De 1941 à 1943, à Amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal. Le résultat : un document extraordinaire, tant par la qualité littéraire que par la foi qui en émane. Une foi indéfectible en l'homme alors qu'il accomplit ses plus noirs méfaits. Partie le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d'où elle envoie d'admirables lettres à ses amis, Etty Hillesum meurt à Auschwitz le 30 novembre de la même année.
L'attention portée à la vie brève et féconde d'Etty Hillesum, jeune juive hollandaise morte à Auschwitz à vingt-neuf ans, dépasse de loin le cercle des initiés. Jour après jour, dans un combat lumineux et acharné pour rencontrer la vérité et la réalité telle qu'elle est, elle confie à son journal son cheminement intérieur et son inébranlable parti pris d'espérance : la vie est "belle et pleine de sens" à chaque instant. Même les pires.
Le temps de vivre est un calendrier perpétuel avec un enseignement de sagesse par jour, extrait de son journal et de ses lettres depuis le camp de transit de Westerbrok.
Les extraits de « Le temps de vivre » sont axés sur sa transformation et sur son cheminement intérieur à portée universelle. Pour toucher un plus large public que celui qui l'identifie à l'enfer de la Shoah. Le processus de naissance à elle-même qui a été le sien est de tous les temps. Un livre qui brûle pour aujourd'hui.
Esther Hillesum est née en Zélande en 1914. Son journal, écrit entre 1941 et 1943 à Amsterdam, a connu un succès foudroyant lors de sa publication en 1981. Partie le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d'où elle a envoyé d'admirables lettres à ses amis, Etty Hillesum est morte à Auschwitz le 30 novembre de la même année.
Ce volume donne une image riche, nuancée et authentique d'une jeune femme d'exception: non pas une sainte étrangère au monde, mais une personnalité audacieuse et libertine. amoureuse de la vie, qui tente de dompter des dons intellectuels et artistiques dont le foisonnement anarchique l'entrave. C'est aussi un merveilleux journal intime. la chronique minutieuse et inlassable d'une passion, avec ses moments exaltants et ses crises de jalousie. et en contrepoint des tentatives toujours recommencées pour reconquérir un peu de distance et de sérénité. En outre, ce qu'on n'a jamais dit, Etty Hillesum a beaucoup d'humour et un vrai talent satirique, qui éclate dans le tableau qu'elle brosse de son entourage, même dans les heures les plus tragiques. crin, cette oeuvre nous confronte au mystère d'un cheminement spirituel qui est un refuge sans être un rejet du monde et des hommes, qui semble au contraire être un acquiescement. parfois même un émerveillement, et ce au pire moment de notre histoire.
L'édition intégrale des Écrits d'Etty Hillesum (De nagelaten geschriften van Etty Hillesum 1941-1943) a paru en néerlandais en 1986 et a été traduite dans de très nombreuses langues. Sa traduction française par Philippe Noble a paru en 2008 (Seuil, plus de 1000 pages). Hors de toute église et de toute confession, la voix de cette jeune femme est devenue pour nos contemporains une référence et un soutien essentiels.
La collection Ainsi parlait permet cette fois encore d'offrir une approche très nouvelle de l'oeuvre d'Etty en allant directement à l'essentiel de son message spirituel et en revenant au plus près du texte original. Etty y apparaît dans toute l'urgence et la spontanéité de son écriture, écrivaine toute débutante rassemblant dans des notes improvisées le matériau de ses futurs livres, quand la guerre serait finie.
On trouve dans les 228 fragments ici recueillis dans l'ensemble de ses écrits et présentés en édition bilingue néerlandais-français toute la force et la liberté de pensée de cette jeune femme exceptionnelle, affrontée à l'extermination méthodique des siens. De nombreuses réflexions qui passent souvent inaperçues dans la masse des Journaux et des Lettres sont ici mises en relief dans un phrasé qui s'efforce de retrouver un peu la spontanéité et la flamme de cette voix passionnée.
Ce qui frappe, c'est l'importance et la permanence de Rilke dans la méditation quotidienne d'Etty. Lorsqu'elle est à son tour internée au camp de Westerbork, c'est encore un livre de Rilke qu'elle emporte, avec la Bible et son dictionnaire de russe. Rilke est maître à écrire, autant que son maître de vie. C'est sur la place de Rilke dans la pensée d'Etty que se concentre ici la préface de Gérard Pfister, dans la droite ligne de celle qu'il a donnée en octobre dernier à sa traduction du Livre de la vie monastique, le livre de Rilke que cite le plus abondamment Etty.
Rappelons que, dès 2007, les Éditions Arfuyen ont publié un ouvrage intitulé Etty Hillesum, «histoire de la fille qui ne savait pas s'agenouiller », présentant trois lectures parallèles de cette oeuvre : juive (Claude Vigée), chrétienne (Dominique Sterckx) et laïque (Charles Juliet).
Cet ouvrage donnait aussi pour la première fois la parole à la famille d'Etty,?à travers le témoignage de notre cousine Liliane Hillesum, seule survivante de la famille de l'écrivaine. C'est à elle qu'est dédié le présent ouvrage.
