Sens Et Tonka
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Quelle proximité peut-on repérer entre livre et architecture ? Il est proposé un chemin sinueux, un recueil d'indices pour tenter d'établir une conjonction. Parole est donnée à des architectes, à ceux et celles qui écrivent des livres. Sont examinées les traces, les expériences, la connaissance issues de cette possible proximité susceptible d'apporter à chacun et à chacune étonnement, ébranlement, estrangement.
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Cet Abécédaire est le prolongement d' une conversation de l'auteur avec le philosophe Gilles A. Tiberghien.
Autonomie - Brassage planétaire - Continent théorique - Désobéissance - Étonnement - Faire avec - Génie naturel - Herbe - Initiative - Jardin - Kangourou - Lisière - Mouvement - Nuage - Optimisme - Patience - Q.I. - Résistance - Silence - Troc - Utopie - Variable - Wikipédier - X - Ying-yang - Zizanie
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" Pour qui veut bien regarder, tout fait art. La nature, la ville, l'homme, le paysage, l'air du temps, ce qu'on appelle humeur et sur toute chose enfin, la lumière.
Par ailleurs, chacun connaît l'art des artistes, celui qui porte signature. Peintres, sculpteurs, musiciens, écrivains, cinéastes, danseurs etc. sont convoqués sur la question de l'art à propos de laquelle, on le sait, il y a toujours beaucoup à dire.
Il existe cependant une plage indéfinie où se croisent le champ brut de la nature - les circonstances - et le territoire authentifié de l'homme.
Ce terrain de rencontre produit des figures à la fois éloignées et proches de l'art suivant les définitions que l'on en donne. Pour ma part je considère comme art involontaire le résultat heureux d'une combinaison imprévue de situations ou d'objets organisés entre eux selon des règles d'harmonie dictées par le hasard. " De la confrontation de la nature et de celle de l'homme se dégage une synergie qui crée accidentellement des tableaux souvent d'une terrible beauté. Gilles Clément a, au long de ses voyages, décelé dans ces signes du croisement la présence d'un art involontaire.
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Agonie du monologue dans la société française : la crise du téléphone
Yves Stourdzé
- Sens Et Tonka
- Yves Stourdze
- 12 Janvier 2024
- 9782845343085
Le souhait d'Yves Stourdzé était d'explorer l'introduction des nouvelles dans la société française. Il s'y consacra, dans les années soixante-dix, quatre-vingt, convaincu que les formes et détours du pouvoir devaient s'y révéler en modelant ces nouvelles inventions. C'est ce qu'il avait nommé généalogie. À ce moment, la grande crise du retard français en matière de téléphonie l'incita à mettre à jour le télégraphe, à fouiller plus profondément ce qui s'était fomenté lors de son invention. Il put alors découvrir, qu'après la poste présente depuis le Moyen Âge, le modèle du pouvoir en plus se devrait alors de maîtriser ces techniques et en garder le contrôle.
Il nous a semblé nécessaire de faire connaître le travail concernant le téléphone qui éclaire enfin la crise des années soixante-dix et permettra à la société française d'être présente dans le nouvel «ordre» du monde. Il complète "Scopie du pouvoir dans la société française. Le cas du télégraphe optique", paru en 2021 aux éditions Sens&Tonka. -
Pour reprendre la fameuse formule d'Anacharsis Cloots, «Ni Marat, Ni Roland», la ligne directrice de cet essai sera : «Ni Soboul, Ni Furet». Le pari est fait que le temps est venu de proposer une lecture qui se tienne à l'écart des idéologies qui ont cours, soit l'identification du jacobinisme à une préfiguration du léninisme, soit la glorification de Thermidor. Autrement féconde nous apparaît l'approche de R. Bodei qui, dans La Géométrie des Passions, en confrontant le projet jacobin à Spinoza dévoile une nouvelle constellation dans laquelle le recours à la crainte et à l'espoir, loin de viser à l'asservissement du peuple travaille à sa libération. Aussi cet ouvrage aura-t-il pour ambition de «s'expliquer avec Saint-Just» en faisant de la question politique le lieu critique par excellence ?
