Les quarante-huit contes de ce recueil viennent tous de l'Atakora, une région montagneuse du nord-ouest du Bénin.
Ils ont été regroupés en trois parties. Les " contes de l'origine ", merveilleux, fantaisistes, nous obligent à regarder le monde d'un oeil nouveau : pourquoi le ciel et la terre sont-ils séparés ? Depuis quand les hommes ont-ils des testicules ? Pourquoi les singes ont-ils le derrière glabre ?... Les " leçons de choses " nous parlent de la vie quotidienne et des conflits entre les hommes. Les personnages, toujours humains, y apparaissent comme des modèles du bien ou du mal.
Le " cycle du lièvre " enfin, met en scène cet animal malicieux, attachant dans certains contes, étrangement cruel dans d'autres, généralement d'un orgueil démesuré.
Les vingt-quatre contes de ce recueil ont été recueillis il y a près de cent trente ans au sud du Mozambique et dans ce qui est devenu la province sud-africaine du Transvaal.
L'auteur du recueil, Henri-Alexandre Junod, un missionnaire suisse protestant originaire du Jura neuchâtelois, célèbre ethnographe, féru de botanique et surtout d'entomologie, a accordé aux textes le même souci de précision qu'il mettait dans ses travaux de naturaliste. Cela nous vaut une anthologie d'une grande fraîcheur où tout sonne juste. On ressent aussi tout le respect et toute l'admiration que Junod avait pour ses conteurs et conteuses.
Le livre est divisé en quatre parties : (1) les contes d'animaux (où l'on voit toute une petite faune aux prises avec beaucoup plus gros qu'elle) ; (2) la sagesse des petits : les plus faibles des humains, par leur intelligence ou par le secours surnaturel qu'ils savent obtenir, triomphent de la condition humiliante dans laquelle ils étaient maintenus ; (3) les contes d'ogres : ces personnages monstrueux sont parfois difformes, parfois mangeurs d'hommes, mais toujours effrayants ; (4) les contes moraux mettent en scène des personnages qui refusent de se plier aux règles de la société, faites de respect pour l'autorité parentale, notamment, et qui apprennent leurs torts à leurs dépens.
Le conte du Petit Détesté, l'un des plus longs, nous fait voir un homme, marié à plusieurs épouses qui, à sa grande satisfaction, lui mettaient au monde des souris ; sauf l'une qui n'accouchait pas : on la méprisait et on lui jetait de la cendre. Sur les conseils de la Colombe, elle s'entaille le genou et y introduit un pois, qui deviendra un véritable enfant. Sa mère est obligée de le confier à l'Hippopotame, qui l'emmène avec lui dans le fleuve...
Le répertoire du conteur martiniquais Félix Modock, enchâssé dans le premier tome du recueil Folk-Lore of the Antilles, French and English publié en 1933 par Elsie Clews Parsons, participe à la vaste entreprise de recension de l'oralité créole menée par la folkloriste américaine à travers l'arc caribéen. Malgré ses rééditions complètes ou partielles, il est longtemps resté méconnu, faute d'avoir été perçu dans sa réalité générique de corpus syntagmatique, émis par un énonciateur unique. Le petit planteur estropié du Morne Rouge, à la réputation sulfureuse, a pourtant composé une oeuvre singulière, en présentant trente-trois contes créolophones dont il a fixé lui-même à l'écrit la majeure partie en 1924. La présente édition critique, donnant à voir le répertoire de Félix Modock dans sa graphie originelle et accompagné d'une traduction systématique en français, poursuit l'ambition de lui rendre sa visibilité et sa lisibilité par le dévoilement de son unité et sa cohérence de ses formes, tonalités, thématiques et enjeux. Elle entend ainsi restituer au patrimoine littéraire antillais une oeuvre originale qui apporte un témoignage inédit sur les phénomènes de passage de l'oralité à la scripturalité.
Les contes de ce recueil ont été enregistrés dans l'est de la Guinée-Bissau, dans les villes de Gabú et de Pitche entre 2013 et 2014. Ce sont des textes dits aussi bien par des hommes que par des femmes, adultes ou jeunes, parfois des enfants. Ils ont été énoncés en langue créole, qui est la langue véhiculaire du pays. Ils constituent une partie de l'immense richesse de la tradition orale de la Guinée-Bissau, trop peu connue jusqu'à présent.
