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Felin
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Entre Dieu et Darwin ; le concept manquant
Francis Kaplan
- Felin
- Le Felin Poche
- 17 Septembre 2009
- 9782866457044
Qu'est-ce que la vie ? Ce problème s'est posé à l'homme depuis des millénaires, et malgré les immenses progrès de la biologie, le statut du vivant reste, quoiqu'on en pense, toujours aussi incertain : les tentatives de réduction de l'organique au physico-chimique laissent toujours un résidu inexplicable, tandis que les définitions de la spécificité du vivant hésitent entre la tautologie et l'irrationnel. Francis Kaplan prend ces problèmes à bras le corps et fournit une introduction philosophique sans équivalent aux avatars du concept de vie depuis l'Antiquité grecque jusqu'aux controverses actuelles sur le hasard et la nécessité, l'émergence de la vie et les rapports entre conscience et matière. Il montre que ni la finalité théologique ni la réduction de la vie à la matière, ni les théories vitalistes n'apportent une réponse satisfaisante à l'énigme de la finalité biologique, qu'il n'y a pas de concept adéquat et que cette finalité relève en fait d'un bricolage intellectuel. Entre le danger d'une dérive théologique et le carcan de la stricte orthodoxie darwinienne, il y a donc une place pour l'explication de la vie par un concept bricolé qui rende mieux compte du. travail effectif des biologistes.
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Au coeur de la Renaissance européenne, l'humaniste Erasme apparaît comme un pédagogue engagé dans l'action. C. Ossola esquisse le portrait d'un défenseur de la tolérance et de la liberté, qui a permis de repenser les lettres et le christianisme.
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Schelling ; l'avenir de la raison ; rationalisme et empirisme dans sa dernière philosophie
Alexandra Roux
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 24 Mars 2016
- 9782866458416
Au tournant des années 1820-1830, Schelling découvre au sein de la philosophie deux grandes tendances à l'oeuvre : une tendance "négative" à rendre intelligible le réel en fonction de la nécessité des lois de la pensée, une tendance "positive" à y voir au contraire le fait d'un acte libre. Scrutant cette différence, il finit par montrer qu'elle implique de scinder la philosophie même en une philosophie qui fait intervenir uniquement la raison et une philosophie où la raison se laisse instruire par l'expérience.
Le présent livre propose une interprétation nouvelle de ce moment crucial mais méconnu de la pensée moderne où Schelling accomplit, tout en le dépassant, l'idéalisme allemand. On y montre qu'il suspend l'avenir de la raison à un dédoublement de la philosophie qui implique de confier la réalisation des deux philosophies à un rationalisme et à un empirisme totalement inédits. Dans le rationalisme, la raison opère seule jusqu'à produire l'idée d'un principe absolu libre de poser le monde ; dans l'empirisme, elle prouve l'existence du principe par ses oeuvres effectives que sont successivement les faits de la nature et ceux de la conscience comme conscience religieuse.
Ainsi, loin de produire le désespoir de la raison, Schelling montre au contraire que la raison se donne à elle-même un avenir en se différenciant.
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Entretiens avec Georges Steiner
Ramin Jahanbegloo
- Felin
- Le Felin Poche
- 17 Septembre 2009
- 9782866457068
George Steiner, écrivain et philosophe, professeur à Genève et Cambridge est l'auteur d'une oeuvre considérable qui tourne autour du langage, de son sens et de ses conséquences morales et religieuses. De Tolstoï ou Dostoïevski jusqu'au Réelles Présences, en passant par Langage et Silence et Les Antigones, Steiner, au moyen d'un style très clair et vigoureux où l'érudition n'est jamais inutile, analyse les menace qui pèsent sur le langage, sur la position du poète face à la barbarie, sur la survie d'un sens lié à la culture occidentale. Dans ces entretiens avec Ramin Jahanbegloo, George Steiner nous dessine, pour la première fois, les moments charnières de son itinéraire. Il y dégage les lignes de force de sa pensée à l'écart de toutes les modes et de toutes les tendances et pourtant toujours attentive à ce qu'il y a de plus contemporain. George Steiner s'affirme ainsi encore une fois, à travers ce face-à-face, comme un " survivant " et un " maître à lire ".
