Trafalgar: aux oreilles des Français, le nom sonne amèrement. C'est aussi le cas pour les Espagnols. Du moins si l'on parle de la bataille de 1805. Car Trafalgar c'est également le premier des Épisodes nationaux (Episodios nacionales), la plus vaste construction romanesque des lettres espagnoles, jamais traduite en français jusqu'à présent.
Gabriel de Araceli vit sous la protection d'un vieil officier de la marine. La raison aurait voulu que son grand âge le préserve de la guerre. C'est l'avis de sa femme qui fulmine contre lui, contre le vieux Marcial à la jambe de bois, et contre Gabriel qui, dans sa jeune innocence, trépigne à l'idée d'assister à sa première bataille navale. Alors, c'est en catimini qu'ils désertent tous le foyer pour se lancer dans la mêlée. La suite on la connaît: face à l'amiral Nelson, la défaite franco-espagnole sera totale. les deux-tiers des navires seront détruits; le camouflet est sévère. Publié pour la première fois en 1873, le roman raconte mieux que n'importe quel livre d'histoire cette bataille historique et tragique. Dans un réalisme teinté d'humour, l'auteur nous immerge dans le feu de l'action et des canons, mettant en scène un patriotisme aussi exalté que meurtrier.
« La voiture poursuivait sa route encore et encore et, à cause de la chaleur qu'il faisait à l'intérieur, ou du mouvement lent et monotone du véhicule, phénomènes plongeant le passager dans une sorte de torpeur qui se transforme ensuite en sommeil, le fait est que mes paupières devinrent lourdes, je me penchai du côté gauche et, appuyant mon coude sur la pile de livres, je fermai les yeux. Dans cette position, je continuai à voir la rangée de visages d'hommes et de femmes qui me faisaient face : certains étaient barbus, d'autres étaient rasés, certains riaient, d'autres étaient sérieux et tendus. Il me sembla après coup qu'obéissant à la contraction d'un muscle commun, toutes ces figures clignaient de l'oeil et grimaçaient, ouvrant et fermant les yeux et la bouche, me révélant toutes, chacune à leur tour, un alignement de dents allant des plus blanches aux plus jaunes, certaines étant acérées, d'autres cassées et usées... » Maître incontesté de la littérature espagnole du XIXè siècle, Benito Pérez Galdós (1843-1920) est surtout connu pour son roman Tristana paru en 1892, et porté à l'écran en 1970 par Luis Bunuel, avec Catherine Deneuve dans le rôle-titre. Il est aussi l'auteur d'une oeuvre monumentale publiée entre 1875 et 1912 sous le titre Épisodes nationaux : une histoire romancée de l'Espagne de son époque.
Mais Galdos est surtout un grand nom du fantastique ibérique où le surnaturel se mêle à l'absurde et au grotesque, comme en témoignent les sept nouvelles qui constituent ce recueil et qui sont inédites en France.
Serait-il le plus grand auteur espagnol du XIXe siècle ? Là-bas, de l'autre côté des Pyrénées, on le présente comme l'égal de Balzac et de Dickens, il est un maître du roman de moeurs, un génie de la critique sociale - sachant que sa puissante ironie le relie à Cervantès. Mais si l'Espagne est la patrie des âmes originales, elle est aussi, hélas, un continent littéraire méprisé et Benito Pérez Galdós un géant méconnu.
Avec ce cycle des Romans de l'interdit, vous êtes sur le point de découvrir l'humanité et son théâtre comme jamais vous ne les avez lus.
1868 à Madrid. Tormento s'ouvre sur l'emménagement de la famille Bringas dans les étages supérieurs du Palais-Royal, véritable ville-dédale dont les logements sont réservés aux fonctionnaires de la Couronne.