L'ouvrage comprend deux volets : l'un consacré à la philosophie politique de Saint-Just, l'autre à l'héroïsme et à sa prégnance dans l'agir révolutionnaire.
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Ce dernier livre prévu par l'auteur voyant son état de santé décliné montre l'importance qu'Emmanuel Levinas avait prise dans la vie philosophique de Miguel Abensour. Le sommaire, constitué de textes «bruts» ou «sans ambages», montre parfaitement les multitudes d'angles que cette pensée inspirait à M. Abensour, il l'imaginait comme l'une des plus libres qui soient, y compris sur des questions aussi délicates qu'inextricables qui se posaient en son temps et se posent toujours dans le nôtre.
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Contre Lévi-Strauss : une philosophie du malencontre
Olivier Jacquemond
- Sens Et Tonka
- 11 Février 2022
- 9782845343030
Étreindre pour mieux trahir, n'est-ce pas le sens qu'il faut conférer au célèbre baiser de Judas? Ce geste est, nous semble-t-il, celui que commet le célèbre anthropologue structuraliste Claude Lévi-Strauss en 1950 lorsqu'il rend hommage à Marcel Mauss dans une introduction devenue un canon du genre, longtemps demeurée une porte d'entrée incontournable à Marcel Mauss, et particulièrement à son texte le plus connu et commenté, l'Essai sur le don, dont le contenu semble devoir s'éclairer grâce aux lumières lévi-straussiennes.
Est-ce le charme de ce texte précisément ou est-ce le propre de toutes les grandes oeuvres que d'offrir une expérience vivante de pensée? À notre sens, c'est vrai de tous les philosophes du malencontre (terme issu de Le Discours de la servitude volontaire, et érigé en concept par Pierre Clastres), ces auteurs inclassables qui font le pari de l'incertitude, qui prennent le risque de la pensée pour remonter le cours du temps et se poser la question matricielle formulée par Nietzsche dans La Généalogie de la Morale : «Quel(s) événement(s) se sont-ils produits pour que nous soyons devenus ce que nous sommes aujourd'hui?».
Claude Lévi-Strauss, avec toute son autorité, a, semble-t-il, préempté le texte, y posant ses scellés et fixant sa lecture pour plusieurs générations de lecteurs. Ce sera donc le regard médusant de Lévi-Strauss que nous chercherons ici à détourner comme Persée pour approcher le point aveugle et originaire dont l'oeuvre tire son exceptionnelle et irrésistible puissance.
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Utopiques Tome 1 ; le procès des maîtres rêveur
Miguel Abensour
- Sens Et Tonka
- 1 Octobre 2012
- 9782845342040
La légende noire, qui accompagne toutes les périodes de réaction et de désarroi, a fait de l'utopie l'antichambre du Goulag, voire des camps, et elle ne nous laisse rien espérer de l'avenir. Et pourtant, un simple coup d'oeil sur l'Histoire prouve le contraire : l'utopie est inséparable d'une pensée de l'émancipation qui a trouvé dans ce « splendide xixe siècle » (André Breton) son épanouissement.
Miguel Abensour évoque ici une de ces figures les plus fascinantes, celle du « génial Pierre Leroux» (Marx), qui fut sans doute l'inventeur du mot socialisme.
Cette édition s'enrichit d'un article de M. Abensour publié en 1991, «L'Affaire Schelling, une controverse entre Pierre Leroux et les jeunes hégéliens ». S'éclaire ainsi à la lumière de l'utopie alors encore brûlante les relations entre philosophes français et philosophes allemands, qui donnèrent naissance aux Annales francoallemandes.