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Indovelse i Christendom [Exercice en christianisme] paraît en 1850.
Publié sous le nom d'Anti-Climacus, c'est le dernier grand livre pseudonyme de Kierkegaard et peut-être le moins lu. Rassemblant trois grandes méditations sur la Parole, il constitue pourtant, à de nombreux points de vue, l'achèvement d'une production particulièrement abondante, extraordinairement diversifiée et déroutante. Achèvement, d'abord, d'une longue réflexion sur le " devenir chrétien " qui trouve ici son expression la plus intransigeante, la plus acérée, parfois la plus violente : écrit par un pseudonyme " supérieur ", c'est-à-dire supérieur à Kierkegaard lui-même, " chrétien au plus haut degré " ou représentant de l'idéalité du christianisme, ce livre n'est pourtant rien de théologique et si l'on voulait y voir par ailleurs une apologie du christianisme, c'en serait une forme bien particulière, luttant contre toute défense émolliente qui en affaiblirait la difficulté, stigmatisant la trahison par la religion instituée du scandale essentiel qu'il représente pour l'esprit.
Renvoyant brutalement le croyant au Modèle paradoxal et souffrant et à ta solitude vertigineuse de la décision de croire. Mais c'est aussi l'achèvement d'une philosophie qui s'est inlassablement employée à faire ressurgir le fait, la structure et la tâche de la subjectivité existante contre toute tentative de dilution ou de dépassement dans le " Système ", produisant à vif des catégories, découvrant des structures (contradiction, situation, compréhension, contemporanéité) et une théorie de la vérité qui marquera le XXe siècle.
Enfin, ce livre constitue, et notamment par le dernier état d'une réflexion continue sur la communication, une forme de point final à une stratégie d'écriture philosophique totalement inédite, qui a vu s'entrelacer écriture pseudonyme et écriture autonyme et se bâtir une pratique discursive à la fois multiple et cohérente, bousculant les frontières entre philosophie, littérature et langage religieux, que réclamait un " objet ", le fait d'exister, irréductible au Concept et au discours philosophique traditionnel.
Par le truchement d'Anti-Climacus et de son rapport à tous les auteurs qui se rassemblent sous le nom de Kierkegaard, le philosophe trouvait, définitivement, sa voix
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Confucius ou la science des princes
Confucius
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 10 Septembre 2015
- 9782866458294
Le texte dont nous présentons ici la première publication française est un trésor de la bibliothèque de l'Arsenal. Existant sous la forme de deux manuscrits copies conformes, datant de 1687, il est surtout la première traduction en français d'un ensemble considérable de textes dits de Confucius. Pour autant son auteur, François Bernier (1620-1688), élève de Pierre Gassendi et illustre en son temps pour avoir passé plus d'une décennie chez le grand Moghol et en avoir rapporté un ouvrage qui a fait sensation, ne l'a pas établie à partir du chinois, mais de la première traduction latine parue la même année grâce aux bons soins de Louis T, réalisée par les pères jésuites installés en Chine depuis environ un siècle, et très acculturés.
Cette double transposition en fait un texte unique, dans la mesure où les jésuites avaient réalisé leur traduction à la fois pour faire connaître la pensée chinoise aux missionnaires, mais aussi pour justifier en Occident leur stratégie d'évangélisation, gravement contestée par d'autres ordres et bientôt condamnée par Rome, mettant un terme à ce qui est entré dans l'histoire sous le nom de Querelle des rites.
Or Bernier fait partie des philosophes qui, après La Mothe le Vayer, s'emploie à passer au crible les idées religieuses, politiques et morales traditionnelles et qui découvre dans la morale de Confucius les preuves de la "vertu des païens", sans l'éclairage de la révélation, et des éléments d'une science sociale sécularisée, qui se passe donc de la religion et de la théologie, ainsi que dans la Chine un système qui ne recourt à aucune théologie politique.