Il faut dire que l'habitude des veillées où l'on conte se perd avec les nouveaux styles de vie et les distractions offertes par les nouveaux médias ; mais les radios locales prennent souvent le relais avec des émissions régulières où interviennent des conteurs et des conteuses. La mémoire de ces récits reste encore vive, surtout chez les femmes.
Les 51 contes du présent volume sont vraiment des contes créoles. Ils intègrent des éléments de cultures différentes, traditionnelles et modernes. Conteurs et conteuses appartiennent certes chacun à une ethnie particulière (surtout Mandjaks, Balantes, Mancagnes), mais ils parlent le créole comme langue véhiculaire. D'autres conteuses et conteurs appartiennent au groupe nommé Kristons di Djiba ou « Chrétiens de Geba », dont le créole est la langue maternelle. Tous, dans la région de Gabú, habitent au milieu d'autres populations, surtout des Peuls et des Mandinka.
Ces récits sont avant tout des paroles d'hommes et de femmes où se dit, de manière ludique ou parfois mystérieuse, le toujours énigmatique voyage de l'homme en ce monde, en compagnie de ses semblables.
Le présent volume de contes kapsiki a été recueilli à Mogodé trente-six ans après le précédent (Contes kapsiki du Cameroun). Nous avons voulu voir comment le genre avait évolué et s'était transformé en deux générations.
La vie, par bien des côtés, s'est améliorée localement : la mortalité infantile a sérieusement diminué. La scolarisation a progressé dans tous les villages. Mogodé est devenu sous-préfecture et un lycée y est en construction.
Le premier fait remarquable, dans les contes, est que le personnage d'Écureuil demeure le grand décepteur autour duquel tournent les meilleures histoires ; son monde est toujours un heureux mélange de bien et de mal, d'entente et de mensonge, d'amusement et de violence. On relève de nouveaux thèmes, comme celui du frère qui sauve ses aînés après avoir été rejeté par eux, sur le modèle de l'histoire de Joseph trahi par ses frères.
Autre fait important : naguère, l'antagoniste d'Écureuil était Panthère, mais maintenant c'est devenu Hyène. Désormais, Éléphant a presque disparu, comme Scorpion et Porc-Épi, mais Tortue est devenu plus populaire.
Il y a toujours quelques contes étiologiques qui expliquent l'origine d'un phénomène naturel. Par exemple : « Pourquoi Poule ne vole pas », et « Les cynocéphales et leur queue » où l'on apprend dans quelles circonstances ces singes se sont dotés d'un appendice caudal.
Dans beaucoup de ces contes, recueillis chez les Malinké et les Badiaranké de Guinée, le personnage central doit réaliser la traversée symbolique d'un fleuve ou d'un autre espace dangereux, métaphore du passage initiatique.
Pour parvenir sur l'autre rive, il faut l'indispensable médiation des autres, que ce soient des êtres humains ou des êtres surnaturels résidant en brousse.
Tous ces récits abordent la question de la traversée de la vie. Comment parcourir heureusement ce chemin qui commence entre les mains des autres, et qui s'achève quand on vous emporte en terre pour aller rejoindre le " grand Village " ?
après de nombreux recueils centrés sur l'ethnie, nous avons pensé que le moment était venu d'offrir aux lecteurs une petite anthologie où se retrouveraient la majorité des peuples sénégalais.
le conte occupe la place centrale dans ce recueil, qu'il mette en scène les animaux ou les hommes, ou bien qu'il explique l'origine des poissons, du soleil et de la lune. on trouvera aussi une légende religieuse consacrée à l'un des grands marabouts du sénégal, ainsi que quelques textes mythiques.
Ce recueil contient des contes du Sénégal oriental et du nord-ouest de la Guinée.
La plupart viennent des peuples malinké et badiaranké. Ils ont été enregistrés sur le vif au cours de soirées entre 1980 et 1997. Si, par une nuit de saison sèche, vous vous promenez dans un village malinké, vous ne manquerez pas d'entendre ces récits entrecoupés de refrains chantés, monter ici ou là de quelque enclos familial. Les contes sont en quelque sorte une mise en scène des valeurs d'une société.