La préface de Louis Janover montre comment utopie n'a jamais cessé d'entrer en résonance avec poésie, et de produire ce ton inouï que rien ne remplace à l'oreille.
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Utopiques II ; l'homme est un animal utopique
Miguel Abensour
- Sens Et Tonka
- 1 Avril 2013
- 9782845342156
L'homme est un animal utopique! Mais que signifie cette affirmation si elle est plus qu'un simple paradoxe, ou la tentative de s'approprier une formule célèbre pour en découvrir le sens ?
L'objet de ce livre, c'est précisément de montrer que le foisonnement de l'utopie à travers les âges représente rien moins que la volonté toujours renouvelée de donner à l'émancipation un nouveau visage. Alors que les uns s'emploient à dissocier l'utopie de la politique, les autres à tout rabattre sur la politique, l'idée centrale des différentes écoles utopistes, l'idée d'Association, dément ces simplifications : elle est en réalité une idée politique qui rejoint l'inspiration de la vraie démocratie. Chaque moment des luttes suscite une nouvelle sommation utopique qui inscrit au sein même de l'Histoire l'aspiration à un au-delà du présent.
Ainsi, l'utopie s'interroge sur les nouveaux moyens de réaliser l'idée d'émancipation et de dépasser ce qui se pose à chaque fois comme horizon indépassable.
Si bien que l'homme apparaît alors véritablement comme un animal utopique.
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La lumière et la boue ; le rouge et le noir à l'ombre de 1793
Miguel Abensour
- Sens Et Tonka
- Miguel Abensour
- 4 Octobre 2019
- 9782845342323
Je ne puis donner la réalité des faits, je n'en puis présenter que l'ombre.
Stendhal.
«Le Rouge et le Noir est une oeuvre énigmatique. Énigme plurielle. D'abord, il y a le titre.
Classiquement, en s'appuyant sur les propres déclarations de Stendhal, on l'interprète comme si le Rouge évoquait les carrières militaires et le Noir les carrières ecclésiastiques. Mais est-ce bien sûr ?
Méfions-nous des explications de Stendhal dont nous savons qu'il avait un goût prononcé pour la mystification.
En outre, il s'agit d'un roman écrit « à l'ombre de...» : certains protagonistes agissent et se déplacent sur une double scène, la scène contemporaine du roman, la France de la Restauration, et une autre scène située dans une époque passée qui a valeur d'exemple. Double scène donc, dans la mesure où les protagonistes trouvent la source de leur conduite dans l'identification à un modèle choisi dans le passé et dont ils s'efforcent d'imiter les hauts gestes et les grandes actions, en dépit de la résistance du temps présent. »
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Le littoral, la dernière frontière ; entretien avec Jean-Louis Violeau
Paul Virilio
- Sens Et Tonka
- 1 Novembre 2013
- 9782845342316
Inspiré par la vision des militaires, Paul Virilio constatait en 1980 que le but recherché par le pouvoir était désormais «moins l'envahissement des territoires, leur occupation, qu'une sorte de résumé du monde, obtenu par l'ubiquité, l'instantanéité de la présence militaire, un pur phénomène de vitesse ». En 2009, il prolongeait :
« depuis plusieurs années, l'extérieur l'emporte partout sur l'intérieur et l'histoire géophysique se retourne tel un gant ».
La situation n'offre aucune prise, la « fin de l'Histoire» masque avant tout une fin de la géographie et de son continuum. L'immédiateté exclut l'étendue. Monde fini, fin de la géographie... mais comment donc reconfigurer l'espace pour calmer les flux ? La passion contemporaine pour l'édification de murs témoigne de cette ambivalence jouant simultanément sur la fermeture et l'ouverture, entre un pouvoir de plus en plus virtuel et de grossières barrières physiques, barricades ou corridors. À l'heure du « village planétaire », pensez donc ! Mais le village n'a-t-il pas toujours été dominé par l'isolement et la surveillance ?
