«Considérez le cannibalisme universel de la mer, dont toutes les créatures s'entre-dévorent, se faisant une guerre éternelle depuis que le monde a commencé.Considérez tout ceci, puis tournez vos regards vers cette verte, douce et très solide terre ; ne trouvez-vous pas une étrange analogie avec quelque chose de vous-même ? Car, de même que cet océan effrayant entoure la terre verdoyante, ainsi dans l'âme de l'homme se trouve une Tahiti pleine de paix et de joie, mais cernée de toutes parts par toutes les horreurs à demi connues de la vie. Ne poussez pas au large de cette île, vous n'y pourriez jamais retourner.» Epris de mer, d'aventures et d'horizons lointains, le narrateur s'embarque à bord d'un baleinier, le Péquod, dont le capitaine est le taciturne Achab. Sauvage, celui-ci s'appuie sur une jambe artificielle taillée dans l'ivoire d'une baleine. Sa jambe a été emportée par la terrible baleine blanche, Moby Dick. Depuis, Achab n'a qu'une idée en tête : voguer sur toutes les mers du globe à la recherche de Moby Dick, l'irréductible baleine. Et la lutte sera acharnée...
«Une fois dans la bibliothèque, il me fallut environ deux secondes pour mettre la main sur le Bartleby de Melville. Bartleby ! Herman Melville, Bartleby, parfaitement. Qui a lu cette longue nouvelle sait de quelle terreur peut se charger le mode conditionnel. Qui la lira le saura.» Daniel Pennac.
Ce premier volume des Poésies complètes d'Herman Melville regroupe toute l'oeuvre poétique de l'auteur de Moby Dick, à l'exception de Clarel qui, en raison de sa singularité et de sa dimension (l'un des plus longs poèmes de langue anglaise, plus long que Le Paradis perdu de Milton ou le Don Juan de Byron), fera l'objet d'une publication à part, dans un second tome. Figurent ici le recueil publié par Melville chez Harper Bros., Tableaux et aspects de la guerre (1866), ainsi que les deux plaquettes qu'il a éditées à compte d'auteur à vingt-cinq exemplaires chacune, John Marr et autres marins (1888) et Timoleon (1891). À ces trois recueils achevés et parus du vivant de l'auteur s'ajoutent trois ensembles : Herbes folles et sauvageons..., avec Une rose ou deux, le manuscrit que Melville avait laissé à sa mort, l'ensemble étant largement inédit en français ; Parthenope, constitué de deux longs poèmes attribués à deux personnages imaginaires ; et une quarantaine de poèmes épars. Très diverse dans la forme comme dans les thématiques, la poésie de Melville constitue, en quelque sorte, le troisième « acte » de son oeuvre, après la période des romans (1846-1857), et celles des nouvelles (1853-1856). On retrouve, en particulier dans Tableaux et aspects de la guerre qui est sans doute avec les Drum-Taps de Walt Whitman, le plus beau et poignant recueil poétique consacré à la guerre de Sécession, le souffle melvillien, qui ne s'apaise peut-être que dans les poèmes d'amour de la toute fin, ceux de Herbes folles et sauvageons..., dédiés à son épouse. Chacun de ces recueils ou ensembles tourne autour d'une même thématique, ce qui donne à chacun une tonalité différente, une force et une inspiration sans cesse renouvelée, surprenant souvent le lecteur par son audace et son originalité. Si Timoléon (seul recueil intégralement traduit en français à ce jour) est inspiré des lieux visités lors du séjour de Melville en Europe et au Proche-Orient, John Marr est comme l'adieu à la mer de celui qui fut sans doute l'un de ses plus grands chantres. Melville est un écrivain du souffle, son écriture est celle du long cours. La forme poétique l'obligeant à endiguer la force prodigieuse de son inspiration, elle en fait d'autant mieux ressortir la sensibilité. Pour le lecteur francophone, la poésie de Melville pourrait bien être son chef-d'oeuvre inconnu.
« Bartleby », texte mondialement connu de Herman Melville, est l'arbre qui cache une importante forêt de nouvelles méritant d'être découvertes. Les traducteurs de cette édition, Thierry Gillyboeuf et Christian Garcin, ont réuni l'intégralité de ces textes, certains inédits en français. À côté des histoires de marin (Baby Budd), on découvre un Herman Melville volontiers facétieux (Moi & ma cheminée), voire satirique (Le Vieux Zack), sachant ménager du suspens (Le Campanile) ou usant avec malice du double sens (Le Tartare des Vierges), bref, un auteur complexe, drôle et caustique qu'il serait dommage de limiter à une histoire de chasse à la baleine.
Cette nouvelle traduction, présentée et annotée par les traducteurs, suit l'ordre chronologique d'écriture de Melville.