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Enfin disponible en livre de poche, cette nouvelle édition de La Démocratie contre l'État revue et augmentée par une préface inédite et un texte final : " Principe d'anarchie et démocratie sauvage ". Son propos est au centre du débat politique contemporain et remonte bel et bien à l'origine de 1789 : la démocratie est-elle entièrement incluse dans l'État, ou bien serait-elle, dans son essence même, en opposition avec lui ? Tradition jacobine, avec renforcement de l'État, ou tradition conseilliste brisant le pouvoir pour lui substituer une nouvelle forme de lien politique ?
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Arsène Lupin, gentilhomme-philosopheur
André Comte-Sponville, François George
- Felin
- 4 Décembre 1996
- 9782866452414
Arsène Lupin...
Il y a dix ans, José Lupin, souffla à son élève François George quelques confidences qui balayèrent les derniers doutes sur l'existence de son père spirituel... Un destin hors du commun dont Maurice Leblanc s'était fait l'historiographe scrupuleux devait être non pas sauvé de l'oubli --la gloire posthume lui était acquise -, mais révélé par-delà les apparences trompeuses : Arsène Lupin non seulement avait existé, mais sa mémoire devait être défendue et sa vision du monde exposée.
Aussitôt lancée, la machine, comme l'a dit Julien Gracq, s'éleva au sublime, si bien qu'il revint à André Comte-Sponville de suivre le plus génialement évasif des monte-en-l'air sur des hauteurs jusque-là fréquentées par le seul Emmanuel Kant. C'est à l'aune de ces sommets, en ce solennel anniversaire, qu'il convient de mesurer les remous qui agitèrent par la suite l'AAAL, l'Association des amis d'Arsène Lupin, et qui entraînèrent le remplacement, à sa présidence, d'un misanthrope par un mammifère, de François George par Jean Rumain...
Ce qui n'est pas une autre histoire - à l'humour certain - dont cet ouvrage révèle les actes décisifs. Arsène Lupin a existé : en voici les preuves...
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Le corps redressé, c'est celui que la politesse et la bienséance ont longtemps tenté de dessiner, c'est celui aussi qu'indiquent les prescriptions des hygiènes et des gymnastiques, c'est celui enfin auquel ne manquent pas de faire référence de multiples approches contemporaines des pédagogies corporelles.
Des cambrures corsetées et théâtralisées, des postures classiques au relâchement contrôlé et théorisé des praticiens contemporains, en passant par les poitrines saillantes des pédagogues du xix e siècle, l'investigation historique dévoile une lente dérive des tactiques pédagogiques, ainsi qu'une lente maturation de leurs pouvoirs.
Le corps, dont le redressement s'obtenait, il y a encore trois siècles, par de véritables techniques de manipulations physiques ou des pressions spectaculaires, est de plus en plus soumis à des normes « mieux » intériorisées et affinées. Mais dans un tel processus la subtilité n'est pas toujours sans se mêler à quelque perversité, l'accroissement d'émancipation à un accroissement de contrainte, fût-elle plus indirecte. Les techniques bruyamment libératrices d'aujourd'hui et dénonciatrices des « rigidités » redresseuses les plus variées ne sont-elles pas à leur tour bien loin, pour le moins, d'être dénuées de toute ambiguïté ?
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Le paradoxe de la pensée ; les exigences contradictoires de la pensée philosophique
Vincent Citot
- Felin
- Le Felin Poche
- 3 Février 2011
- 9782866457457
Penser n'est pas associer des idées ou vagabonder par l'esprit.
C'est un effort. Notre nature nous porterait plutôt vers la croyance, le conformisme et l'obéissance. " Penser, c'est dire non ", remarquait Alain : non aux apparences, non aux dogmes, non aux autorités. Telle est la première exigence de la pensée : la vigilance critique. Il s'agit de cesser de croire, au moyen d'un scepticisme bien compris. L'esprit critique est le marteau avec lequel la philosophie casse toutes les idoles.
