"L'air du temps, en accusant la science de n'être qu'un récit parmi d'autres, l'invite à davantage de modestie. On la prie de bien vouloir gentiment "rentrer dans le rang" en acceptant de se mettre sous la coupe de l'opinion". Etienne Klein - La philosophie des Lumières défendait l'idée que la souveraineté d'un peuple libre se heurte à une limite, celle de la vérité, sur laquelle elle ne saurait avoir de prise : les "vérités scientifiques", en particulier, ne relèvent pas d'un vote.
La crise sanitaire a toutefois montré avec éclat que nous n'avons guère retenu la leçon, révélant l'ambivalence de notre rapport à la science et le peu de crédit que nous accordons à la rationalité qu'il lui revient d'établir. Lorsque, d'un côté, l'inculture prend le pouvoir, que, de l'autre, l'argument d'autorité écrase tout sur son passage, lorsque la crédibilité de la recherche ploie sous la force de l'événement et de l'opinion, comment garder le goût du vrai - celui de découvrir, d'apprendre, de comprendre ? Quand prendrons-nous enfin sereinement acte de nos connaissances, ne serait-ce que pour mieux vivre dans cette nature dont rien d'absolu ne nous sépare ?
« Je cours sur les traces des ducs de Savoie - c'est la TDS : 122 kilomètres, trente heures de course qui vous plongent dans la nuit. Les kilomètres et les dénivelés s'accumulant, après une quinzaine d'heures, la fatigue se fait sentir et on voit apparaître la dissociation corps-esprit. On expérimente le dualisme cartésien. Le corps semble ne plus comprendre dans quel projet on l'entraîne. Il faut alors lui parler, lui dire : «Tu ne sais pas où je t'emmène mais fais-moi un peu confiance et suis-moi.» » Étienne Klein court pour être relié au monde, aux paysages qu'il traverse, mais aussi à son corps qui nourrit sa pensée foisonnante. La sensation physique est, selon lui, l'élément fondateur de la conscience de soi ou de l'« esprit du corps ».
D´où vient l'univers ?
Et d'où vient qu'il y a un univers ?
Irrépressiblement, ces questions se posent à nous. Et dès qu´un discours prétend nous éclairer, nous tendons l´oreille, avides d´entendre l´écho du tout premier signal : les accélérateurs de particules vont bientôt nous révéler l´origine de l´univers en produisant des « big bang sous terre » ; les données recueillies par le satellite Planck nous dévoiler le « visage de Dieu » ; certains disent même qu´en vertu de la loi de la gravitation l´univers a pu se créer de lui-même, à partir de rien...
Le grand dévoilement ne serait donc devenu qu´une affaire d´ultimes petits pas ? Rien n´est moins sûr... Car de quoi parle la physique quand elle parle d´« origine » ? Qu´est-ce que les théories actuelles sont réellement en mesure de nous révéler ? À bien les examiner, les perspectives que nous offre la cosmologie contemporaine sont plus vertigineuses encore que tout ce que nous avons imaginé : l´univers a-t-il jamais commencé ?
Albert Einstein (1879-1955), c'est une façon d'être, de penser et de créer sans pareil. Il a mené avec une ardeur et une obstination tranquilles son enquête sur l'Univers, et permis de fonder une véritable cosmologie scientifique. Dans cet ouvrage inclassable - ni livre de vulgarisation ni biographie -, Étienne Klein nous invite à faire quelques pas en compagnie de ce géant de la physique, à la trajectoire atypique, cet humaniste conscient des dangers et des bouleversements qui menacent l'Europe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Ouvrage personnel qui juxtapose, à la manière d'un portrait cubiste, différents points de vue, entrecroise fragments de vie et découvertes scientifiques, et tente de mettre au jour la façon si singulière dont Einstein posait les problèmes.
