evelyne sullerot
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Catherine est prévenue qu?après l?opération elle restera sourde, absolument sourde, pendant au moins quinze jours, peut-être beaucoup plus. Parenthèse de silence total qu?elle vit comme un film muet, tantôt spectatrice détachée, tantôt actrice angoissée d?impuissance et de peur.
Quand elle est seule, sa tête sourde est traversée de réminiscences sonores par bouffées. La bande-son de sa vie se déclenche, en séquences fugaces et désordonnées. C?est Dorothée qui chante, les bébés qui crient, les manifestants qui dévalent un escalier, la cloison qui s?écroule. Ce sont des questions de sa mère, des disputes avec Jean-Baptiste, un râle d?agonie, des hennissements de plaisir, et des pas, le crissement des ronces contre des bottes qui froissent les feuilles mortes.
Qui marche dans la forêt ? Elle était pourtant sûre d?avoir tout oublié de l?épisode mystérieux qui a fait d?elle une victime de vingt ans et a décidé de sa vie. Protégée par son amnésie, elle a vaillamment gardé le silence sur son secret. Tant d?années après, Catherine aux oreilles obturées retourne dans la même forêt pour s?appliquer à voir, humer et tenter de comprendre, donc d?entendre, ce qui est alors arrivé. -
PILULE, SEXE, ADN : 3 révolutions qui ont boulversé la famille
Evelyne Sullerot
- Fayard
- 5 Avril 2006
- 9782213627564
En trente ans, la biologie a élucidé les mystères de la procréation et de la filiation : la femme peut n'être mère que si elle le veut ; la paternité peut être scientifiquement prouvée. Dès lors, la famille n'obéit plus à la tradition ni même aux lois. Elle bouge et craque de l'intérieur, sous la poussée des désirs des individus qui se veulent autonomes. Ils investissent beaucoup dans le couple à la recherche du bonheur, mais sans engagement de durée. Comme jamais la société n'a autant considéré et flatté la sexualité (tout en la criminalisant davantage), les unions sont de plus en plus fragiles, les désunions, même avec enfants, de plus en plus nombreuses. Les juges ont longtemps confié les enfants à la mère (familles monoparentales). Depuis 2002, les deux parents se les partagent. Le centre de gravité de la famille n'est plus l'alliance du couple mais les liens inaltérables qui unissent l'enfant à ses parents, que ceux-ci soient ensemble ou séparés. Mais les enfants, eux, ne vont pas bien?
Comment et pourquoi la famille s'est-elle ainsi transformée ? Que va-t-il en advenir ? Evelyne Sullerot, acteur et observateur critique de ces bouleversements, tente de répondre à ces questions dans un récit sans tabou, admirablement documenté, jamais moralisateur et volontiers impertinent. -
Dans l'autobus, Evelyne Sullerot ironise sur l'état de nos moeurs que régentent des tartufes sexolâtres. Passant devant la maison où mourut Diderot en 1784, elle le prend à témoin. «Monsieur Diderot vous qui n'étiez point bégueule, mais avez été le meilleur des pères, que pensez-vous du pacs et des familles recomposées? Monsieur Diderot, vous, le seul philosophe des Lumières qui pressentiez l'unicité du vivant (la molécule adn, en somme !), vous qui vous inquiétiez de l'hérédité, que pensez-vous des empreintes génétiques, du déchiffrage du génome, du tri pré-implantatoire des embryons, du clonage ? Aujourd'hui où le dévoilement de la génétique nous presse de décider d'une morale du vivant, notre société ne confond-elle pas dangereusement le vice et la vertu, l'éphémère et le durable? N'est-ce pas l'avenir même de l'espèce humaine qui est à terme menacé ?» Et Diderot, avec jubilation, de se gausser de nos moeurs et de s'émerveiller de notre science.
