En 1978, paraissait un essai qui changeait la perception commune de la littérature : L'Institution de la littérature, devenu depuis un classique de la sociologie littéraire. Son auteur analysait la littérature comme un lieu de pouvoir d'autant plus puissant qu'il ne s'avoue jamais comme tel. En tant qu'institution, la littérature n'obéit à aucune charte, n'est dotée que d'une faible visibilité, mais ses mécanismes et ses effets peuvent se mesurer. Décrivant la littérature des XIXe et XXe siècles en ces termes, Jacques Dubois démontait, pièce par pièce, la littérature dans ses croyances, ses mythes et ses rituels.
Ce livre décrit et met en place la lignée des grands romanciers qui ont pris en charge la représentation de la société française pendant un bon siècle.
Soit en succession balzac, stendhal, flaubert, zola, maupassant, proust, céline et simenon. ces auteurs participent tous de la problématique réaliste mais ont aussi en commun de ne pas s'y enfermer, de réussir à la dépasser, leur préoccupation récurrente étant de débusquer les mécanismes et structures du social à différentes époques.
Ainsi chaque romancier finit par mettre en oeuvre une sociologie qui lui est propre.
Celle-ci cependant n'est pas le fait d'un discours rapporté mais se dégage de la fiction même, de son imaginaire, de son écriture. dans des aperçus d'ensemble comme en huit " portraits " particuliers, on verra comment les différents romanciers jouent ainsi une partie serrée, en tentant de réconcilier ces postulats contradictoires que sont la totalité et le détail, la nécessité et la contingence, la vérité et le désir.
Une partie qui, quand on y regarde de près, se joue aujourd'hui encore.
Dans ce recueil d'entretiens, Jacques Dubois évoque d'abord son milieu familial et social. Dubois a été professeur en Belgique, aux États-Unis, en Suisse, au Québec, à Paris ou à Madagascar. Il a par ailleurs participé à l'aventure du Groupe µ, puis a publié de nombreux ouvrages sur la littérature. Il a dirigé le quotidien La Wallonie, contribué à la naissance de collections dont Espace Nord chez Labor et Points Lettres au Seuil, et a été un des rédacteurs du Manifeste pour la culture wallonne de 1982. Ces activités donnent lieu à des anecdotes succulentes, il est question des hommes et des femmes rencontrés par Dubois au fil du temps : Pierre Bourdieu, Hubert Nyssen ou Brigitte Lahaie ! Avant tout, pour Jacques Dubois la littérature est une raison de vivre et de combattre.
Longtemps occulté par la dimension psychologique d'une oeuvre qui semblait tout entière dédiée à l'exploration des tourments du coeur et de l'esprit, le « sens du social » de Proust apparaît désormais avec évidence. Il est du moins aisé de lire la Recherche comme une succession de scènes de salon où se déploient, au gré des interactions des personnages, des luttes de pouvoir et de prestige entre castes ou clans.
Mais cette description acérée du chassé-croisé d'une noblesse en déliquescence et d'une bourgeoisie cloisonnée se réduit-elle à une « sociologie amusante » de la Belle Époque ? Et si l'on trouvait, chez ce contemporain de la naissance d'une discipline avec laquelle il avait pourtant peu d'affinités, une pensée du social originale, susceptible d'aiguiser notre propre regard sociologique ? Telle est la piste, audacieuse et féconde, que nous invite à suivre ici Jacques Dubois. Le petit monde proustien auquel il nous introduit se révèle peuplé de figures clivées, ambivalentes, à l'image de Gilberte Swann, dont le caractère « alternatif » est emblématique des héritages concurrents dont nous sommes porteurs, au point que certains en arrivent à renier d'un instant sur l'autre les versions précédentes d'eux-mêmes.
En distillant avec humour et finesse la sociologie paradoxale qui irrigue le grand oeuvre proustien, Jacques Dubois nous en offre une puissante redécouverte.
Réalités psychiques, les personnages des romans vivent en nous avec plus ou moins d'intensité. À quelques-uns, nous réservons un accueil si particulier que nous aimerions nous introduire dans leur vie et leur univers.