Avec la crise de l'espace réel se profile le risque de l'enfermement des hommes sur une planète désormais réduite à rien. D'où cette irrépressible pulsion littoraliste qui caractérise notre modernité depuis plus d'un siècle et ne fait désormais que s'accentuer.
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Utopiques Tome 4 ; l'histoire de l'utopie et le destin de sa critique
Miguel Abensour
- Sens Et Tonka
- 7 Mars 2016
- 9782845342620
Le texte de Miguel Abensour, écrit et publié au début des années 1970, correspond bien à l'esprit de l'époque qui ne redoutait pas de remettre en question ce qui, d'un avis général, ne faisait pas question. Désireux de penser l'utopie à nouveaux frais - ce qu'il n'a pas cessé de faire depuis - l'auteur de cet essai novateur isole un obstacle majeur à une nouvelle pensée de l'utopie, à savoir la critique marxiste de l'utopie au nom de la science. Il perçoit dans cette formation critique un énoncé dominant qui a pour fonction d'exclure tout énoncé en rupture. De là son travail qui, par un patient retour aux situations énonciatrices, vise à élaborer un autre modèle d'interprétation, un autre paradigme que celui issu de la critique marxiste classique de l'utopie. À suivre M. Abensour, la véritable matrice critique marxienne n'est pas le couple antinomique de l'utopie et de la science - ce qui est la position d'Auguste Comte le fondateur du positivisme - mais bien plutôt l'opposition découverte en 1843 entre la révolution partielle et la révolution totale. La « faiblesse » de l'utopie serait non pas son excès, mais son appartenance à la sphère de la révolution partielle. Si l'on ajoute à cela que Karl Marx pratique une inversion de la critique bourgeoise de l'utopie, il apparaît que l'auteur des Manuscrits de 1844 invite de façon décisive à distinguer entre les utopies qui ne sont que « l'ombre portée de la société présente » (Proudhon) et les utopies à beaucoup d'égards révolutionnaires qui sont « des expressions imaginatives d'un monde nouveau » (Fourier, Owen ).
S'opposant également à la thèse selon laquelle l'utopie s'éteindrait en 1848, M. Abensour s'emploie à discerner trois formes de l'utopie : le socialisme utopique, le néo-utopies et ce qu'il appelle le nouvel esprit utopique qui persiste après 1848 jusqu'à nos jours.
Dans la seconde partie, il s'agit - au-delà de la restitution des conditions d'énonciation - de dévoiler , en sachant mettre en lumière la traversée du mouvement jeune-hégélien de gauche, la trajectoire du geste marxien de sauvetage de l'utopie, à savoir la transformation de la question statique de la propriété privée en celle, historique, du rapport du travail aliéné à la marche du développement de l'humanité. Marx n'est donc pas le fossoyeur de l'utopie et ce d'autant moins qu'il a su effectuer une transcroissance de l'utopie au communisme critique. De cette démarche, il ressort qu'il existe un noyau insécable d'utopie dans l'oeuvre de Marx, qui est bien plus le penseur du communisme critique que celui d'un socialisme dit scientifique. Il ne faut pas se méprendre sur la critique marxienne de l'utopie ; loin d'être purement destructrice, elle est cathartique - salvatrice, c'est- à-dire que la critique de l'utopie ne saurait se dissocier de son sauvetage, mieux encore, la critique de l'utopie est la voie privilégiée qui mène à son sauvetage.
Nous assistons, contre toute attente, à un renouveau de l'utopie, ce qui donne à la pensée du nouvel esprit utopique de M. Abensour tout son sens et toute son actualité.
Comme l'écrit Adorno : « On ne jette pas le bébé avec l'eau du bain ».