Cofondatrice du planning familial, Evelyne Sullerot, après une longue carrière de sociologue où elle s'est intéressée à la condition féminine et à la famille, s'estime en droit de remettre en question dans cet ouvrage un certain nombre d'«idées correctes». -
La famille : affaire privée et publique
Michel Godet, Evelyne Sullerot
- Documentation Française
- 20 Mars 2007
- 9782110064875
La famille, aspects privés, incidences publiques. Dans notre société en déficit démographique, la famille est redevenue une affaire publique et l'attention portée aux politiques familiales est (re)devenue primordiale. Les auteurs préconisent un certains nombre de mesures destinées à soutenir et à encourager l'embellie démographique toute récente, observée en France : - améliorer pour les familles les prestations et la fiscalité : compléter l'actuel système de quotient familial - qui module l'impôt sur le revenu en fonction du nombre d'enfants à charge - en l'appliquant à la CSG, qui grève de plus en plus lourdement le budget des ménages avec enfant ; - faciliter pour les couples la co-existence de la vie familiale avec la vie professionnelle, tant en termes d'emploi, que de garde des jeunes enfants ; - appliquer le principe de coparentalité (allocations familiales partagées entre le père et la mère en cas de séparation) ; - renforcer le suivi des enfants fragilisés par des dissensions familiales graves. Ce livre reprend l'intégralité d'un rapport sur la famille rendu public en 2005 et publié par le Conseil d'analyse économique, enrichi d'un avant-propos actualisé par les auteurs avec les nouvelles lois et les toutes récentes évolutions concernant la famille ces dernières années.
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Quel âge avez-vous? Cette question, naguère indiscrète, on nous la pose aujourd'hui à tout propos et hors de propos, depuis l'école. Au regard du travail, les gens, au même âge, ont des capacités très différentes, et ils ne vieillissent pas au même rythme. Pourtant, une insidieuse dictature bureaucratique des âges, de plus en plus stricte, découpe les vies en séquences balisées de limites: avant tel âge? Pas permis. Après tel âge? Trop tard.Coûteuses pratiques en fin de compte, qui chargent la société de jeunes sans travail, de retraités qui ont encore vingt ans à vivre, de chômeurs considérés comme trop vieux à 45 ans. Or la population, dans sa composition par âges, va vieillir, tandis que les technologies nouvelles réclament des jeunes et accentuent les différences entre générations. L'âge des personnes, l'âge des entreprises, l'âge des professions, l'âge des civilisations: Evelyne Sullerot, entourée de spécialistes de six pays européens, cherche, en posant ces problèmes mal connus mais inévitables, à provoquer une réflexion et un débat sur la politique des ressources humaines.L'auteur, Evelyne SULLEROT est sociologue, expert international, membre du Conseil économique et social, présidente-fondatrice des centres retravailler.Ont également collaboré à ce livre: Augusto ASCOLANI, Marcel BOLLE DE BAL, Gérard CALOT, Jean-Claude CHESNAIS, Gabriel FRAGNIERE, Malcolm JOHNSON, J-M. KNIBBELER, Martin KOHLI, Pierre LAROQUE, A.-L. van WINGERDEN, Jacques ZIGHERA.
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La famille, une affaire publique
Michel Godet, Evelyne Sullerot
- Documentation Française
- 6 Mai 2009
- 9782110077011
Dans une Europe dévitalisée, la France doit sa relative bonne natalité à une politique familiale incitative et au renfort de l'apport migratoire. Pourtant, une femme sur deux dit vouloir un enfant de plus mais y renoncer pour des raisons économiques. Le rapport signale plusieurs des faiblesses de cette politique et réaffirme la nécessité d'envisager la politique familiale comme un élément majeur au coeur du dispositif national. Les auteurs avancent un certain nombre de propositions, dont douze sont considérées comme prioritaires pour l'action publique. Elles portent notamment sur :
- la politique fiscale (" familialisation " de la CSG, fondée sur la taille de la famille, renforcement du quotient familial...) ;
- la politique de conciliation vie familiale vie professionnelle, la gestion des âges et des temps ;
- la politique d'intégration, notamment en faveur des enfants défavorisés.