J'étais donc assis dans cette même posture lorsque je l'appelai et lui exposai rapidement ce que j'attendais de lui, savoir, l'examen de concert d'un petit document.
Imaginez ma surprise, non, mon indignation, lorsque, sans se départir de son quant-à-soi, bertleby, d'une voix singulièrement douce et ferme me répondit, " je ne préférerais pas ". herman melville
Pierre doit épouser Lucy. Il découvre qu'il a une demi-soeur que sa mère refuse de reconnaître. Pierre s'enfuit alors avec elle, à New York, où Lucy s'avise de les rejoindre pour vivre avec eux. Bientôt, leur vie à trois devient l'objet d'un scandale. Cette vie tourne au cauchemar quand Pierre, devenu assassin, entraîne ses compagnes dans la mort.
Un roman somptueux, publié en 1852, d'une force et d'une modernité implacables.
Le chef-d'oeuvre de Melville (1819-1891) comme on ne l'a jamais lu dans l'édition française : un Moby-Dick conté à deux voix par le texte et l'image. Par Melville, bien sûr, et par l'artiste américain Rockwell Kent (1882-1971) qui a illustré une édition du roman en 1930. Dans le choix que nous donnons de ses somptueuses gravures au trait, célèbres aux États-Unis, peu connues en France, les personnages, les lieux, les scènes prennent vie avec leur charge de poésie et de mystère. On peut parier que John Huston s'en est inspiré en 1956 pour son adaptation au cinéma. Philippe Jaworski invite le lecteur à lire ce texte comme une épopée du travail soutenue par trois forces majeures : l'équipage du Pequod, véritable navire-monde ; le capitaine Achab, personnage forgé d'après les modèles bibliques, les héros shakespeariens, Prométhée, Lucifer et Faust, et la voix d'Ismaël. chroniqueur, metteur en scène et commentateur de la chasse quasi mystique d'Achab. Autant de pistes de réflexion qui permettent d'entrer dans l'imagination mythographique de Melville. On retrouvera toute la sauvagerie de la chasse décrite par Melville, dans une campagne de pêche de la baleine, amplement illustrée de gravures anciennes et de photographies, dont les images sont mises en miroir d'extraits de Moby-Dick. Livre culte par excellence, Moby-Dick n'a cessé de nourrir et d'inspirer la littérature et les arts. Retraçant l'histoire des origines, de la composition et de la postérité du roman, on suivra, dans une quarantaine d'extraits de textes de Job et Jonas à Pierre Senges (en passant par Rabelais, Lawrence, Pavese, Sartre, Blanchot, Gadenne, Auden, Perec, Deleuze... ) le fascinant et redoutable monstre marin dans ses surgissements et ses représentations, les commentaires qu'il a suscités et les harponnages littéraires qu'il a inspirés.
«Bartleby the Scrivener est l'histoire d'un homme qui préfère ne plus jouer au jeu des hommes, ou, comme on dirait aujourd'hui, qui préfère ne plus jouer le jeu des hommes. Il exprime cette préférence par un conditionnel poli, I would prefer not to, mais elle est à ce point radicale qu'il se refuse à toute explication.» Daniel Pennac.
«En 1843, je pris la mer comme "simple matelot" à bord d'une frégate des États-Unis qui se trouvait mouillée dans un port de l'océan Pacifique. Après être resté plus d'une année sur cette frégate, je fus libéré du service lorsque le navire revint à son port d'attache. Mes expériences et mes observations sont consignées dans le présent ouvrage.» New York, mars 1850.Herman Melville avait rédigé ces quelques phrases en guise de préface à la première édition américaine de La vareuse blanche. Il s'agit donc d'un récit vécu, à l'état brut, qui décrit en détail les conditions de servitude inhumaine auxquelles étaient soumis les matelots au XIXe siècle. L'auteur nous fait revivre l'immense voyage qu'il fit, tout au long des côtes du Pacifique et de l'Atlantique, en passant par le redoutable cap Horn.White Jacket, surnom que Melville adopte ici, est le héros de cette épopée en prose. Il ne fait qu'un avec sa «vareuse blanche» fantomatique, vêtement bizarre qu'il a confectionné avec amour afin d'affronter les tempêtes du cap Horn, mais qui lui vaut l'antipathie de ses compagnons superstitieux et manquera même de provoquer sa perte...
Un premier avril, au lever du soleil, un homme vêtu de couleurs pâles apparut sur le quai de la ville de Saint-Louis.
Le Grand Escroc, dernier roman publié par Herman Melville, retrace la fructueuse journée d'un fabulateur machiavélique, monté à bord d'un vapeur, sur le Mississipi. Imprévisible, insaisissable, il use des plus surprenantes métamorphoses pour placer le genre humain face à ses ridicules - et à ses éternelles contradictions.