C'est bien ce que fait ici l'auteur en donnant vie à quelques figures, avec lesquelles il a noué des relations de vive affection. Il leur confère une autonomie particulière, allant jusqu'à infléchir, au gré d'une interprétation des oeuvres correspondantes, leurs destins. C'est pour lui façon de rendre justice à des personnages que leurs créateurs ont injustement traités, depuis la Valérie Marneffe de Balzac jusqu'à la Marie de Jean-Philippe Toussaint.
Elle survient dans un roman où elle n'était pas attendue et qui, de toute façon, n'était pas son genre. Elle va ensuite y prendre une place hors de proportion avec sa vocation première. Elle quittera pourtant la scène bien avant la fin. Mais le vaste intermède de ses amours avec le héros lui aura suffi pour infléchir le cours des choses, faire que son image irradie la fiction et invite le romancier à réajuster son point de vue sur l'univers social.
Elle, c'est Albertine Simonet, la "jeune fille en fleurs", la "prisonnière", la "fugitive". La critique a toujours ignoré son rôle, alors qu'elle figure dans un tiers du roman et que, entre la noblesse rayonnante des Guermantes et la bourgeoisie mesquine des Verdurin, elle introduit une troisième voie, celle d'une bourgeoisie ascendante, éprise de grand air, de sports, d'arts et de vitesse. La jeune femme annonce la fin d'un monde et oblige à une conception plus réaliste du social, à une sociologie désenchantée.
Mais ce livre n'est pas seulement un portrait sociologique - en parlant du style d'Albertine, de sa présence, toujours déroutante, Jacques Dubois nous propose de lire la biographie d'un personnage.
Le roman policier est à peu près le seul genre qu'ait inventé la littérature moderne.
Mais il y a plus étonnant : ce même roman, réputé ludique, réputé trivial, est l'expression de la modernité même, dont il accompagne la naissance et le développement. Elle fait de lui, aujourd'hui, une forme universelle, trans-médiatique, interchangeable. Le policier comme grande forme moderne est ici décrit et interrogé en référence à sa tradition française. Il l'est à travers une histoire, c'est-à-dire le moment d'une émergence ; il l'est à travers des structures et des modes spécifiques de fonctionnement, il l'est en trois expériences de création (Leroux, Simenon et
Japrisot), qui voient cette forme accéder à un sens politique.
Curieusement, ce sens s'accompagne d'une figuration mythique où se reformule sans trêve l'expérience ?dipienne. Bref, si, pour notre plaisir, le polar reste le polar, le lire distraitement n'est plus possible désormais.
Amour et pouvoir. Sexe et révolte. Eros et Polis. Autant de duos thématiques qui passent pour difficiles à intégrer de façon couplée à une fiction romanesque. Stendhal en proscrivait l'alliance, tenant que les affaires publiques, toujours plus ou moins vulgaires, n'avaient pas à être mêlées aux affaires privées, plus raffinées. Et pourtant, tout au long du XXe siècle et selon des formules variables, le roman de langue française n'a guère cessé de mettre en scène ces deux registres éminents de l'activité humaine, tantôt pour les unir et tantôt pour les mettre en conflit.
A chaque fois l'entreprise avait quelque chose de risqué : bien souvent on y touchait à des tabous et quelques-unes des oeuvres qui sont ici commentées ont choqué ou fait scandale. Le volume commence avec Proust, Desnos et Aragon, pour arriver à Ernaux, Houellebecq, Chessex et Carrère.
La Terre est sur le point de s'éteindre. L'humanité se trouve à un tournant important de son évolution, il lui faut alors faire un choix : tenter de rester en vie ou conquérir l'espace pour assurer ses besoins. Birguite Neyls, une jeune Suédoise de seize ans, défend ardemment la première solution. Au risque de nier la démocratie, elle veut faire adopter par nos gouvernements des mesures drastiques de protection de l'environnement qui provoqueraient un énorme tsunami social. Dès lors, l'ascendant qu'elle exerce sur les jeunes activistes transforme la lutte pour l'environnement en véritable religion. La deuxième option est défendue par deux femmes amies et complices, Nadège Conrady, la scientifique de génie et Raphaëlle Redarrow, le prodige de la finance. Malheureusement, leur amitié et leur complicité ne résisteront pas à la course aux profits de l'économie. De cette triple guerre dépendra le sort de l'Humanité...