Cet ouvrage est une réédition - avec une nouvelle préface des auteurs - de l'ouvrage : La famille : affaire privée et publique, paru en 2007.
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Publication d'Opera Mundi
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Lettre d'une enfant de la guerre aux enfants de la crise
Evelyne Sullerot
- Fayard
- 23 Avril 2014
- 9782213681467
« Dans une France en proie à la crise, de douteux prophètes vous font croire, à vous, les jeunes, que vous êtes condmanés à la médiocrité et feriez mieux de vous expatrier...« Non ! On n'abandonne pas un pays comme la France ! Vous n'êtes pas la première génération à qui on coupe les ailes ! Nous qui avions 15 ans en 1940, nous nous sommes retrouvés dans un pays dépecé, occupé, nos pères et nos profs prisonniers. Mal nourris, mal logés, nous avons enduré cinq années sans sécurité, sans liberté, sans avenir. Je vais vous dire ici comment les romantiques que nous sommes devenus ont sauvé la France en faisant des millions de bébés - provoquant le baby boom et les Trente Glorieuses...« Certes, les temps ont changé et vous êtes bien différents. Vous qui avez été constamment stimulés, êtes plus développés. Vous avez plus de besoins et d'exigences, et vous êtes tellement plus libres !« Pour transformer ces dispositions en atout, il faudra sans doute vous responsabiliser avantage dans la vie privée et mieux vous aider à entrer dans la vie professionnelle. Avis aux politiques !« À 89 ans, on est libéré des modes et des théories. Aussi, je profite du parallèle que je fais entre nos deux générations fragilisées pour vous écrire sans détour ce que je pense de la nation, de la famille, du couple mais aussi - comme fondatrice du Planning familial et de Retravailler - des différences sexuelles et de la marche vers l'égalité homme/femme.« Notre génération a encore tant de choses à vous dire ! »
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Pour le meilleur et sans le pire
Evelyne Sullerot
- Fayard
- Pour Une Histoire Du Xxe Siecle
- 10 Octobre 1984
- 9782213014609
Le mariage est-il en voie de disparition?Depuis 1972, les couples s'abstiennent de s'engager ou délient leurs engagements: chaque année moins de mariages, plus de divorces, d'enfants naturels, de foyers à un seul parent, de solitaires... Aujourd'hui ils ne sont plus marginaux les divorcés, les concubins, les parents naturels. La réforme du Code civil, les dispositions des impôts, de la Sécurité Sociale et des Allocations familiales, leur ont consenti ici des protections, là des avantages, au point que ce sont les couples mariés et les familles stables qui se retrouvent souvent pénalisés.Sans acrimonie moralisatrice et avec humour, Evelyne Sullerot passe en revue les situations burlesques ou foncièrement injustes, les paradoxes et les effets pervers qui naissent de la juxtaposition de réglementations s'ignorant superbement les unes les autres.L'enjeu est grave. Dans une société d'individualistes qui veulent bien vivre le meilleur avec leur partenaire mais comptent sur l'Etat pour le pire, les plus aimants, les plus naïfs et, surtout, les enfants ne sont-ils pas finalement les perdants? Du reste, une société sans responsabilités privées est-elle encore une société?
