En 1978, paraissait un essai qui changeait la perception commune de la littérature : L'Institution de la littérature, devenu depuis un classique de la sociologie littéraire. Son auteur analysait la littérature comme un lieu de pouvoir d'autant plus puissant qu'il ne s'avoue jamais comme tel. En tant qu'institution, la littérature n'obéit à aucune charte, n'est dotée que d'une faible visibilité, mais ses mécanismes et ses effets peuvent se mesurer. Décrivant la littérature des XIXe et XXe siècles en ces termes, Jacques Dubois démontait, pièce par pièce, la littérature dans ses croyances, ses mythes et ses rituels.
Dans ce recueil d'entretiens, Jacques Dubois évoque d'abord son milieu familial et social. Dubois a été professeur en Belgique, aux États-Unis, en Suisse, au Québec, à Paris ou à Madagascar. Il a par ailleurs participé à l'aventure du Groupe µ, puis a publié de nombreux ouvrages sur la littérature. Il a dirigé le quotidien La Wallonie, contribué à la naissance de collections dont Espace Nord chez Labor et Points Lettres au Seuil, et a été un des rédacteurs du Manifeste pour la culture wallonne de 1982. Ces activités donnent lieu à des anecdotes succulentes, il est question des hommes et des femmes rencontrés par Dubois au fil du temps : Pierre Bourdieu, Hubert Nyssen ou Brigitte Lahaie ! Avant tout, pour Jacques Dubois la littérature est une raison de vivre et de combattre.
Réalités psychiques, les personnages des romans vivent en nous avec plus ou moins d'intensité. À quelques-uns, nous réservons un accueil si particulier que nous aimerions nous introduire dans leur vie et leur univers.
C'est bien ce que fait ici l'auteur en donnant vie à quelques figures, avec lesquelles il a noué des relations de vive affection. Il leur confère une autonomie particulière, allant jusqu'à infléchir, au gré d'une interprétation des oeuvres correspondantes, leurs destins. C'est pour lui façon de rendre justice à des personnages que leurs créateurs ont injustement traités, depuis la Valérie Marneffe de Balzac jusqu'à la Marie de Jean-Philippe Toussaint.
Elle survient dans un roman où elle n'était pas attendue et qui, de toute façon, n'était pas son genre. Elle va ensuite y prendre une place hors de proportion avec sa vocation première. Elle quittera pourtant la scène bien avant la fin. Mais le vaste intermède de ses amours avec le héros lui aura suffi pour infléchir le cours des choses, faire que son image irradie la fiction et invite le romancier à réajuster son point de vue sur l'univers social.
Elle, c'est Albertine Simonet, la "jeune fille en fleurs", la "prisonnière", la "fugitive". La critique a toujours ignoré son rôle, alors qu'elle figure dans un tiers du roman et que, entre la noblesse rayonnante des Guermantes et la bourgeoisie mesquine des Verdurin, elle introduit une troisième voie, celle d'une bourgeoisie ascendante, éprise de grand air, de sports, d'arts et de vitesse. La jeune femme annonce la fin d'un monde et oblige à une conception plus réaliste du social, à une sociologie désenchantée.
Mais ce livre n'est pas seulement un portrait sociologique - en parlant du style d'Albertine, de sa présence, toujours déroutante, Jacques Dubois nous propose de lire la biographie d'un personnage.
Le roman policier est à peu près le seul genre qu'ait inventé la littérature moderne.
Mais il y a plus étonnant : ce même roman, réputé ludique, réputé trivial, est l'expression de la modernité même, dont il accompagne la naissance et le développement. Elle fait de lui, aujourd'hui, une forme universelle, trans-médiatique, interchangeable. Le policier comme grande forme moderne est ici décrit et interrogé en référence à sa tradition française. Il l'est à travers une histoire, c'est-à-dire le moment d'une émergence ; il l'est à travers des structures et des modes spécifiques de fonctionnement, il l'est en trois expériences de création (Leroux, Simenon et
Japrisot), qui voient cette forme accéder à un sens politique.
Curieusement, ce sens s'accompagne d'une figuration mythique où se reformule sans trêve l'expérience ?dipienne. Bref, si, pour notre plaisir, le polar reste le polar, le lire distraitement n'est plus possible désormais.
La Terre est sur le point de s'éteindre. L'humanité se trouve à un tournant important de son évolution, il lui faut alors faire un choix : tenter de rester en vie ou conquérir l'espace pour assurer ses besoins. Birguite Neyls, une jeune Suédoise de seize ans, défend ardemment la première solution. Au risque de nier la démocratie, elle veut faire adopter par nos gouvernements des mesures drastiques de protection de l'environnement qui provoqueraient un énorme tsunami social. Dès lors, l'ascendant qu'elle exerce sur les jeunes activistes transforme la lutte pour l'environnement en véritable religion. La deuxième option est défendue par deux femmes amies et complices, Nadège Conrady, la scientifique de génie et Raphaëlle Redarrow, le prodige de la finance. Malheureusement, leur amitié et leur complicité ne résisteront pas à la course aux profits de l'économie. De cette triple guerre dépendra le sort de l'Humanité...