On trouve des comportements qui sont valorisés comme la patience, la soumission à l'autorité des vieux, à l'ordre établi. Priorité est donnée à l'alliance et à l'échange. Les comportements inverses sont cri-tiqués : les héros trop pressés, individualistes, antisociaux, échouent dans leur quête. Mais à côté d'un courant qui soutient l'ordre en place, il en existe un autre dans lequel l'autorité est remise en cause, où le petit se venge du plus fort.
Ma grand-mère paternelle qui m adorait, me préparait un plein tajine de gâteaux feuilletés et me gratifiait de cacahuètes pilées, mélangées à du sucre, quand on lui en offrait dans les mariages. Elle s appelait Fatma Bent el Habib et elle fut ma première enseignante. Elle me parlait toujours du paradis et j imaginais notre prairie, traversée tantôt par un oued de lait, tantôt par un oued de miel. C était une bonne conteuse et son répertoire était constitué des fabliaux de Chacal le rusé et son oncle maternel le Lion, de la Hyène et de la Renarde, ainsi que de la triste histoire de la Chouette qui tua son frère pour un grain d orge et qui, depuis, perchée sur les ruines, chante sa sinistre complainte. Aouuh ! crie le Chacal au coucher du soleil. C est l heure des contes !
Un chef prit une épouse, qui s'ajouta à celles qu'il avait déjà.
Il la prit à la saison des premières pluies. Six mois plus tard, quand vint la saison sèche et froide, il lui construisit sa propre case et la recouvrit d'une voûte de paille. Le jour même où il faisait poser la toiture, sa femme lui dit : " Mon mari ! Voilà six mois que tu m'as épousée. Si je ne couche pas avec toi, ce n'est pas que tu me déplaises, mais je voudrais te demander une faveur. Parle ! lui dit-il.
Il suffit que tu me dises ce que tu désires et je te le procurerai. - Tu vas bientôt couvrir le toit de ma case. N'utilise pas de la paille, mais cherche des plumes d'oiseaux et fais-moi une toiture en plumes. Voilà la faveur que je voulais te demander. - Oh ! dit-il. Des plumes d'oiseau... mais ça n'est pas compliqué ! Je peux en trouver, il suffit de chercher !
Dune moisson de plusieurs centaines de contes, dont une faible partie a été publiée en français à ce jour, Dominique Noye a tiré ce recueil très particulier, qui en compte quinze.
Le conteur étant un pieux musulman, son répertoire se veut sérieux et instructif. L'islam est donc omniprésent, comme dans la vie peule de tous les jours.
Cela n'empêche pas la fantaisie la plus étonnante, comme dans le conte qui donne son titre au volume : un menuisier compatissant donne asile à un cobra dans ses propres entrailles. L'animal, à son aise, y élit domicile pour sept mois ! Le malheureux menuisier requiert alors l'aide du héron pour s'en débarrasser.
Une fois le serpent extrait, sans la moindre reconnaissance pour son libérateur, l'homme s'apprête à passer l'oiseau à la casserole...
Le site célèbre des falaises de Bandiagara est peuplé d'hommes qu'une ancienne devise appelle " équilibreurs de rochers ", hommage à la hardiesse de leurs constructions.
Les villages de terre ocre accrochés aux anfractuosités abritent une vieille civilisation, dont la riche culture et les rituels spectaculaires ont attiré depuis longtemps l'attention des chercheurs et ont survécu jusqu'à nos jours en dépit des changements inévitables. Cet ouvrage traite d'un aspect particulier de la littérature orale des Dogon : le conte comme véhicule des modèles culturels et reflet de la société.
La promesse imprudente d'une mère met son enfant en danger. L'idylle d'un chasseur et d'une gazelle. Les aventures de lièvre et hyène. Pourquoi les guêpes ont-elles la taille fine ? La longue patience de la sourde-muette. L'énigme de l'enfant terrible. La quête initiatique des jeunes filles... Ces récits et quelques autres sont présentés ici pour la première fois en version bilingue. La traduction, aussi fidèle que possible, est accompagnée de commentaires qui analysent leur sens pour la société dogon, tout en soulignant leur universalité.