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Les passages Blanqui Walter Benjamin entre mélancolie et révolution
Miguel Abensour
- Sens Et Tonka
- 1 Juin 2013
- 9782845342064
«Lorsque je rééditai, il y a quelques années déjà, en collaboration avec Valentin Pelosse, des textes de Blanqui devenus rares, Instructions pour une prise d'armes ; L'Éternité par les astres (Sens&Tonka, Paris, 2000), je tentai de lire et d'interpréter la geste révolutionnaire d'Auguste Blanqui en m'aidant de Walter Benjamin; nous eûmes ainsi recours à un « collage » de citations en regard du texte des Instructions pour une prise d'armes et nous décidâmes d'insérer dans cet ensemble les thèses de Benjamin, Sur le concept d'histoire.
Plutôt que d'une décision arbitraire, il s'agissait de la reconnaissance d'une dette. Benjamin, en effet, notamment dans le texte Paris capitale du XIXe siècle (1935) apparaissait comme un «phare » dont les rayons permettaient de discerner les arrière-fonds philosophiques, cosmogoniques de la radicalité révolutionnaire de Blanqui et donc d'extraire celui que son biographe Gustave Geffroy nommait « l'Enfermé », à l'approche traditionnelle, trop exclusivement politique.
C'est dans la direction inverse que j'aimerais maintenant avancer :
Non plus redécouvrir le visage de Blanqui grâce au regard attentif de Benjamin, mais percevoir ce qui dans l'oeuvre de Benjamin est en rapport avec la présence soudain insistante de Blanqui. Ou plutôt, il s'agirait de repérer, de rouvrir, de parcourir les «Passages » qui vont de Blanqui à Benjamin, de s'attacher aux mouvements et aux arrêts qu'y effectue Benjamin. Bref, les «Passages Blanqui », les Passages ouverts, percés par Blanqui dans l'oeuvre de Benjamin :
- Quels sont les objets que le choc de cette rencontre a révélés ?
- Quelle puissance d'éveil accorder à l'image de l'Enfermé ?
Quelles sont les pistes neuves, renouvelées ou entrecroisées sur lesquelles cette image a lancé Benjamin?
- Quels sont les enjeux qui se sont constitués, noués, quelles sont les affinités électives qui se sont instaurées transversalement dans l'heur de cette rencontre ? » (M. A.) Par ce texte nous poursuivons le travail éditorial que nous avons engagé avec le philosophe Miguel Abensour. Ce texte se situe, dans sa pensée, au carrefour de sa réflexion sur l'utopie (ou l'utopique), la servitude volontaire, la théorie du héros et la pensée de l'émancipation : Comment devient-on réellement libre ?
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Au fond de nos souvenirs dort Blanqui, exalté, allumé, tour à tour activiste, militaire, « alchimiste », « philosophe », dressant des barricades avec des mots et des mots comme des barricades. L'homme des proclamations, des éclats : « Pourquoi le drapeau de la révolution est-il rouge ? c'est qu'il fut trempé mille fois dans le sang du prolétariat ». Par ses actes, ses écarts, ses images, Blanqui devint un mythe. Celui que l'on nomma l'Enfermé est devenu l'effigie du révolté - en oubliant ce qu'il fut.
Ce bref texte sommeillait à la fin d'un volume que nous fîmes paraître en l'an 2000 (reprise d'une parution de feu les Éditions de la Tête de feuille, 1973) où se confrontaient les Instructions pour une prise d'armes, Je suis un de ces voyageurs, Contre le positivisme, mises en parallèle avec les propos de Charles Fourrier ainsi que de quelques autres (Geoffroy, entre autres) équilibristes de l'utopie, de l'écart... et de l'absolu, sans lequel nulle éternité ne s'offre; s'ensuivait donc, naturellement, L'Éternité par les astres et son dossier de presse. « Faire bleu », disaient les gueules noires. Ne pas «Oublier Blanqui» est le but poursuivi.