Mais jusqu'où aller dans ce travail de sape ? Après avoir déboulonné Dieu, l'Âme et la Raison, l'intelligence réductionniste doit-elle encore s'en prendre au Sujet, à l'Homme et à la Liberté ? Ce serait prolonger la Modernité en modernisme. Le penseur affirmant l'impuissance de sa pensée ressemble à un enfant cassant son jouet. Pour penser, il faut parier dans les vertus de la pensée. Ce n'est plus de la croyance ou de l'idolâtrie, mais le principe d'une seconde exigence.
L'exigence méta-critique sauve le scepticisme du nihilisme : tout ne se vaut pas. Penser, c'est aussi juger, hiérarchiser et gouverner ses idées. On appelle scepticisme constructif l'association paradoxale de ces deux exigences, qui définit le cercle dans lequel se meut la philosophie. Chercher les conditions, les limites et les réquisits de la pensée, c'est aussi s'interroger sur la nature de la philosophie et sur la spécificité du problème philosophique.
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Les enfants d'Héraclite ; une brève histoire politique de la philosophie des Européens
Gérard Mairet
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 22 Avril 2016
- 9782866458409
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L'hypothèse du marrane ; le théâtre judéo-chrétien de la philosophie politique
Marc Goldschmit
- Felin
- 25 Avril 2014
- 9782866458089
Rendre manifeste ce qui a été occulté et effacé par la philosophie politique: comment et pourquoi la démocratie moderne est commandée, aujourd'hui comme hier, par le théâtre judéo-chrétien. Pour déjouer ce théâtre, et libérer une toute autre idée de la démocratie européenne, Marc Goldschmit a cherché une figure imaginaire et littéraire au coeur du théâtre judéo-chrétien, celle du marrane qui porte un secret et de nouvelles Lumières dans la nuit de la clandestinité où il vit.
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Incidence n.8 : figures de Moïse de la philosophie politique
Revue incidence
- Felin
- Incidence
- 18 Octobre 2012
- 9782866457860
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Babel ; architecture, philosophie et langage d'un délire
Petrosino S
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 18 Mars 2010
- 9782866457228
Longtemps tenue pour la punition d'une révolte orgueilleuse par un Dieu jaloux de l'ombre que pourrait lui faire la grandeur humaine, la légende de Babel est ici soigneusement relue dans une tout autre perspective : " Qu'est-ce que tout cela - la construction de la Tour, la confusion des langues et la dispersion des hommes - a à voir avec te sens de la création ? " À l'ambiguïté d'une entreprise humaine inévitablement guettée par ta perversion idolâtrique ne répond alors qu'une interruption renvoyant l'existence aux risques de sa responsabilité.
Partant de la littéralité même du récit, l'interprétation de Petrosino est particulièrement précieuse en raison du dialogue exigeant qu'elle tend à instaurer entre cette vieille légende et les modernes que nous sommes. Elle s'appuie aussi bien sur la tradition juive (Rachi, le Midrash, Scholem) que sur le meilleur de l'exégèse (von Rad, Beauchamp) ou de la théologie chrétienne (Balthasar, Gisel) ; mais elle sait également faire appel à l'histoire (Zumthor) ou à ta littérature (Kafka), sans oublier les apports de la psychanalyse (Lacan, Balmary) ou ceux de la grande pensée philosophique (Hegel et Heidegger, Levinas et Derrida).
Mouvement sans fin d'aller et de retour qui parvient à nous transmettre dans toute la force surprenante de son inquiétante actualité le cri d'alarme qu'il s'agit de faire résonner en nous et entre nous : prenons garde aux menaces mortifères qui se cachent derrière l'érection prétentieuse de nos tours !