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Depuis qu'elle a pris sa retraite, le Dr Olga Stoliaroff s'aperçoit qu'avec l'âge, l'avenir s'affadit. Seul son propre passé est porteur du sens de sa vie. Aussi bondit-elle, partante, quand une surprenante échappée lui est offerte vers l'année de ses vingt ans: on vient de découvrir des documents vieux de cinquante ans relatifs au séjour clandestin qu'elle fit, en 1943-44, dans une clinique psychiatrique en pleine forêt où, alias Odile Soulez, elle prétendait être infirmière pour échapper à la Gestapo.La voilà aussitôt en route, piquée de curiosité, envahie de souvenirs. Elle ne se doute pas qu'elle va aller de surprise en surprise, de révélations en énigmes à jamais closes. Car, avec ses papiers de jeune fille alors recherchée, ont été exhumés ceux de plusieurs alias au milieu desquels elle avait vécu presque une année sans les identifier.Tout entière habitée par son amour pour Paul, _ arrêté, emprisonné, disparu _ tout entière obsédée par le désir de quitter son refuge pour reprendre la lutte, elle croyait soigner des dépressifs et des délirants, comme le lui demandait le Docteur qui l'avait recueillie. Elle s'était bien doutée que le médecin assistant était un Juif polonais qui se cachait. Mais, en 1943, en dépit des discussions de ses parents à ce sujet, Olga-alias-Odile ne savait pas bien ce qu'était un Juif et encore moins ce que signifiait alors être Juif.Cinquante ans plus tard, le Dr Olga Stoliaroff, allant de mystère éclairci en mystère épaissi, revit et révise son passé. Qui était qui? Les preuves lui sont données qu'elle n'avait rien compris, ni auprès de qui elle avait vécu, ni auprès de quoi elle était passée, ni comment elle avait perdu sa virginité, ni pourquoi elle avait dû payer si cher. Et ce qu'elle avait réellement assumé et vécu, son grand amour et son fervent patriotisme, quel sens revêtent-ils aujourd'hui, dans un monde d'oubli?
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Pour la cause des femmes et des enfants.
Sociologue spécialiste de la famille, Évelyne Sullerot est une de nos grandes consciences contemporaines.
Mère de quatre enfants, elle a mené une réflexion sur la condition féminine et les différents freins qui empêchent les femmes d'accéder à plus d'autonomie et de pouvoir au sein du couple et dans la société. Ses travaux sont internationalement reconnus. En 1955, elle cofonde l'association la Maternité heureuse, qui deviendra en 1960 le Planning familial. Elle lutte pour le droit à la contraception et à l'intervention volontaire de grossesse. Que reste-t-il aujourd'hui de son combat ? À 92 ans, c'est vers l'avenir qu'Évelyne Sullerot tourne son regard : dans ces entretiens, elle revient sur son parcours et dit ses convictions sur les débats qui agitent notre société : PMA, GPA, mariage pour tous, religion, homoparentalité... Le regard d'un témoin essentiel de tous les combats liés à la famille.
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Depuis soixante-dix ans, ces enfants du désastre se taisaient. En six mois, pourtant, ils ont connu la défaite de leurs pères, le désarroi des familles, l'inquiétude de leurs mères, le désordre général, la débâcle. Ils sont partis vers l'aventure forcée dans toutes sortes d'équipages, parfois apeurés, le plus souvent excités, désorientés par la dilution soudaine de toutes les autorités mais cherchant à sauver leurs études : où passer le brevet et le bachot ? Au fil de leurs pérégrinations, ils vont découvrir les ponts coupés, l'ennemi qui tombe du ciel en les mitraillant, mais aussi l'aventure, la campagne profonde.
