des mines au sein d'une coopération universitaire entre le Portugal et le Brésil, ils forment une équipe pour débuter les recherches au coeur de la forêt vierge... Avec Ouro Preto, c'est un rêve d'enfant que nous fait vivre André Delbart, porté par un réalisme quasi documentaire. De quoi réveiller l'instinct de chasseur de trésor qui sommeille en chacun de nous !
« L'heure est passée, Edwige ne devrait plus tarder. De ma fenêtre je guette les allées et venues des passants dans ma rue. La moindre présence féminine dans le lointain attire mon attention, mon coeur bat plus fort, à chaque fois je suis déçu... ce n'est jamais elle. Le ciel, comme pour accentuer mon impatience, devient sombre, la pluie tombe à verse. Mais nom d'une pipe en bois, que fait-elle ? Une heure de retard, je commence sérieusement à m'inquiéter... et cette pluie agaçante qui frappe sur la vitre... Comme un fauve dans une cage je tourne en rond dans ma chambre, j'essaie de garder mon calme. » Récit utopique et de formation, roman d'anticipation, élans philosophiques et passages relevant presque du plaidoyer... Les genres littéraires s'entrelacent au coeur de ce texte avec lequel E. Billet décrit, à travers la figure d'Antonus, ces étapes nécessaires qui nous font grandir. Peines et émois, prises de conscience et doutes, quête identitaire et volonté de laisser son empreinte alternent ainsi pour construire, de page en page, un portrait de jeune homme touchant.