Le temps est une «chose» introuvable dont l'existence ne fait aucun doute. Une «chose» dont tout le monde parle mais que personne n'a jamais vue. Nous voyons, entendons, touchons, goûtons dans le temps, mais non le temps lui-même. Contre toute attente, Chronos est un planqué, un caméléon qu'il faut débusquer sous nos habitudes de langage et de perception. Pour le déjouer, il va falloir l'effeuiller peu à peu, le déshabiller, le distinguer de ses effets les plus sensibles:la durée, la mémoire, le mouvement, le devenir, la vitesse, la répétition... Parce que les horloges ne mesurent pas forcément du temps. Parce que le temps est toujours là alors qu'on dit qu'il s'écoule. Et qu'il existe indépendamment de ce qui survient, se transforme, vieillit et meurt. Aujourd'hui, le regard le plus audacieux et le plus déconcertant sur le temps, c'est la physique qui le porte. De Galilée à Einstein, puis de l'antimatière aux supercordes, elle n'a cessé d'approfondir la question jusqu'à ouvrir des perspectives qui donnent le vertige:le temps a-t-il précédé l'Univers? Comment s'est-il mis en route? Pourrait-il inverser son cours? l'interrompre puis le reprendre? Existerait-il plusieurs temps en même temps? Au bout du compte, le temps pourrait ne plus du tout se ressembler.
La physique et la philosophie sont-elles deux genres de pensée différents ? Pas si sûr...
Étienne Klein, à partir d'exemples, montre bien que ces deux disciplines se répondent sans cesse et permettent une approche beaucoup plus affinée.
« La montagne est devenue mon véritable topos : je m'y sens à l'aise et parfaitement libre, ce qui est paradoxal, car c'est par nature un monde de contraintes. Je m'y sens chez moi et, qui plus est, en sécurité, ce qui constitue un autre paradoxe ».
Depuis un séjour à Chamonix, à vingt ans, où il a ressenti « l'aspiration par le mouvement vertical des cimes » chère à Gaston Bachelard, Étienne Klein nourrit une passion profonde pour la montagne. De la Corse à l'Annapurna, en passant par le Hoggar et les Alpes, il a pratiqué randonnée, alpinisme et, depuis quelques années, s'adonne au trail. Espace de beauté et de liberté, la montagne est pour lui un révélateur des êtres, de l'amitié et de la solidarité.
Les questions jaillissent alors chez l'homme de sciences : quelles sont les ressources du corps, quels sont ses liens avec l'esprit ? Gravir les parois est une manière d'étudier une notion physique, mais aussi métaphysique : le vide.
«Six livres en un seul volume:par l'effet de quelque intrication, le tout serait-il davantage que la somme de ses parties? Lorsque je les feuillette, je vois bien avec le recul qu'ils égrènent les notes symboliques d'une mélodie intime, celle de deux de mes passions les plus tenaces.
Au XXe siècle, le ciel de la physique a été traversé par une comète, un prodige, Ettore Majorana (1906-1938). Et l'histoire de la physique a connu une décennie miraculeuse, les années 1930, qui ont vu naître la physique quantique, celle de l'infiniment petit, sur laquelle s'appuie encore la physique actuelle. En mars 1938, à l'âge de 31 ans, après avoir accompli une oeuvre scientifique si considérable qu'elle demeure pour partie inexplorée, il décide de disparaître.Etienne Klein est parti sur ses traces, à Catane, Rome, Naples, Palerme. Mais Majorana n'est pas seulement un scientifique d'exception. C'est un personnage de roman qui se dérobe à mesure qu'on l'approche.En l'approchant, Etienne Klein nous transmet ce que la passion de la science peut avoir d'exclusif et d'absolument saisissant, ce que le génie peut avoir d'excessif et de subjuguant. Et en nous plongeant dans l'histoire de la physique quantique et de ses pères fondateurs, il donne vie à la physique d'aujourd'hui.