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Max Weber ou la démocratie inachevée
Jean-marie Vincent
- Felin
- Le Temps Et Les Mots
- 13 Mars 1998
- 9782866453022
Max Weber est l'un des grands classiques de la sociologie. Mais les hommages en faveur de l'auteur de L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme ne lui rendent pas forcément justice. Sa pensée rugueuse et pleine d'arêtes est trop souvent aplanie et lissée. L'ouvrage de Jean-Marie Vincent, qui est un dialogue critique avec l'oeuvre wébérienne, entend lui restituer toute sa force et sa charge d'inquiétude. L'idéal scientifique de Weber, comme le notait le philosophe Adorno, était polémique. Il ne voulait pas rassurer, mais bousculer les conforts intellectuels, et c'est en ce sens qu'il faut prolonger sa réflexion. Max Weber, dont les relations avec la démocratie étaient ambivalentes, est aussi l'un des penseurs qui permet le mieux de saisir l'inachèvement de cette dernière et la nécessité de la mener plus loin. La crise des " grands récits " - celle, par exemple, du communisme - donne à la pensée de Weber une force et un attrait renouvelés. De fait, la relecture de son oeuvre est aujourd'hui essentielle pour tout projet d'extension et d'approfondissement de la démocratie.
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Entre chiens et loups, dérives politiques dans la pensée allemande du XXe siècle
Edith Fuchs
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 20 Mai 2011
- 9782866457112
Passer de Nietzsche à Rosenberg donne la mesure de la catastrophe dans laquelle a sombré la production philosophique dans l'Allemagne de la «révolution conservatrice». Cette abondante et multiforme littérature aura assurément contribué à faire tenir pour évidences inébranlables des convictions insensées, pour lesquelles le crime devient vertu tandis que le fantasme de la race et du Volk germaniques s'élèvent à la valeur suprême.
C'est à cerner les voies d'une accablante destruction de la philosophie que l'essai s'attache. L'océan des faussaires, loin d'être homogène, fait l'objet d'un travail de distinctions soucieux de ne pas diluer dans la notion vague de « fausse philosophie », l'abîme qui sépare par exemple un Schuler d'un Spengler. C'est que la parodie de philosophie peut venir d'illuminés obsessionnellement antisémites, elle peut venir de francs escrocs, comme elle peut être le fait d'esprits instruits et sans doute sincères. Ceux-là suscitent l'intérêt, d'autant que la réception de leurs inventions connaît un accueil bienveillant fort au-delà du moment de leur apparition. Tel est le cas de Spengler. Examiner son Déclin de l'Occident conduit à introduire une notion neuve: celle d'idéologie philosophique, dont la portée paraît généralisable.
L'ouvrage se meut donc sur deux rives.
Il prend son départ dans une perplexité initiale: par quels chemins de pensée et d'écriture la grande tradition philosophique allemande a-t-elle été massacrée pour s'échouer et rendre l'âme, comme il arrive avec les «visions-du-monde» et Le Mythe du XXe siècle ?
Mais l'examen de cette question fraye un chemin indépendant de la configuration historique en jeu. La notion d'idéologie philosophique éclaire une classe d'écrits désormais continûment présents: les mots par lesquels Hannah Arendt se voit elle-même en formulent la nature paradoxale, puisqu'il s'agit de rédiger en philosophe de l'anti-philosophie.
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Singulière philosophie ; essai sur Kierkegaard
Vincent Delecroix
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 19 Octobre 2006
- 9782866456276
La place généralement attribuée à Kierkegaard dans l'histoire de la philosophie témoigne toujours d'un certain embarras.
Lui qui, ironiquement, prétendait avoir, au moment même où il écrivait, une place déjà réservée dans la grande nécropole des philosophies disparues, il n'a cessé d'importuner ceux qui ont voulu l'enterrer. Qu'était-il ? Philosophe anti-hégélien, incarnant la réaction de la subjectivité concrète contre le système abstrait de la métaphysique à son achèvement ? Père de l'existentialisme ? Chrétien torturé ? Ironiste et " penseur privé " ? Polémiste ? " Poète du religieux " ? Simplement écrivain ? Cet essai voudrait montrer que cette incertitude tient au fait que Kierkegaard ne construit pas seulement des catégories philosophiques qui vont marquer l'histoire de la philosophie au XXe siècle, de Heidegger à Gadamer ou Wittgenstein, mais qu'il invente surtout une nouvelle manière de philosopher.
