On croit souvent que l'existence d'un paradoxe en physique signifie que la théorie n'a pas encore trouvé sa cohérence et que c'est par l'élimination du paradoxe qu'elle pourra s'accomplir.
À la fois historique des paradoxes, histoire de nos préjugés et de notre incapacité à faire la différence entre le réel et sa représentation, c'est à un véritable éloge paradoxal que se livre Étienne Klein, en montrant que l'existence des paradoxes est au contraire vitale pour la science : total défi à l'intelligence, ils mobilisent l'imagination et l'impatience de comprendre. Sans paradoxes, il n'y aurait qu'une science fermée qui s'assécherait elle-même.
L'étude qu'il propose des principaux paradoxes de la physique actuelle, en particulier ceux qui ont trait à la relativité, à la mécanique quantique, ou encore à la réversibilité du temps, nous aide à saisir leur nature et à mesurer leurs enjeux.
Étienne Klein enseigne la physique à l'École Centrale et dirige le Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière du C.E.A.
L'idée que la diversité du réel puisse être expliquée par une unité sous-jacente est sans doute aussi ancienne que la pensée elle-même : les grandes mythologies le racontent, les premiers philosophes l'affirment, et la science moderne en a repris le programme en unifiant les conceptions du monde, de la matière et du mouvement.
De ce pari métaphysique et quasiment religieux, la physique a aussi fait la vérité de sa démarche : identifier les objets les plus élémentaires possibles, violer les lois les plus fondamentales en cherchant à les raccorder jusqu'à pouvoir les unifier, fournir de l'ensemble la description la plus globale qui soit. Ce que l'on pourrait résumer par l'antique formule des néo-platoniciens : hen-ta-panta, c'est-à-dire l'« Un-toutes-les-choses ».
Mais comment appréhender le statut exact de cette quête d'unité ? Remontant à ses origines, examinant ses succès comme ses échecs, analysant sa place dans la physique d'aujourd'hui, Etienne Klein et Marc Lachièze-Rey en cernent les facettes. Le physicien, auteur de Conversations avec le sphinx, et l'astrophysicien, auteur de Connaissance du cosmos, font le tour des différentes formes de cette recherche, explorent les théories physiques qui s'en réclament de nos jours. Achevant leur livre par le procès de ces théories que l'on voudrait ultimes sous prétexte qu'elles aboutiraient à une plus ou moins grande unification, ils montrent que, loin d'être un résultat, l'unité de la physique est un processus qui n'a jamais fini de se déployer. Il faut qu'il y ait de l'Un pour que la physique existe, mais cet Un demeure un horizon vers lequel on est toujours en marche.
L'enjeu de ce dialogue entre un spécialiste de la pensée antique, Heinz Wismann, et un théoricien de la physique moderne, Étienne Klein, est de retracer la longue histoire de l'idée de l'atome qui n'a cessé de hanter l'imagination des chercheurs.
Il ressort de cette reconstruction des étapes successives de l'atomisme que, même si les moyens de vérification changent d'une époque à l'autre, c'est le génie créatif des savants qui, d'hypothèses en hypothèses, fait progresser les découvertes.
Depuis Démocrite, qui au V e siècle avant notre ère pense au vide dynamique, à la théorie moderne de l'atome, ce sont des hypothèses spéculatives qui ont fait bouger les lignes ; pour progresser, la science a besoin de « penser ».
Avec ces deux complices, il sera démontré de façon vivante et passionnante que la jonction se fait entre la science la plus avancée et la culture, que tout commence toujours par la pensée, la spéculation, c'est-à-dire quelque chose qui n'est pas encore schématisé.