Suaves sont les oasis du sahara ; charmant l'archipel de bosquets dans les prairies d'août; délicieuse l'aiguille de loyauté dans la meule des perfidies ; mais plus suave, plus charmant, plus délicieux ce rêve enfoui au coeur de pierre étourdissant de londres, le paradis des célibataires.
Le mot Taïpi désigne à la fois une région de l'île Nuku-Hiva, de l'archipel des Marquises, et la population qui l'habite. C'est ce pays et ces hommes que le jeune matelot Herman Melville, évadé du navire baleinier la Dolly, fut, vers 1843, amené à connaître. Les Taïpis ont une horrible réputation : on les dit cannibales. Cela n'empêcha pas Melville et son camarade Toby de se réfugier chez eux. Contre toute attente, les deux fugitifs furent très bien accueillis et vécurent avec les Taïpis des mois merveilleux. Melville fait revivre la gentillesse et l'intelligence de ses hôtes, ses amours avec la belle Faïaoahé, ses nobles discussions avec le grand chef Mehevi, ses démêlés avec Kory-Kory son domestique... C'est vraiment un Eden que Melville a recréé.
Redécouvrez la chasse à Moby Dick dans une version adaptée et illustrée, idéale pour des jeunes de 7 ans et plus.
Cette collection spécialement conçue pour des enfants de 7-8 ans reprend des grands textes de la littérature de jeunesse, en les rendant accessibles au niveau de lecture et de compréhension de ces jeunes lecteurs.
En fin d'ouvrage, un lexique et des questions de compréhension permettent de vérifier que l'enfant a bien saisi ce qu'il a lu.
Loin de constituer des « fonds de tiroir » disparates, les textes de Herman Melville (1819-1891) regroupés dans Le génie américain montrent une dimension inattendue chez cet écrivain indissociable du plus grand roman de la mer qu'est Moby Dick : son rapport aux États-Unis et son questionnement de l'identité américaine.
Herman Melville, sans doute le plus grand romancier américain du XIXe siècle, ne fut pas seulement l'auteur de «Moby Dick», mais aussi d'un bon nombre de nouvelles qui sont des chefs-d'oeuvre du genre. Dans ce moule étroit, Melville a coulé toute la profondeur et la richesse d'invention de ses ouvrages plus amples : les deux récits traduits ici nous le montrent à la fois réaliste, épousant le détail et le sordide de l'Amérique moyenne de son temps, et flamboyant, poussant l'écriture jusqu'aux portes du délire. Derrière les saynètes de Melville se profile sans cesse un encyclopédisme kaléidoscopique, qui convoque de multiples aspects de la tradition pour les plonger dans l'acide corrosif du monde moderne. Mélange explosif des genres qui a toujours pour enjeu une improbable transfiguration du réel quotidien : ces récits oscillent entre la jouissance et la résignation comme entre la faillite et le salut.
Au milieu d'un paysage campagnard - par ailleurs remarquablement décrit - s'élève le chant d'un coq. Banal au demeurant, sauf que ce chant-là, puissant et incroyablement mélodieux, prend des airs de cantiques et possède l'étrange vertu de chasser la moindre idée noire de quiconque viendrait à l'entendre. Hilarant et loufoque, le récit de Melville nous entraîne sur les talons du protagoniste, homme endetté et buveur invétéré, dans une truculente course au coq dont la conclusion tragique n'altère en rien la fraîcheur du texte. Mi allégorie, mi conte rural, Cocorico est un récit dont on suit la trame inhabituelle avec une impatience enjouée.
Herman Melville s'est inspiré, pour écrire Benito Cereno, d'un fait divers : des esclaves noirs, transportés à bord d'un galion espagnol, s'étaient révoltés, avaient massacré les Blancs, à l'exception du commandant, Don Benito Cereno, et de quelques matelots qu'il fallait épargner pour pouvoir être ramenés en Afrique. À court de vivre et d'eau et contraints de toucher à un petit port du Chili, ils avaient forcé Don Benito à feindre d'être resté le maître à bord, eux-mêmes demeurant apparemment ses esclaves soumis, et le Nègre Babo jouant auprès de lui, pour le surveiller étroitement, le rôle du serviteur personnel plein de zèle lors de son entretien avec le capitaine Delano. Celui-ci, en effet, mouillé dans le port et voyant ce navire évidemment désemparé, était venu lui offrir son aide. Mais il avait éprouvé à son bord un sentiment croissant d'étrangeté et de malaise, jusqu'au moment où un coup de théâtre - le saut de Don Benito par-dessus bord - avait révélé le véritable état des choses. De ce fait divers, le talent de Melville a fait une parabole, celle de l'ambiguïté foncière où est piégée l'infime condition humaine.