Dans ce livre, E. Klein prolonge un questionnement commencé avec les«Tactiques de Chronos»sur la nature profonde du temps. Il se concentre cette fois sur la distinction entre temps et devenir. Le cours du temps organise et ordonne la succession des instants et la flèche renvoie à la possibilité qu'ont les phénomènes de connaître des changements irréversibles.
Réunis pour la première fois en volume, les chroniques d'Etienne Klein s'attachent à des sujets universels ou d'actualité. Il fait preuve d'une capacité incroyable à déconstruire, à traquer les abus de langage, les lieux communs et les écueils du bon sens.
Ce physicien ne prend pas grand-chose pour argent comptant et la première équation à laquelle il croit est celle de l'humour.
L'heure qu'il est, le temps qu'il fait, l'espace du souvenir ou de la prévision : de quelque côté qu'on l'aborde, par le passé, le futur ou le présent, le temps s'échappe et nous fuit. Il est sans matière et pourtant nous habitons en lui, nous sommes emportés par lui, comme tout ce qui existe. Etienne Klein, à la fois physicien et philosophe, propose ici quelques pistes pour cerner la plus immédiate et la plus difficile de toutes les questions.
Présente la vie et l'oeuvre de sept physiciens qui par leurs travaux pendant la première moitié du XXe siècle ont contribué à la découverte de l'antimatière, à la mise au point des théories de la relativité, du big-bang, de la physique des particules, etc.
Dans la veine des «Tactiques de Chronos» (2004), essai consacré au temps, l'auteur interrogera la notion de vide sous toutes ses formes : philosophiques, scientifiques, culturelles, symboliques, langagières, et même sportives (avec l'alpinisme). En nous racontant l'histoire du vide, c'est presque toute l'histoire de la physique qu'il nous relatera. Car le statut que la physique accorde au vide est toujours corrélé à celui qu'elle accorde à la matière.
« Faisons-nous face à la dictature du progrès ? Jusqu'où doit-on oeuvrer, individuellement et collectivement, à faire progrès, à produire du progrès, à être en progrès ? L'adverbe est de lieu, il est aussi de direction, de périmètre, d'espace. Et, bien sûr, de sens. Ce postulat, ce qui l'interroge est légion. Le devenir de l'humanité passe par une approche d'un progrès utile, résultant d'un grandissement intérieur personnel partagé collectivement. Ce grandissement, c'est-à-dire cette appréhension d'un «sens» et d'une responsabilité revivifiés, convoque chacun. C'est à ce questionnement intime qu'invite ici Étienne Klein. » Denis Lafay
D'où vient l'univers ? Et d'où vient même qu'il y ait un univers ? Aura-t-il une fin ? Pourquoi les humains y sont-ils apparus ? Si ces questions nous obsèdent depuis toujours, celle de l'origine demeure la plus mystérieuse, la plus vertigineuse, d'où la profusion de discours - mythologiques, religieux ou philosophiques - qui tentent d'y répondre. C'est grâce à la science, aux découvertes de Newton, Galilée, Edwin Hubble, Alexandre Friedmann et Georges Lemaître, qu'on peut retracer le grand récit de l'univers, remonter son histoire à 13,7 milliards d'années, jusqu'à cette phase très dense et très chaude qu'on a appelée le big bang. Mais celui-ci n'est pas pour autant, comme on l'a imaginé, cette explosion originelle qui aurait créé tout ce qui existe. Cet instant zéro, peut-on le décrire, le penser, raconter d'où il peut bien provenir ? Et d'où serait venu l'univers d'avant le big bang ? Mystère ! Qu'il y ait eu origine ou pas, on ne part donc jamais de zéro. En parler, c'est parler de quelque chose qui était déjà là. Or, si quelque chose était déjà là, c'est bien qu'on ne parle pas de l'origine de l'univers, mais d'une étape de son histoire. Le début serait-il une question sans fin ?