De 1941 à 1943, à amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal et y consigne ce que vont être les dernières expériences de sa vie.
Le résultat: un document extraordinaire, tant par l'incontestable qualité littéraire que par la foi qui en émane. une foi indéfectible en l'homme alors même qu'il accomplit ses plus noirs méfaits.
Car si les années de guerre voient l'extermination des juifs partout en europe, elles sont belles et bien, pour etty hillesum, des années de développement personnel et de libération spirituelle.
Celle qui note en 1942 : " en dépit de toutes les souffrances infligées et de toutes les injustices commises, je ne parviens pas à haïr les hommes ", et, quelque temps plus tard : " j'ai déjà subi mille morts dans mille camps de concentration.
Tout m'est connu, aucune information nouvelle ne m'angoisse plus. d'une façon ou d'une autre, je sais déjà tout. et pourtant je trouve cette vie belle et riche de sens. a chaque instant. " celle-ci, donc, recherche et trouve sa morale propre et la justification de son existence dans l'affirmation d'un altruisme absolu. loin de se dérober au destin de masse qu'elle juge inéluctable, elle décide de l'assumer pleinement et d'employer ses talents à soulager les maux de ses compagnons de misère.
Partie du camp de transit de westerbork le 7 septembre 1943, etty hillesum est morte à auschwitz le 30 novembre de la même année.
"Ce sont des temps d'effroi, mon Dieu. Cette nuit, pour la première fois, je suis restée éveillée dans le noir, les yeux brûlants, des images de souffrance humaine défilant sans arrêt devant moi. Je vais te promettre mon Dieu, oh ! une broutille : je me garderai de suspendre au jour présent, comme autant de poids, les angoisses que m'inspire l'avenir ; mais cela demande un certain entrainement. Je vais t'aider, mon Dieu, à ne pas t'éteindre en moi, mais je ne puis rien garantir à l'avance." Extrait du journal d'Etty Hillesum.
Le public français connaissait déjà Une vie bouleversée, l'admirable journal tenu en 1941 et 1942 à Amsterdam par Etty Hillesum.
En pleine persécution, cette jeune femme juive découvrait en elle assez de ressources spirituelles pour continuer à croire en l'homme et à proclamer la beauté de la vie. A la mi-juillet 1942 commence la déportation massive des juifs néerlandais. Etty, employée du " Conseil juif ", se porte volontaire pour accompagner les déportés au camp de transit de Westerbork : elle veut partager, mais aussi alléger la souffrance des siens.
Elle passera un an au camp, d'abord " privilégiée " libre de ses mouvements, puis simple détenue, avant de monter à son tour dans les wagons à bestiaux, un mardi de septembre 1943. De ce séjour dans l'antichambre de l'holocauste, nous reste le témoignage des lettres qu'elle envoyait à ses amis d'Amsterdam. " Pour écrire la chronique de Westerbork, écrit-elle, il faudrait être un grand poète. Etty est ce poète qui porte un regard aigu et parfois satirique sur le monde absurde du camp, troupe de victimes livrées à leurs bourreaux, mais aussi société humaine en miniature.
C'est peut-être cela l'enfer : une société comprimée sur un demi-kilomètre carré, où une divinité sadique pratique chaque mardi -jour de départ des " convois "- un aveugle jugement dernier. Mais l'inestimable valeur de ces Lettres de Westerbork tient aussi à l'extraordinaire naturel, à la simplicité qui permet à Etty de passer sans transition de préoccupations quotidiennes à des élans d'amour et de compassion sublimes.
Car Etty n'est jamais un témoin détaché. Elle se projette dans tous les êtres qu'elle côtoie et puise pour sa part une sérénité étonnante dans la conviction qui l'habite : "il ne s'agit déjà plus de vivre, mais de l'attitude à adopter face à notre anéantissement " A propos d'Une vie bouleversée : " C'est un livre surprenant de force morale et de joie de vivre. " François Mitterand.
Etty Hillesum n'a cessé de nourrir la pensée de ceux qui, après sa disparition dans l'enfer nazi, ont trouvé une immense force spirituelle dans les pages du Journal qu'elle a laissé. La jeune femme hollandaise avait à sa table de travail, dans la petite chambre qu'elle occupait à Amsterdam au début des années 1940, la photographie d'une « petite marocaine », anonyme, aux yeux de feux.
Dans un univers fictionnel, Karima Berger ressuscite la figure de la petite marocaine et la fait entrer dans un dialogue d'une grande intensité spirituelle avec Etty Hillesum. Deux jeunes femmes, une juive, une musulmane, nouent au fil des pages une complicité pour dire le monde, et lui donner sens, même lorsqu'il paraît sombrer. Dans cet abandon au siècle, à ses périls, il y a une forme de résistance intérieure, un combat spirituel qui se fait jour chez ces deux attentives, l'une qui lit Rilke, l'autre le Coran.
Les phrases d'Etty Hillesum, qui rythment cet ouvrage, résonnent de manière inouïe, radicalement contemporaine, et donnent un écho inédit aux paroles des anonymes qui, telle la jeune marocaine, veillent intérieurement à l'ordre du monde.