Collectés entre 1946 et 1969 dans la région de Sanga, ils font partie d'un corpus plus large et sont représentatifs des variétés narratives rencontrées à l'époque et encore vivantes aujourd'hui. Les lecteurs intéressés par la langue trouveront une présentation de ses principales caractéristiques et une traduction mot à mot des textes en fin d'ouvrage.
Ces huit contes traditionnels bambara raviront les grandes personnes comme les enfants.
Les sept premiers, joliment illustrés d'aquarelles, ont été recueillis lors d'un concours organisé par la radio catholique du Nciba, au Bèlèdougou (Mali). Le huitième, d'un style plus relevé, remarquablement construit, est l'oeuvre d'une griotte du Wassoulou : une vraie tragédie classique avec son unité de temps, de lieu et d'action. Ils révèlent tous la profonde aspiration africaine à une société harmonieuse, paisible, dont il est bon de suivre les règles ancestrales, pleines de sagesse millénaire.
Les Fang, peuple de la grande forêt équatoriale, sont surtout connus pour leur statua'ire exceptionnelle et pour leurs épopées. On les a parfois qualifiés de nomades de la forêt, et, en effet, ils sont partis, il y a environ deux siècles, de savanes du Nord en direction de l'Estuaire du Gabon, où leurs migrations ne se sont arrêtées qu'au début du XXe siècle.
Le P. Henri Trilles a été l'un des premiers Européens à entrer en contact avec eux à la fin du XIXe siècle. Il a recueilli alors un large échantillon de contes et de textes mythiques qui constituent encore de nos jours, malgré leurs travers d'époque, un ensemble inestimable.
Les contes de ce volume ont été recueillis au Lesotho à la fin du XIXe siècle par Édouard Jacottet (1858-1920), de la Société des Missions évangéliques de Paris, et publiés pour la première fois en 1895, sous le titre de Contes populaires des Bassoutos. De nationalité suisse, É. Jacottet avait, en plus de la théologie, reçu une formation philologique à l'école allemande.
Le présent volume est paru en France peu avant les bouleversements suscités en Afrique australe par la guerre des Boers. Les missionnaires de la Mission de Paris au Lesotho avaient déjà une longue histoire dans la région, où ils étaient les principaux ennemis du racisme afrikaner : depuis des décennies, ils recueillaient et éditaient des textes sotho, marquant par là leur estime et leur respect pour ce peuple.
Sur les vingt-trois contes du volume, il y en a bien quelques-uns qui mettent en scène des animaux, mais la plupart se passent dans le monde des humains, même cette histoire de la femme qui accouche d'un oeuf. On y voit une fille qui naît dans la peau d'un serpent, des épouses qui n'arrivent pas à avoir d'enfants, un frère qui veut épouser sa soeur.
Les Kapsiki constituent l'un des grands groupes de population des monts Mandara, situé de part et d'autre de la frontière entre le Cameroun et le Nigeria.
Les contes présentés ici ont été recueillis au Cameroun. Ils se répartissent en quatre groupes. D'abord, les contes dont le héros principal est l'Écureuil. Ce petit animal est le modèle parfait du décepteur qui trompe tout le monde. Il a pour adversaires la Panthère ou l'Hyène. Il peut aussi s'opposer au Pigeon ou à la Tortue, et dans ce cas, ce n'est pas toujours lui qui l'emporte.
Le deuxième groupe de contes est construit autour d'animaux autres que l'Écureuil, mais les hommes y font quand même quelquefois leur apparition. On y trouve le Céphalophe, la Grenouille, le Crocodile, la Panthère, l'Hyène, l'Âne et le Scorpion.
Dans le troisième groupe, la Mort, la Pluie et d'autres personnages surnaturels sont au centre d'un récit qui les oppose aux hommes. Le quatrième groupe se compose de contes qui se déroulent entièrement dans le monde des humains, sans animaux ni monstres. Il contient notamment des récits où la sexualité la plus crue tient une place centrale.