La voix chevrotante de Pétain leur annonce la fin de leur France, de leur enfance. Leurs parents leur avaient parlé des Boches, ils voient arriver les Panzerdivisions de Hitler. A la rentrée, ces adolescents font connaissance avec les restrictions et on les appelle les J3, en référence à leur carte d'alimentation. En zone dite « libre », ils doivent sans cesse saluer le drapeau tricolore, défiler, chanter la gloire du Maréchal. En zone occupée, tout est interdit, le drapeau, la Marseillaise, s'assembler à plus de trois, courir dans la rue ... Mais ce sont eux, les lycéens, qui vont organiser à Paris la première manifestation de résistance, le 11 novembre 1940 à Paris.Evelyne Sullerot, qui a vécu au même âge cette saison si particulière, a recueilli, mis en forme, recoupé les témoignages de ces ex-adolescents murés dans le souvenir de la « honte de 40 ». Nourri de son expérience de sociologue, ce document unique leur rend enfin la parole. -
Evelyne Sullerot retrace ici notre histoire, celle des familles dont nous sommes issus et des familles que nous avons constituées, depuis l'époque du baby-boom jusqu'au baby-krach de ces dernières années.Que de chemin entre le consensus familialiste de la Libération et le démaillage de la famille d'aujourd'hui, refuge de la vie privée, dernier lieu de cohésion sociale! De génération en génération, de moins en moins de naissances, de moins en moins de mariages, de plus en plus d'enfants séparés d'un de leurs parents à la suite de ruptures. Les lois, sans cesse refaites, ont peine à suivre les moeurs et les progrès de la génétique et de la procréatique. Et la politique familiale, de moins en moins familiale, se rétrécit comme peau de chagrin.Une histoire mouvementée, passionnée, où les grands débats se succèdent dans l'intimité des foyers: les conceptions du couple, les rôles des parents, l'éducation des enfants, l'émancipation des adolescents, la libération des femmes, les formes nouvelles d'unions et de désunions, l'optimisme des individualistes qui entendent vivre leurs désirs. Une démonstration décapante qui remet en question bien des idées reçues et nous invite à réfléchir sur la société du XXIe siècle.Evelyne Sullerot, sociologue, co-fondatrice du Planning familial, a siégé quinze ans au Conseil économique et social et douze ans au Haut Conseil de la population et de la famille. Elle est membre de la Commission nationale consultative pour les Droits de l'homme depuis dix ans. Entre autres ouvrages, elle a publié Pour le meilleur et sans le pire et Quels Pères? Quels Fils?
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La guerre est finie depuis seize ans et Boumediène se meurt, on vient de l'apprendre. Est-ce pour cela que lui, trois jours seulement après son arrivée à Paris, a voulu repartir pour Alger? Ils venaient à peine de se retrouver. Elle ne lui a rien demandé, comme au temps de la clandestinité, du don de soi, de l'ascèse. Par tendresse ressuscitée? Par indifférence au présent _ leurs vies sont désormais si différentes... _ et parce que seul importe le passé?Voici qu'il tombe, inanimé, à Orly. Edith veut savoir pourquoi, aller auprès de lui, vite. Le commissaire la retient: qu'est revenu faire en France, à ce moment délicat, ce vieux révolutionnaire algérien? Qui a-t-il rencontré? Quand et comment se sont-ils connus?Edith se mure dans ses réminiscences et leur reviviscence. F.L.N., colonisation, révolution. Planques, traques, valises de fric. Faux-noms. Les petites failles et les grandes scènes. Mais aussi la forêt, la Clairière, l'allégresse au milieu des arbres et des enfants qui étaient alors encore des enfants. Et, au sommet des montagnes, le " contraire de la guerre ", la communion, l'aman. L'aman: la trêve, la paix, la confiance. Mais aussi la sauvegarde. Sera-t-il sauvegardé, le passé? Et lui, au présent, qui maintenant seul importe?Le temps des âges d'une vie, le temps dilaté de l'amour, le temps effiloché des souvenirs, le temps minuté de la maladie à pic sur la mort, le temps long des civilisations qui séparent, le temps haletant des guerres qui fracturent ou rapprochent, le temps des continents qui dérivent, débordant notre temps, notre vie comme notre mort.Evelyne Sullerot, sociologue, a publié une douzaine d'ouvrages et de rapports d'expert, nationaux et internationaux, sur la condition féminine, l'emploi, les salaires, la formation, la démographie, et en particulier, chez Fayard, un ouvrage collectif sous sa direction, Le Fait féminin. Elle est membre du Conseil Economique et Social. Ce livre est son premier roman.