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Surréalisme et situationnistes au rendez-vous des avant-gardes
Louis Janover
- Sens Et Tonka
- 1 Novembre 2013
- 9782845342279
La chronologie n'assigne pas seulement aux avant-gardes leur place dans l'Histoire ; elle les classe d'emblée par ordre d'importance. Il en est de même pour leurs substituts contemporains.
L'Internationale situationniste succède au surréalisme et le mouvement de Debord hérite d'une partie du mouvement de Breton et se déleste de l'autre pour repartir de l'avant. Mais vers quoi ?
La Révolution surréaliste n'avait nul besoin d'affirmer l'unité du « changer la vie » et du « transformer le monde » puisqu'elle en était l'expression. Le surréalisme artistique introduit la division au profit d'un « changer la vie » qui finit par se confondre avec les changements dans l'art. Avec les situationnistes, la volonté d'unité est dépassée par le recours au « tout subversif », à la révolte considérée comme le dernier des Beaux-Arts.
C'est cette part irréductible de la Révolution surréaliste, l'exigence d'une utopie critique et poétique, occultée par les situationnistes, par les héritiers et les historiographes qui est mise ici en lumière et se retrouve alors devant nous : à travers cette promesse d'avenir perce une voix qui entre en résonance avec les questions de notre temps, au rendez-vous des amis, alors que l'Internationale situationniste, qui a dépassé tous les temps, se trouve reléguée loin derrière, au rendez-vous des avant-gardes.
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Penser contre ; quatre essais sur la philosophie critique de Miguel Abensour
Patrice Vermeren
- Sens Et Tonka
- Miguel Abensour
- 18 Octobre 2019
- 9782845342880
Selon Patrice Vermeren, Horacio Gonzalez a conceptualisé le geste d'auteur et d'éditeur de Miguel Abensour comme un « processus de libération des textes ». Il s'agit moins pour lui, dit H. Gonzalez, de théoriser sur l'utopie que de l'invoquer avec des textes propitiatoires afin de discerner ses mécanismes et son fonctionnement. Il s'agit de lire Abensour lisant ou éditant des textes oubliés ou retrouvant le fil conceptuel perdu d'autres textes, non pas en tant qu'il en proposerait une interprétation nouvelle qui donnerait matière à légitimer le dispositif spéculatif de son propre système philosophique qu'il chercherait à nous imposer, mais en ceci qu' il nous incite à penser par nous-mêmes avec lui. Soit la dimension d'une nouvelle exigence de la pensée, qui déplace la question de son rapport au politique.
« Abensour était un homme de l'égalité, un homme du conflit pour mieux établir un lien d'égalité. Dans n'importe quel entretien qu'il vous accordait, il s'arrangeait toujours pour rétablir l'égalité, vous poser une question , vous dire qu'il ne connaissait pas telle référence à laquelle vous aviez fait allusion, tandis que c'est vous qui étiez demandeur de ses références et de ses réflexions. Il récusait le paradigme de l'ordre pour celui du lien, tant dans les rencontres individuelles que dans la communauté politique. C'était son côté spinoziste : plutôt qu'un pouvoir sur les hommes, valoriser un pouvoir entre les hommes et avec les hommes, parce qu'il augmente la puissance d'agir. « Qu'est-ce qu'une bonne rencontre, à l'opposé du malencontre, sinon l'événement heureux où se forme entre les hommes un nouveau lien, un nouveau tissu relationnel tel que ce tissu augmente aussitôt la puissance collective d'agir, la puissance d'agir de concert ? ».
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Pseudo-croncretude de la philosophie
Anders/Anders
- Sens Et Tonka
- 10 / Vingt
- 5 Avril 2003
- 9782845340480
En France, Heidegger passe pour "le plus grand philosophe du XXe siècle".