Car la " pensée existentielle ", une philosophie qui veut penser le fait même de l'existence dans ce qu'il a d'irréductible au Concept, nécessite un autre discours- une autre façon de parler, de bâtir des concepts, mais aussi de s'adresser au lecteur et de se faire comprendre de lui. Et pour remplir cette exigence, la littérature peut venir au secours de la philosophie : elle construit des fictions et installe un philosophe en première personne dans un discours jusqu'alors funestement voué à l'impersonnalité, elle se donne un lecteur singulier et des jeux complexes de représentation qui doivent indiquer ce qui échappe généralement à l'objectivité du discours.
Il faut alors moins examiner le contenu de cette philosophie que la forme qui en rend possible la production, cette singulière façon de philosopher, cette manière de philosopher au singulier et pour le singulier- la réinvention de l'acte de philosopher et d'écrire.
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Notes sur la nature... la cabane et quelques autres choses
Gilles A. Tiberghien
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 11 Septembre 2014
- 9782866458171
« Il semble que nous ne fassions que languir dans l'âge mûr pour dire les rêves de notre enfance, et ils s'évanouissent de notre mémoire avant que nous ayons pu apprendre leur langage. » Henri David Thoreau, Journal Ces notes ont commencé d'être écrites dans une cabane lors d'un séjour dans le Vermont. Elles ont été poursuivies, ensuite, durant plusieurs années et à diverses occasions. Au fil des réflexions développées ici, la cabane est apparue comme un opérateur intellectuel permettant de penser des expériences que chacun a pu faire ou imaginer dans l'enfance comme dans l'âge adulte et qui concernent peut-être d'avantage un espace psychique qu'un espace proprement physique. Les cabanes, contrairement à ce que pourrait laisser croire l'étymologie, ne sont pas de « petites maisons » : elles sont sans solutions de continuité avec les architectures dont elles sont supposées être l'origine. Fragiles et singulières, elles sont construites sans plan préconçu. Elles abritent des individus qui ne s'y installent pas, n'y habitent jamais véritablement. Aux marges des villes et des sociétés, elles recomposent une certaine idée de la nature à laquelle nous désirons nous confronter tout en la craignant. Cette ambivalence fondamentale fait de la cabane un lieu de contradictions où coexistent le haut et le bas, l'ouvert et le fermé, le mobile et l'immobile, le jeu et le sérieux, la vie et la mort.
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Rencontre paradoxale entre Kant et Spinoza
Carl Bolduc
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 24 Avril 2015
- 9782866458263
Il est rare de voir accolé le nom de Spinoza à celui de Kant : un grand nombre de commentateurs, spinozistes comme kantiens, soutiennent qu'il n'existerait entre les deux penseurs aucune base de comparaison systématique possible, et Kant lui-même, contraint de se laver du soupçon de spinozisme, s'étonnait que l'on ait pu trouver que «la Critique de la raison pure apportait de l'eau au moulin du spinozisme».
C'est pourtant ce à quoi Carl Bolduc s'engage dans une belle analyse tournant autour de la fameuse querelle du panthéisme et de celle du nihilisme qui ont traversé le XVIIIe siècle et ses conséquences au début du XIXe siècle. Précurseur et propagateur de l'avènement des Lumières allemandes - Aufklàrung -, Spinoza apparaît comme le champion de l'athéisme et l'adversaire résolu de la religion historique et de la tradition superstitieuse, à tel point d'ascendance que sa philosophie, qui ne pouvait être ignorée de Kant, prépare et imprègne toutes les dimensions du système critique de Kant.
Ce livre nous conduit à nous interroger sur l'exposition publique des positionnements philosophiques, religieux et politiques de Kant liés à sa stratégie du «secret», de ce que Leo Strauss appellera «l'art d'écrire sous la persécution», qui ne peut se comprendre qu'en relation avec un contexte intellectuel et historique spécifique et qui détermine l'interprétation très particulière par laquelle Kant reconstruit la pensée de Spinoza de manière à exorciser son propre spinozisme.