La science est souvent présentée - et parfois pensée - comme un monstre froid capable d'exorciser l'imaginaire, vu comme un parasite, une scorie encombrante capable de souiller les meilleures intentions de la raison. L'adjectif « imaginaire » (un malade imaginaire.) ne renvoie-t-il pas à la fausseté, à l'irréalité, aux chimères, aux illusions, bref à toutes ces choses que la science se voue justement à combattre ? Mais si pareille caricature était exacte, d'où sortiraient les nouvelles idées ?
En 2000, Étienne Klein nous proposait un petit recueil associant nouvelles et essais, incursion dans un domaine nouveau pour lui. Depuis, il nous a émerveillés avec plusieurs essais scientifiques et philosophiques qui l'ont fait connaître, notamment du grand public littéraire. Son écriture s'est affinée mais son humour est resté. Avec ce nouveau bagage, il a repris ses nouvelles - abandonnant les essais qui ne lui paraissaient plus nécessaires et l'encombraient - et nous en propose une version aboutie.
Dans la première nouvelle, Paul se trouve en but avec ses propres atomes qui ne pensent pas comme lui ! Tenté par les idées de droite, son corps est composé d'atomes résolument gauchistes : comment concilier le tout et ses parties ? Dans la seconde, Paulus, disciple de Giordano Bruno, se trouve emprisonné et pense qu'il doit pouvoir s'évader en traversant simplement les murs, puisque tout est fait d'atomes séparés les uns des autres par du vide, y compris lui-même et la paroi de sa prison.
Chaque nouvelle, il y en a sept, met en scène un personnage dont le prénom est toujours une variation de Paul. Celui-ci défend, avec intransigeance et opiniâtreté, l'une des thèses que l'histoire des sciences a vu fleurir. Les différents Paul ont en commun de vivre dans leur chair les conséquences des idées auxquelles ils croient. En somme, leur corps finit par prendre au sérieux ce qu'ils pensent. L'histoire bascule alors dans la fiction : leurs idées se transforment en un piège dans lequel leur corps vient tomber. C'est la revanche du réel !
Chacune de ces petites histoires vient illustrer l'incomplétude de la thèse défendue par le héros, qui paie souvent chèrement son zèle dogmatique. Ce n'est pas que sa thèse soit tout à fait fausse. Elle n'est simplement pas assez vraie pour rendre compte de façon exhaustive du monde tel qu'il est vraiment. Le monde n'est-il pas toujours plus vaste que l'idée que nous nous en faisons ?
Le temps existe-t-il ? par quoi s'impose-t-il à nous ? comment se fait-il qu'il soit si difficile de répondre à ces questions ? d'abord, qu'est-ce que le temps ? peut-on seulement le penser ? serons-nous un jour capables de voyager dans le temps ?.
La science nous menace-t-elle ? Pourquoi les relations entre sciences, techniques et société ont-elles peu à peu pris les allu-res d'une crise ? Comment en sommes-nous venus à mettre en doute les idéaux qui, deux siècles plus tôt, nous semblaient fondateurs de la civilisation ? S'agit-il d'un reniement ou d'un sursaut de lucidité ? Telle la créature de Frankenstein, la recherche risque-t-elle d'échapper à ceux qui la font ? Peut-on, aujourd'hui, encore croire au progrès ?
Les nanotechnologies recouvrent désormais un spectre très large d'activités fort différentes qui vont de l'électronique dernier cri aux nouvelles biotechnologies en passant par la conception de matériaux dits "intelligents".Elles bénéficient depuis quelques années de crédits massifs et, comme elles concerneront sans doute tous les secteurs industriels, les plus classiques comme les plus high-tech, on les associe même à une véritable "révolution de civilisation" qui pourrait modifier spectaculairement nos façons de vivre, de travailler, de communiquer, de produire, de consommer, de contrôler, de surveiller. Dès lors, elles s'arriment à la question des valeurs, que celles-ci soient morales ou spirituelles, et interrogent l'idée que l'on se fait de la société, de ce qu'elle devrait être ou ne devrait jamais devenir.Une réflexion sur la science et la technique dans la société au plus près des progrès récents.