Sectateurs et coryphées sont innombrables, et les rares voix discordantes sont vite réduites au silence. Or, le système de Heidegger est non seulement très pauvre (a-t-on vraiment entendu ce que le philosophe dit de l'homme, de l'histoire et du temps ?), mais encore il est en profonde sympathie avec la barbarie nazie. Qu'importe ! Quand le roi Heidegger passe dans la rue, la foule se prosterne. Soudain, au milieu de ce silence religieux, Günther Anders s'écrie : " Le roi est nu ! "
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Les 3 secrets t.2 ; en hommage a guy debord
Olivier Jacquemond
- Sens Et Tonka
- Calepin
- 2 Mai 2005
- 9782845341210
«L'auteur poursuit la connaissance du secret débuté par d'autres, il y a bien longtemps, pour finir, il y a peu, par le verdict de J. Baudrillard, le secret comme inconnaissable, objet qui s'autodétruit dès sa révélation, ainsi le secret n'est jamais un caché, de plus O. J. s'inclut dans l'analyse, objet secret de sa recherche du secret, ainsi il écrit : Edgar Allan Poe est, dans notre enquête sur le secret [cet ouvrage porte un numéro [1] qui laisse entendre qu'il y aura d'autres publications d'O.J.
Sur ce sujet], c'est le cas aujourd'hui avec cet hommage à Debord.
Le grand mérite de ce deuxième Secret est non de prendre la forteresse Debord de front, comme la plupart des laudateurs, ni de le replonger dans ce qu'il a dit l'avoir fabriquer, mais de le découvrir en postulant un secret, celui que j'appellerai (avec Debord), l'époque, ainsi considèret- il les hypothèses d'H. Arendt, puis les positions debortiennes dans les mouvances de la traversée de l'histoire, que nous pourrions presque dire les Histoires (avec un grand H), pour finir sur le non reconnu chez Debord et pourtant présent : l'Utopie. On sent chez lui l'influence d'un des grands penseurs français actuel, Miguel Abensour, ce qui permet à Olivier Jacquemond de relire l'époque que nous venons justement de vivre. HT
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De la compacité ; architectures et régimes totalitaires ; le cas Albert Speer
Miguel Abensour
- Sens Et Tonka
- 10 / Vingt
- 26 Décembre 2006
- 9782845341067
Cet essai, initialement paru en nos éditions en 1997 et que nous rééditons aujourd'hui, explore une relation entre certaines formes d'architecture et les expériences totalitaires du siècle dernier. En s'appuyant sur l'emblématique totalitarisme nazi incarné par deux hommes, Hitler et Speer, Miguel Abensour sonde les profondeurs, les connivences, les avatars des dirigeants dans l'oeuvre de domination. L'auteur laisse en filigranes d'autres totalitarismes aux résolutions esthétiques semblables.
Par un regard attentif sur le passé, M. Abensour pointe en réalité, cruellement, notre présent.
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« Le sommeil de la raison engendre des monstres », nous dit Goya, et il nous montre le dormeur prisonnier de ses cauchemars. Rien de comparable pourtant au sommeil de la mémoire qui permet à des monstres autrement dangereux de hanter notre histoire en se coulant dans des formes familières. Ces figures de l'oppression du passé, héritières des régimes totalitaires, n'hésitent pas à détourner la mémoire de ceux qui se sont opposés à leur entreprise, à se parer de leur nom, à contrefaire les rôles pour abuser le regard et les esprits.
Mais c'est surtout la révolution qui, dans le monde contemporain, apparaît comme la négation radicale de ce qu'elle a représenté pour les exploités et les penseurs quand ils luttaient pour réaliser une société d'où les rapports de domination et de servitude auraient été bannis. Si bien que rendre au mot son véritable sens, faire en sorte que l'expression corresponde à la chose, que le souvenir réponde à la réalité des promesses, voilà qui serait rien moins qu'une. révolution : les moyens enfin conformes à la fin poursuivie, l'histoire elle-même pourrait être écrite d'une plume qui ne connaîtrait plus de ratures de cet ordre. À l'envers donc de ce qu'il en est aujourd'hui.