L'auteur examine trois problèmes philosophiques communs touchant la liberté de philosopher, le rapport entre la religion et la morale, et l'herméneutique biblique, qui organisent la philosophie de Kant et de Spinoza et marquent leur rencontre paradoxale.
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La théodicée de Fénelon ; ses éléments quiétistes ; Fénelon 1908 ; Jacques Rivière philosophe par François Trémolières
Jacques Rivière
- Felin
- 5 Novembre 2015
- 9782866458300
Jacques Rivière (1886-1925) est d'abord connu comme directeur de la Nouvelle Revue française, la revue créée par André Gide et quelques proches en 1911, qui sera le noyau des éditions Gallimard, et dont il fera dans l'immédiat après-guerre le centre de gravité de la littérature en train de se faire. Il est aussi l'auteur d'une oeuvre critique importante, et de deux romans : Aimée (1922) et Florence (posthume, 1935).
L'ouvrage que nous présentons est le mémoire qu'il a rédigé jeune étudiant, en 19{}7-1908, lorsqu'il préparait l'agrégation de philosophie. Le manuscrit en est perdu mais une version remaniée a paru dans une brillante revue catholique de l'époque, les Annales de philosophie chrétienne. C'est elle que nous reprenons ici, avec une annotation concernant les références à Fénelon. Ce dernier (1651-1715), dont l'on fête en 2015 le tricentenaire de la mort, est abordé ici non comme l'auteur des Aventures du Télémaque -- un livre encore très lu jusqu'à la Première Guerre mondiale - mais pour ses écrits philosophiques et comme auteur spirituel (accusé de "quiétisme", c'est-à-dire une forme de la mystique condamnée par l'Eglise romaine).
Cette édition est suivie d'un important essai de François Trémolières, spécialiste de Fénelon et de sa réception, ainsi que des études sur la mystique au début du XXe siècle. Un premier chapitre situe Rivière à la date où il écrit ce mémoire : à la fois le contexte de l'université de l'époque, son rapport au catholicisme, et les curiosités déjà littéraires et artistiques du jeune écrivain, très bien documentées par sa correspondance avec celui qui deviendra l'auteur du Grand Mau/ms, Alain-Fournier.
Un deuxième chapitre offre une lecture actuelle du mémoire, lequel a fait date dans les études féneloniennes. Un troisième chapitre s'intéresse au Fénelon dont hérite Rivière et pour ce faire retrace l'histoire de la réception de Fénelon philosophe, sur les deux siècles qui ont précédé. Un quatrième chapitre fait retour à Rivière et s'interroge sur le dédain dans lequel il semble avoir tenu ensuite ce travail et ce que cela peut nous apprendre de son évolution personnelle, brisée par une mort soudaine à moins de 39 ans.
La correspondance avec Claudel, commencée dans ces mêmes années, est un indicateur décisif : elle permet notamment de comprendre l'insistance de Rivière sur ce qu'il appelle le "panthéisme" de Fénelon. Son mémoire s'inscrit ainsi dans un moment de l'histoire intellectuelle et de l'histoire de la littérature : plus que jamais, selon le titre de la biographie que lui a consacrée Jean Lacouture, "une adolescence dans le siècle".
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Ce n'est point ici le pays de la vérité ; introduction à la philosophie de la religion
Vincent Delecroix
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 24 Septembre 2015
- 9782866458270
La philosophie de la religion n'est pas une discipline parmi d'autres. Sa courte histoire d'à peine trois siècles témoigne des états de la raison moderne et plus généralement de la modernité elle-même, si celle-ci peut se définir par les relations de la pensée à ses enracinements religieux, par les rapports de la raison à la croyance et à l'institution religieuse. Produit des Lumières, mais tout autant première réaction inquiète, romantique ou rétrograde, au projet d'une émancipation radicale par rapport au religieux dont les Lumières semblaient l'achèvement, la philosophie de la religion a représenté le lieu essentiel où la raison moderne est venue se réfléchir, réfléchir son histoire et son opération, ce que la pensée occidentale avait fait de son lien à la religion, ce qu'elle allait ou devait en faire.
