Longtemps occulté par la dimension psychologique d'une oeuvre qui semblait tout entière dédiée à l'exploration des tourments du coeur et de l'esprit, le « sens du social » de Proust apparaît désormais avec évidence. Il est du moins aisé de lire la Recherche comme une succession de scènes de salon où se déploient, au gré des interactions des personnages, des luttes de pouvoir et de prestige entre castes ou clans.
Mais cette description acérée du chassé-croisé d'une noblesse en déliquescence et d'une bourgeoisie cloisonnée se réduit-elle à une « sociologie amusante » de la Belle Époque ? Et si l'on trouvait, chez ce contemporain de la naissance d'une discipline avec laquelle il avait pourtant peu d'affinités, une pensée du social originale, susceptible d'aiguiser notre propre regard sociologique ? Telle est la piste, audacieuse et féconde, que nous invite à suivre ici Jacques Dubois. Le petit monde proustien auquel il nous introduit se révèle peuplé de figures clivées, ambivalentes, à l'image de Gilberte Swann, dont le caractère « alternatif » est emblématique des héritages concurrents dont nous sommes porteurs, au point que certains en arrivent à renier d'un instant sur l'autre les versions précédentes d'eux-mêmes.
En distillant avec humour et finesse la sociologie paradoxale qui irrigue le grand oeuvre proustien, Jacques Dubois nous en offre une puissante redécouverte.
Ce livre décrit et met en place la lignée des grands romanciers qui ont pris en charge la représentation de la société française pendant un bon siècle.
Soit en succession balzac, stendhal, flaubert, zola, maupassant, proust, céline et simenon. ces auteurs participent tous de la problématique réaliste mais ont aussi en commun de ne pas s'y enfermer, de réussir à la dépasser, leur préoccupation récurrente étant de débusquer les mécanismes et structures du social à différentes époques.
Ainsi chaque romancier finit par mettre en oeuvre une sociologie qui lui est propre.
Celle-ci cependant n'est pas le fait d'un discours rapporté mais se dégage de la fiction même, de son imaginaire, de son écriture. dans des aperçus d'ensemble comme en huit " portraits " particuliers, on verra comment les différents romanciers jouent ainsi une partie serrée, en tentant de réconcilier ces postulats contradictoires que sont la totalité et le détail, la nécessité et la contingence, la vérité et le désir.
Une partie qui, quand on y regarde de près, se joue aujourd'hui encore.
Amour et pouvoir. Sexe et révolte. Eros et Polis. Autant de duos thématiques qui passent pour difficiles à intégrer de façon couplée à une fiction romanesque. Stendhal en proscrivait l'alliance, tenant que les affaires publiques, toujours plus ou moins vulgaires, n'avaient pas à être mêlées aux affaires privées, plus raffinées. Et pourtant, tout au long du XXe siècle et selon des formules variables, le roman de langue française n'a guère cessé de mettre en scène ces deux registres éminents de l'activité humaine, tantôt pour les unir et tantôt pour les mettre en conflit.
A chaque fois l'entreprise avait quelque chose de risqué : bien souvent on y touchait à des tabous et quelques-unes des oeuvres qui sont ici commentées ont choqué ou fait scandale. Le volume commence avec Proust, Desnos et Aragon, pour arriver à Ernaux, Houellebecq, Chessex et Carrère.
« Cet auteur ne cesse pas d'offenser », disait de Stendhal le philosophe Alain. De fait, Stendhal offense, heurtant les opinions convenues et bousculant les modèles reçus de la représentation. Il y va d'une forme d'engagement qui naît à même l'écriture, engagement d'abord littéraire, qui met en jeu le roman dans sa forme et ne craint pas de transgresser les règles implicites qui le gouvernent. Jacques Dubois montre dans ce livre que ce grand écrivain des enchantements amoureux est aussi le romancier le plus authentiquement politique que la France ait connu au XIXe siècle, décrivant sans pitié la glaciation que connut la société française durant la Restauration et la monarchie de Juillet. Tout le problème de Stendhal est en réalité de conjuguer deux mondes apparemment incompatibles, celui de la politique et celui de l'amour. Sa solution : faire de la passion amoureuse le lieu même de l'opposition politique. Or, dans ce jeu complexe, ce sont les femmes qui entraînent des héros moins résolus, tels que Fabrice Del Dongo et Julien Sorel, dans des actes éclatants de profanation symbolique. Plus généralement, la sociologie romanesque de Stendhal décrit chez ses personnages une lutte individuelle et collective pour la reconnaissance, qui met en cause tant le déterminisme des appartenances que les tyrannies du quotidien. Des personnages qui en disent long sur les rapports de société et sur ce que l'évidence de ces rapports dissimule. Au gré de ces épisodes, une science du social se fait jour, une science vagabonde, qui ne se réclame pas d'un programme explicite. Mais la lecture de Jacques Dubois montre aussi à travers quels biais l'auteur du Rouge et le Noir, au-delà de ses ambitions esthétiques, a ouvert la voie aux sciences sociales et les a accompagnées dans leurs développements.
Résumé bientôt disponible
Une exploration du processus de création à travers le travail de composition, la reprise de données biographiques, la référence aux grandes stratifications sociales, l'utilisation des codes du réalisme et un mode inédit d'organisation du texte.
Le monde depuis 1870 est destiné aux étudiants de premier cycle (Licence, Classes préparatoires aux grandes écoles, jusqu'à la préparation du CAPES) et peut également être prescrit aux candidats à des concours sciences-po et administratifs pour leurs épreuves d'histoire contemporaine.
Soucieux de leur offrir une information claire et précise, ce livre retrace l'évolution politique, économique, sociale et culturelle du monde depuis l'expansion coloniale et la généralisation de l'industrialisation jusqu'à la mondialisation la plus récente. Il accorde une place significative à la France mais aussi aux mondes extra-européens dont la place évolue considérablement dans les relations internationales au cours de la période considérée.
Ce manuel s'organise autour de trois temps forts :
- COURS : les notions sont exposées avec un accompagnement pédagogique pour faciliter la compréhension et la mémorisation (définitions, biographies, cartes, points à retenir, dates clés et bibliographie commentée).
- MÉTHODES : les méthodes de la dissertation et du commentaire de document (texte, statistiques, iconographie) sont présentées avec des exemples de sujets corrigés.
- ATLAS : en fin d'ouvrage, un ouvrage tout en couleur propose les cartes essentielles.
Durant les années 1970, la vie culturelle connaît à Liège une ébullition extraordinaire. Du Conservatoire à la RTB-Liège, du Cirque divers aux Grignoux et à l'Université, on voit des institutions, des groupes improvisés, des animateurs polariser cette effervescence. Des créateurs apparaissent - Pousseur, Charlier, Lizène, les Dardenne, Delcuvellerie, Houben... - qui déjà marquent l'époque de leur empreinte. Collectif, le présent ouvrage se veut une histoire vivante de cet épisode foisonnant. Il relie celui-ci aux événements sociaux qui ont préparé ou marqué les années en cause. La décennie 1970 s'inscrit à Liège dans la mouvance des grèves de 1960 en Belgique, dans celle de Mai 68 et dans un mouvement de luttes auquel artistes et intellectuels furent associés. Cette décennie peut paraître lointaine. Mais son héritage n'a pas fini d'enrichir la vie culturelle d'aujourd'hui. Ce sont aussi ces transmissions que l'ouvrage interroge.
Le Havre célèbre en 2017 ses 500 ans. Le port est né en même temps que la ville et n'a jamais cessé d'évoluer. Une histoire d'hommes, d'ingénieurs, d'armateurs.