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Quand l'histoire se fait tourmente, elle bouscule les destins d'êtres aux corps différents: corps ennemi de la malade exténuée; corps tout nouveau et surprenant de l'adolescente; corps somptueux de l'amoureuse désirée. Emilie, Viviane, Hélène: à travers chacune d'elles, tour à tour, se déroule ce roman qui est à la fois l'Histoire et leur histoire.Juin 1940. L'exode. Emilie s'efforce de conduire sa famille jusqu'à la clinique psychiatrique de son cousin Raymond dans le Midi. La France se couche dans la défaite, la disette, la " Révolution nationale " de Vichy, la peur, les dénonciations. On ne vit plus que le quotidien de la misère et l'attente des absents. Pourtant Hélène s'exalte d'amour pour celui qui, tel un capitaine, a tenté de contenir le désordre et la folie des hommes. La passion lui fait écrire une lettre enflammée, qui tombe en des mains adolescentes, puis dans les mains compatissantes d'Emilie. Mais est-il possible d'assumer le corps d'une autre? Un homme part, un autre revient, qui ne le sauront jamais.C'est parce que le registre de la sensibilité permet au roman de se nourrir d'ambiguïtés, ce qu'aucun essai sociologique ne saurait faire, qu'Evelyne Sullerot, sociologue internationalement connue (Demain les femmes, Le Fait Féminin, Pour le meilleur et sans le pire, L'Age de travailler) a choisi d'écrire, après L'Aman, ce deuxième roman.
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De 1965 à 1985, l'Europe a vécu les vingt glorieuses de la libération sexuelle, de la libération de la femme, de la libération de l'individu. Nous avons bouleversé nos moeurs, modifié nos lois et enterré le patriarcat sans fanfare et sans regrets.Voici qu'aujourd'hui, en France, 2 000 000 d'enfants sont séparés de leur père. 600 000 ne le voient plus ou ne le connaissent pas. Même chose dans les pays voisins. Quand les couples se défont, c'est le père qui est éjecté. Quel est le rôle du père aujourd'hui? Un parent de second rang? Doit-il être un " nouveau père ", un double de la mère? Il n'a pas les mêmes droits que la mère. Célibataire, il n'a aucun droit sur l'enfant qu'il a reconnu _ mais il doit payer. Divorcé, même sans torts, il a très peu de droits _ mais il doit payer. Les pères qui se sentent lésés, les pères qui souffrent, qui les écoute?Un père, au fond, à quoi cela sert-il? Les enfants ne peuvent-ils s'en passer? Quels effets ont sur eux l'absence de père ou l'absence du père? Que savent, là-dessus, psychologues et sociologues? Pourquoi les divorces sont-ils massivement demandés par les femmes? Les pères en sortent défaits, douloureux, humiliés. Doit-on en incriminer la loi, les juges ou les préjugés anti-pères? Ne peut-on changer et la loi, et l'après-divorce?Depuis peu, le test de Jeffreys permet à tout homme d'être sûr à 100% qu'il est ou n'est pas le père d'un enfant. Enfin! le voile dont la Nature avait recouvert la paternité est levé! A cette nouvelle, les hommes ont-ils chanté victoire? Pas du tout! Ils ont si peur de la vérité qu'ils se sont effrayés de rumeurs...Heureusement, après ce long et passionnant inventaire des infortunes des pères de la fin du XXe siècle, Evelyne Sullerot donne la parole aux fils de 15-18 ans, qui seront pères au XXIe siècle.Ici avocate chaleureuse des pères, Evelyne Sullerot, sociologue, est surtout connue pour ce qu'elle a fait pour les femmes, en France (fondatrice du Planning familial, fondatrice des centres RETRAVAILLER) et en Europe (chargée par la CEE de promouvoir l'égalité des chances dans les douze pays) et par ses nombreux livres sur les problèmes féminins, traduits dans le monde entier. Membre du Conseil économique et social pendant quinze ans, elle a beaucoup étudié la démographie, la famille et la politique sociale.