Jacques Dubois, plus connu sous le nom de Sylvius, est un précurseur dans la théorisation de la langue française. Publié en 1531, ce volume comprend une Isagoge, ouvrage novateur de phonétique historique, et une grammaire « latino-française » ordonnée selon le classement traditionnel de la grammaire latine.
Au coeur du conflit franco-anglais et des rivalités entre rois de France et grands vassaux, le comté puis duché d'Alençon - entre 1370 et 1560 - joue au niveau national un rôle qui n'avait pas été le sien auparavant et qu'il n'a jamais retrouvé par la suite. L'activité créatrice, jusque-là assez marginale, s'en trouve stimulée.
Au coeur du conflit franco-anglais et des rivalités entre rois de France et grands vassaux, le comté puis duché d'Alençon - entre 1370 et 1560 - joue au niveau national un rôle qui n'avait pas été le sien auparavant et qu'il n'a jamais retrouvé par la suite. L'activité créatrice, jusque-là assez marginale, s'en trouve stimulée.
L'ouvrage proposé par Jacques Dubois, qui renoue avec la tradition ancienne des dictionnaires d'artistes, nous offre un répertoire de quelque 550 noms, réunissant métiers du livre, de l'orfèvrerie, du bâtiment, de la sculpture, de la peinture et du textile. Son originalité tient à l'exhaustivité des notices prosopographiques, qui ne se limitent pas au catalogue des travaux des artistes et artisans d'Alençon, mais dépeignent la carrière et l'activité professionnelle de ces derniers ainsi que leur environnement familial et social. L'ensemble est enrichi d'une étude synthétique relative au milieu de la construction et de la commande artistique ainsi que d'un appareil de pièces justificatives comprenant des documents inédits et un inventaire des constructions civiles. Le résultat offre un tableau riche et novateur des milieux artistiques et de la construction jusqu'alors complètement oubliés pour Alençon, pourtant capitale d'apanage.
« Cet auteur ne cesse pas d'offenser », disait de Stendhal le philosophe Alain. De fait, Stendhal offense, heurtant les opinions convenues et bousculant les modèles reçus de la représentation. Il y va d'une forme d'engagement qui naît à même l'écriture, engagement d'abord littéraire, qui met en jeu le roman dans sa forme et ne craint pas de transgresser les règles implicites qui le gouvernent. Jacques Dubois montre dans ce livre que ce grand écrivain des enchantements amoureux est aussi le romancier le plus authentiquement politique que la France ait connu au XIXe siècle, décrivant sans pitié la glaciation que connut la société française durant la Restauration et la monarchie de Juillet. Tout le problème de Stendhal est en réalité de conjuguer deux mondes apparemment incompatibles, celui de la politique et celui de l'amour. Sa solution : faire de la passion amoureuse le lieu même de l'opposition politique. Or, dans ce jeu complexe, ce sont les femmes qui entraînent des héros moins résolus, tels que Fabrice Del Dongo et Julien Sorel, dans des actes éclatants de profanation symbolique. Plus généralement, la sociologie romanesque de Stendhal décrit chez ses personnages une lutte individuelle et collective pour la reconnaissance, qui met en cause tant le déterminisme des appartenances que les tyrannies du quotidien. Des personnages qui en disent long sur les rapports de société et sur ce que l'évidence de ces rapports dissimule. Au gré de ces épisodes, une science du social se fait jour, une science vagabonde, qui ne se réclame pas d'un programme explicite. Mais la lecture de Jacques Dubois montre aussi à travers quels biais l'auteur du Rouge et le Noir, au-delà de ses ambitions esthétiques, a ouvert la voie aux sciences sociales et les a accompagnées dans leurs développements.