Au début du XIXe siècle, Mary et Charles Lamb entreprirent d'adapter sous forme de contes l'ensemble des tragédies et des comédies de William Shakespeare. Le succès immédiat que connut ce recueil étonna les auteurs, qui l'avaient écrit en hommage au génie du dramaturge élisabéthain, et dans le but d'encourager les jeunes lecteurs à lire ses chefs-d'oeuvre, à développer leur imagination et à renforcer leur vertu. Aujourd'hui encore, toutes les jeunes filles et tous les jeunes garçons d'Outre-Manche découvrent grâce à ces contes pleins de magie, de poésie, de mort, de folie, d'amour et de rire les célèbres héros shakespeariens, qu'ils soient tragiques comme Hamlet, Ophélie, Othello, Desdémone, Roméo et Juliette, ou drôles et merveilleux comme Ariel, Puck, Obéron ou Titania. Les Contes de Shakespeare n'avaient pas été traduits intégralement depuis plus de cent cinquante ans. Cette nouvelle version française restitue la langue magnifique, aussi baroque que romantique, qui caractérise cette rareté littéraire devenue un classique en Angleterre.
De toutes ses oeuvres ce livre est sans doute celui auquel Tolstoï fut le plus attaché. Il était certain en effet « d'avoir élevé un monument » en composant l'Abécédaire dont Les Quatre Livres de lecture sont extraits. C'est que l'auteur de La Guerre et la Paix a été dominé dans sa vie passionnée par diverses préoccupations maîtresses au premier rang desquelles figurait l'éducation du peuple auquel il a souhaité donner le goût de la lecture, porte de l'esprit critique qui mène à la citoyenneté.
C'est à cette fin que, de retour à Iasnaïa Poliana après avoir démissionné de l'armée en 1849, il ouvrit une école pour enfants. Ce livre est le fruit de cette expérience et Tolstoï affirmait « sa supériorité sur tous les autres livres ». Il avait toujours aimé les histoires et l'on trouvera dans ce volume toutes celles qu'il aimait raconter. Ces Contes, récits et fables nous instruisent autant qu'ils nous distraient. C'est bien là ce que la littérature peut nous apporter de mieux.
« Alors ce drôle n'eut d'autre ressource que d'invoquer humblement les bouddhas et les divinités en leur demandant de faire revenir à lui la dame de son coeur. Mais, comme son désir ne faisait que s'accroître tandis que l'effet se reculait avec une froideur qui passait toute mesure, il enveloppa en cadeau des cartes de récréation ainsi que des cure-dents, et se rendit chez elle pour lui en faire présent avec la promesse qu'il ne ferait plus appel à ses services. Las ! Plus l'entretien se prolongeait, plus son amour grandissait... » Au XVIIe siècle, un auteur japonais s'est amusé à récrire sur un mode cocasse un grand classique du Xe siècle, composé de 125 petits récits entrecoupés de poèmes. Ces Contes de Risée constituent un véritable documentaire sur le début de l'époque d'Edo (1603-1867). Mais la traduction est aussi un tour de force, puisqu'elle est elle-même parodie d'une nouvelle version française des Contes d'Ise.
Ces Petites Sagas islandaises recèlent quelques joyaux narratifs des lettres médiévales islandaises des XIIIe et XIVe siècles. Leur charme réside dans leur dramatisation, due à la fréquence des dialogues et au dosage subtil de la prose et des strophes, et à leur technique narrative faite de sobriété et de concision : la perception du réel est immédiate et incisive, précise et ramassée et atteint parfois la densité d'un vécu immédiatement ressenti. Ce « réalisme » n'exclut pas toutefois l'apparition de l'humour qui surgit de loin en loin dans une situation ou dans les propos d'un personnage, le traitement plus ou moins dramatique de l'action ainsi que l'apparition de thématiques sous-jacentes plus profondes sous forme de considérations de nature morale, religieuse, voire politique. Une place de choix est réservée à la description des rapports entre souverains et scaldes dans une société de cour où la poésie est une étincelante armure qui procure la gloire à l'un, la fortune et parfois même la vie à l'autre. La fonction de ces petites sagas était-elle de divertir ou d'instruire leur public ? Sans doute les deux à la fois, tant il est vrai que le fait divers anecdotique voisine avec la parole édifiante de la littérature cléricale.