C'est dire que sa démarche ne procédait pas simplement d'une curiosité intellectuelle à l'égard d'un objet parmi d'autres, fût-il l'objet "suprême" : son enjeu était rien moins que la nature de la modernité elle-même. Elle y traduisait les exigences de la raison occidentale, peut-être son besoin ; elle décidait d'une solution qui lui donne une assise ; elle en montrait le visage, dans ses dimensions épistémologiques, métaphysiques, morales, politiques.
Cet enracinement dans les besoins de l'époque, les intérêts premiers de la raison, dans la nécessité aussi d'interpréter ce qui arrive à la modernité occidentale dans son rapport à la religion, continue d'en légitimer, aujourd'hui plus que jamais, l'exercice : c'est sa raison d'être. Or le noeud de cette intrigue, le centre polémique de ces rapports entre raison et religions que veut clarifier et traiter la philosophie de la religion, c'est la question de la vérité.
Comme si son exercice était en définitive le prolongement technique et surtout le renouvellement de la question qu'un procurateur romain posait à un individu qui se proclamait lui-même la vérité : "Qu'est-ce que la vérité ?" Cette question interroge la religion en deux sens : elle interroge pour savoir si la religion est vraie mais aussi pour savoir ce qu'est le vrai selon elle qui en fait également sa valeur suprême.
Mais ce faisant, c'est bien la raison philosophique qui se pose à elle-même cette question : Qu'est-ce que la vérité pour toi, c'est-à-dire pour nous ? Pour se poser une telle question, et la poser de manière si décisive à la religion, il faut qu'elle ait gardé un peu de son intérêt. Or cette question nous intéresse-t-elle encore ? Dans notre modernité tardive que certains nomment postmoderne, tenons-nous encore à la vérité ? C'est cette question qui est au centre de la philosophie de la religion.
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Un cadre d'entreprise se perdant dans l'économie de l'information : son esprit occupé par la profusion des images et des messages qui viennent se percuter en lui. Son quotidien rythmé par des tableurs qui comptent son temps, mesurent heure par heure la rentabilité de sa vie. Et posé à l'orée d'une forêt champenoise, un monastère bénédictin ; sa Règle, son silence, son recueillement. L'espace laissé libre pour une vie spirituelle qui pénètre de part en part la relation aux autres et le travail.
La valeur donnée à l'attention au présent, à la Grâce du temps reçu. Ce livre est le carnet de route d'allers-retours au seuil du monde, de ce cheminement vers un lieu où s'offrent à chacun une autre façon d'être, un autre cadre de vie.
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Inventions à deux voix ; entretiens
Danielle Cohen-Levinas, Jean-Luc Nancy
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 22 Janvier 2015
- 9782866458126
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La passion antisémite ; habillée par ses idéologues
Francis Kaplan
- Felin
- Les Marches Du Temps
- 24 Février 2011
- 9782866457464
Après avoir étudié d'une manière exhaustive les différentes théories cherchant à expliquer l'antisémitisme, l'auteur montre que, dans la mesure où il est spécifique, il ne s'explique pas par l'ignorance ou comme une erreur normale que tout le monde peut faire par étourderie, par raisonnements trop rapides ou par fautes d'attention, aboutissant à des affirmations fausses, sans doute, mais plausibles ; les affirmations par lesquelles il s'exprime ne sont, en effet, pas plausibles de la part de celui qui les exprime, compte tenu de ce qu'il ne peut pas ne pas savoir, de ce qu'il a dit par ailleurs, de leur aspect évidemment faux ou des contradictions évidentes qu'elles impliquent et c'est en quoi l'antisémitisme relève de la passion. Les idéologies antisémites ne sont qu'une manière d'habiller cette passion pour essayer de leur donne une apparence rationnelle. L'auteur le montre à propos de ces idéologues de l'antisémitisme que sont - on s'en étonnera pour certains - Pascal, Spinoza, Kant, Fichte, Hegel, Feuerbach, Fourier, Proudhon, Marx, Wagner, Weininger, Simone Weil, en mettant à part les cas de Renan et de Nietzsche.