Après La Belle ne se marie point, L Oiseau Chagrin et Le Coq du Roi, nous entrons avec La Quête de la Sagesse dans le dernier volet d une exploration du monde, tel que le comprennent les conteuses et les conteurs de langue malgache de l île de Mayotte. Le monde, c est ce petit monde dont nous avons l expérience quotidienne, mais aussi l autre, celui qui nous échappe. La Quête de la Sagesse nous conduit sur les chemins d une sagesse qui se décline en deux ordres : elle est ou bien celle des créatures, à base l intelligence, d adresse, d astuce, ou bien la sapience, la sagesse par laquelle se manifeste directement le Créateur, et nous sommes alors dans le domaine de l histoire édifiante ou de l apologue mystique. Dans tous les cas, l histoire est orale, certainement, en ce sens qu elle décrit les moeurs et qu elle tourne l esprit vers le discernement. Mais la morale, ici, n est pas souvent cette morale un peu bébête, à l eau de rose, avec ses bons toujours récompensés et ses méchants invariablement punis, que le public européen ou américain trop souvent associe au genre du conte. Elle est souvent ouverture vers le paradoxe, parfois vers le tragique, de la condition humaine. Sans doute est-ce pour cela qu elle est sagesse.
Qui est donc ce Berne, glouton, jaloux et égoïste ? Tout au long des contes, Beme prend successivement les visages de l'imitateur, du glouton, du rusé, de l'aventurier...
Le " fétiche " ou " l'héritage " qu'il prétend avoir reçu de son père, il le déclare souvent " volé " par un autre. Dans le mécanisme de la jalousie - car c'est bien de cela qu'il s'agit -, le bonheur de l'autre, réel ou imaginé, m'apparaît comme quelque chose qui aurait dû me revenir. Si Berne, cet étrange héros, pris d'un incoercible désir d'imiter, nous semble si proche, sous ses déguisements divers, c'est qu'il n'est qu'un simple portrait de nous-mêmes.
En riant de ce frère qui veut s'approprier tout ce qu'il voit en l'autre, au point de chercher à devenir l'autre, nous sommes doucement conviés à cette chose difficile : nous accepter nous-mêmes.
Les contes rassemblés dans ce recueil bilingue ont tous été enregistrés entre 1994 et 2010 par les animateurs de Radio Parana , dans la région de San au Mali. Ces quinze histoires proviennent d'une recherche collective sur les dynamiques parentales en milieu rural. Elles concernent donc les relations entre enfants et parents.
On y rencontre des mères possessives et des pères jaloux, des parents déficients et d'autres plus attentionnés. Une constante semble se dégager à la lecture de cet ensemble : si les relations entre parents et enfants ne sont pas toujours paisibles, les difficultés sont le plus souvent imputables aux adultes eux mêmes, qu'ils gâtent excessivement les enfants ou qu'ils les martyrisent.
Ce recueil rassemble quelques contes tirés de la riche tradition orale des Arawak d'Amazonie. Relevés par plusieurs chercheurs tout au long du siècle passé, ils témoignent d'une vision du monde encore assez mal connue. Nous les présentons en langue originale, dans une transcription normalisée, avec une traduction française.
Le monde des Arawak est peuplé d'esprits et d'animaux ; les hommes rivalisent avec les uns et dialoguent avec les autres, lorsqu'ils ne se transforment pas au détour du sentier en jaguar, en cerf ou en perroquet.
Patrimoine des hommes qui les transmettent de génération en génération, ces contes, souvent proches du mythe, nous donnent à voir l'univers physique et humain où ils circulent. On y retrouve en filigrane le monde amazonien et la Caraïbe...
Les contes, au sein d'une culture orale, expriment un discours que la société se tient à elle-même, par la parole des femmes ou des hommes qui, aux veillées, l'enseignent aux enfants. Fondés sur la somme des connaissances communes à tout un peuple, ces textes portent à la fois un mode d'appréhension du monde, un système de valeurs et de représentations, ainsi qu'une idéologie partagés par l'ensemble de la communauté.
La réflexion de Camille Lacoste-Dujardin a été stimulée par une spécificité de la littérature kabyle en contes : le rôle de l'adulte effrayant y est tenu par une femme, une ogresse. La question centrale qui paraît occuper l'imaginaire de la culture kabyle est celle de la place des femmes dans la société. C'est ce que montre la quasi totalité des contes présentés et commentés ici.