Loin du paradis tropical, les îles des Galapagos sont de gros rochers volcaniques peuplés de tortues, de serpents, d'araignées, de mouettes et de pélicans... Et pourtant, grâce au talent de Melville, elles deviennent les «Îles Enchantées» où folklore et récits de marins s'entremêlent pour envoûter voyageurs et lecteurs. Dans une suite d'esquisses, l'auteur de Moby Dick nous entraîne dans un voyage poétique et exotique.
Découvrez Omou - Récit d'aventures dans les mers du Sud, le livre de Herman Melville. "Les caractéristiques proverbiales des marins ne se révèlent peut-être nulle part aussi bien sous leurs aspects les plus farouches que dans les mers du Sud. La plupart des vaisseaux qui croisent dans ces eaux lointaines sont engagés dans la pêche au cachalot ; c'est un métier fait non seulement pour attirer les plus intrépides des matelots de toutes les nations, mais également pour nourrir en eux, de diverses façons, un esprit de licence extrême. En outre, ces voyages sont singulièrement longs et périlleux ; les seuls ports accessibles sont situés dans les îles barbares ou à demi civilisées de la Polynésie, ou le long de la côte occidentale de l'Amérique du Sud, où règne l'anarchie. D'où les incidents très extraordinaires, sans rapport direct avec la pêche, qui se produisent fréquemment parmi les équipages naviguant dans le Pacifique." New York, 26 janvier 1847
Dans les récits réunis ici se tissent des correspondances thématiques, notamment celle de l'individu en lutte avec le conformisme de son entourage. Touchantes, d'une grande finesse mais également d'une grande malice, ces nouvelles sont de véritables petits joyaux d'un des grands maîtres de la littérature américaine.
Personne ne souhaite dormir à deux dans un lit, fût-ce avec son propre frère. Je ne sais comment cela se fait, mais on aime être seul quand on dort. Et quand il s'agit de dormir avec un étranger inconnu, dans une auberge inconnue d'une ville étrangère, et que cet inconnu est un harponneur, les objections se multiplient à l'infini. Même en qualité de marin, je n'avais pas plus de raison que n'importe qui de coucher à deux dans un lit ; car les marins en mer ne couchent pas plus à deux dans un lit que ne le font à terre les rois célibataires.
Plus je songeais à ce harponneur, plus l'idée de dormir avec lui me répugnait. Il était bien probable que, vu sa qualité de harponneur, sa chemise ou son tricot, selon le cas, ne serait pas des plus frais, ni à coup sûr des plus fins. Toute ma chair s'en hérissait d'avance
«Lecteur, écoute! J'ai entrepris un voyage sans carte. Avec une boussole, nous n'aurions pas trouvé ces îles de Mardi. Ceux qui se lancent hardiment, en coupant tous les câbles, et se détournent de la commune brise (bonne pour les navigateurs ordinaires), ceux-là gonflent leurs voiles de leur propre souffle. Suivez de près le rivage, vous ne voyez rien. Mais si vous cherchez un monde nouveau, Ohé, la terre!:tel est le cri que vous entendez. [...] Et, si après mille efforts pénibles, le lecteur décrète qu'on n'a pas atteint le port, cependant il vaut mieux sombrer dans les profondeurs en cherchant avec ardeur, que flotter sur un banc de sable. Dieux, conduisez-moi au naufrage, si naufrage il doit y avoir!» Melville
Dans l'immense production littéraire de Ramón Gómez de la Serna, la greguería est un genre qu'il n'a cessé de cultiver.
De 1910 à 1962, les greguerías seront publiées dans la presse, incrustées dans d'autres livres, maintes fois réunies, inédites pour certaines ; elles sont de véritables petits chefs-d'oeuvre, des notations délicates, de purs joyaux ciselés dans le laboratoire génial de l'auteur.
" La greguería est née vers 1910, expliqua-t-il, un jour de fatigue et de scepticisme où je pris tous les ingrédients qui se trouvaient dans mon laboratoire, flacon après flacon, et les mélangeai.
De leur précipité, de leur dissolution radicale, surgit la "greguería", qui est "humour + métaphore" ou encore "l'urne de mes cendres quotidiennes", un "oeillet sur le mur"... "
Publié en 1888, trois ans avant sa mort, et après douze années de silence, John Marr et autres marins est l'avant-dernier recueil de Herman Melville. Inédit en français dans son intégralité, le recueil mélange deux récits où prose et poésie se répondent, quelques très longs poèmes (parmi les plus longs qu'il ait écrits), et un ensemble de courts poèmes dont il a le secret. Tous tournent, comme le suggère le titre, autour de la mer et constituent, en quelque sorte, le chaînon manquant entre Moby Dick et Billy Budd. Ils se nourrissent de la propre expérience de Melville et font remonter des souvenirs personnels dans des textes aux accents vibrants d'humanité et de déréliction. Car c'est cette fraternité humaine, dont il porte la nostalgie, qu'exalte Melville, par opposition à la nature inhumaine de la mer.