Comment sortir de la confusion et dissiper le cauchemar ? Il nous faut entendre les voix de Marx ou de Rosa Luxemburg, de Breton ou d'Artaud pour comprendre la vérité des mots et des noms, pour percer ce « mystère d'iniquité » qui consiste à changer chaque parole de l'émancipation en son contraire.
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Le cas trawny ; à propos des "cahiers noirs" de Heidegger
Michèle Cohen-Halimi, Francis Cohen
- Sens Et Tonka
- 7 Septembre 2015
- 9782845342507
Heidegger est-il nazi ? Une question qui a remué et ému le Landerneau philosophique français durant l'automne 2014.
Les heideggériens-sachant et les heideggériens-ne-sachant-pas sont-ils, en adhérant aux théories du philosophe de Fribourg, nazis ou, par cette adhésion, colportent-ils, en porteurs sains, les mythes menant les gens à adopter les thèses nazies ?
Dans le même temps paraissait un ouvrage, La Loi du sang (J. Chapoutot), sur les faits et gestes des Allemands où il est démontré que le nazisme s'instille dans les esprits par des toutpetits- riens, des petits faits et gestes...
Le doute s'installa, fallait-il renier des années de travail, de révérence, et devenir rien ? Un pan de la philosophie française disparaissant en cas de démonstration positive - la Vérité (laquelle ?) étant la tâche de la philosophie.
Vint un Zorro philosophique, le responsable de la publication des « Cahiers noirs », source de l'opprobre (Journal de pensée - volumes publiés, pour l'heure en Allemagne, à l'automne 2015, Gallimard), qui, dans le cadre de son travail pour la publication des oeuvres intégrales telles que Martin Heidegger l'a décidé, découvre des propos propres à révulser et le vulgum pecus et le bon philosophe. La révélation risque de faire capoter la pensée de l'homme des forêts, alors M. Peter Trawny se livre à une opération (usant du dispositif de la « lettre volée »), il obère le sentimental qui se manifestera immanquablement dans l'humain trop humain de l'Homme et transforme l'antisémitisme humain en antisémitisme théorique, métamorphosant le « salaud » en penseur, la notion de responsabilité concrète mutée en idéologie, propulsant en concept l'acte historique. Dans l'abstraction du concept les coupables n'existent pas, donc plus de victimes, donc la Shoah n'est plus qu'une victimisation. Rien de réel ne concerne l'antisémitisme « historial » (mode abstrait de l'histoire où l'on se débarrasse des contingences) du philosophe Heidegger là où l'homme Heidegger réel était un antisémite avéré - se prolongeant dans les proclamations actuelles de sa progéniture qui reprend l'argument trawnien.
Ouf ! la philosophie, par cette coupure épistémologique, est sauvée.
Nos auteurs débusquent la supercherie philosophique du véridisme heideggérien. Günther Anders dénonça la pseudo-concrétude de Heidegger, « concrétude » aujourd'hui relookée, par Peter Trawny, en vérité historiale-Heidegger dressée en étendard contre la réalité de l'homme Martin H.
Ainsi, Peter Trawny a connu l'instant warholien par ce tour de prestidigitateur digne d'une vedette du show-biz, pour sauver le Grand et Unique marché français heideggérien. Dormons tranquilles, le courtier de la famille Heidegger veille sur tout et sur la Philosophie en particulier.
À voir, donc !
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Jean Baudrillard Tome 2 : pataphysicien
Francois Seguret
- Sens Et Tonka
- Jean Baudrillard
- 5 Novembre 2013
- 9782845342149
Dans ce texte prononcé lors de la manifestation « Baudrillard is back », à Reims, en 2009, François Séguret dévoile un secret jusqu'alors bien gardé : Jean Baudrillard, pataphysicien.
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Le Chat de faïence au lieu d'être en chair est le premier texte de Jean Baudrillard.
Il s'agit d'un poème daté de 1949, l'auteur avait alors vingt ans.