Amparo - dite Tormento - est pauvre, extrêmement belle. Dévouée à en mourir, elle manque cruellement de caractère. Ainsi passe-t-elle ses journées à servir la famille Bringas et ses nuits à empêcher sa soeur de dépenser les trois sous qu'elle a difficilement gagnés. Agustín Caballero, un homme richissime, célibataire déconcertant, s'éprend de la jolie domestique. Tormento n'y est pas insensible, cependant elle doit cacher un grave secret qui, déjà, commence à s'ébruiter.
Dans le second roman du recueil, Galdós révèle le personnage de madame Bringas, déjà présent dans Tormento, ridicule et attachant ; on la retrouve ici dotée d'une finesse psychologique inattendue. Et si la famille Bringas fonctionne comme un astre autour duquel gravite une kyrielle de personnages, c'est bien l'amour et le désir qui sont au centre de toutes les intrigues.
Benito Pérez Galdós décrit dans ce diptyque les défauts et manigances humaines dans une langue riche et vive, soulignée par un humour à nul autre pareil. Excellant dans la construction de ses récits, il trame des intrigues qui se développent dans une succession de courts chapitres alliant l'art de la tension dramatique à celui de la parodie.
Par nature, on le sait, le genre humain se refuse à la simple observation ; et cependant, Galdós, lui, accomplit l'exploit de nous voir... de l'intérieur.
Publié en janvier 1892, Tristana correspond à l'apogée d'une carrière jalonnée de succès : d'épopées nationales en vastes fresques sociales, Pérez Galdos est devenu le plus grand écrivain espagnol de son temps. Mais Tristana ne ressemble pas aux autres romans de l'auteur : c'est un texte bref, dense, au réalisme estompé. L'action en est simple et la narration, souvent elliptique, se concentre sur trois personnages : l'orpheline Tristana, don Lope, son tuteur tyrannique, et Horacio Dias, son amant. Reste l'exploration psychologique, à laquelle Galdos se livre avec délice, mêlant l'humour, la mélancolie et une cruauté voisine de la perversité. En 1970, Luis Bunuel tirait de ce roman énigmatique un film admirable.
Découvrez en version bilingue espagnol-français l'un des textes les plus célèbres de Benito Pérez Galdós (1843-1920), étonnamment méconnu en France, mais souvent considéré comme le plus grand romancier espagnol depuis Cervantes.
« Trafalgar » (qui doit son nom à un cap situé à proximité du détroit de Gibraltar) est plus que le simple récit d'une bataille au nom emblématique qui a profondément marqué l'histoire française, britannique et espagnole. Ce roman historique est le premier volume d'une série de 46 « Épisodes Nationaux » (Episodios nacionales) dans lesquels l'auteur dépeint par le biais de destins individuels réels ou fictifs toute l'histoire de l'Espagne du dix-neuvième siècle.
Dans cette nouvelle, Benito Pérez Galdós s'amuse. Le temps d'un voyage aller-retour dans un tram madrilène, il nous montre combien ce que nous lisons affecte notre état d'esprit, combien il nous est facile de tomber dans le piège de la fiction. Se jouant de la littérature populaire, le grand romancier espagnol du XIXe siècle mêle comédie et roman policier, sans toutefois oublier la poésie et la réflexion sur la condition humaine.
Cuando el tren mixto descendente, núm. 65 (no es preciso nombrar la linea), se detuvo en la pequena estación situada entre los kilómetros 171 y 172, casi todos los viajeros de segunda y tercera clase se quedaron durmiendo o bostezando dentro de los coches, porque el frio penetrante de la madrugada no convidaba a pasear por el desamparado andén. El único viajero de primera que en el tren venia bajó apresuradamente, y dirigiéndose a los empleados, preguntoles si aquel era el apeadero de Villahorrenda. (Este nombre, como otros muchos que después se veran, es propiedad del autor.) -En Villahorrenda estamos -repuso el conductor, cuya voz se confundia con el cacarear de las gallinas que en aquel momento eran subidas al furgón-. Se me habia olvidado llamarle a Vd., senor de Rey. Creo que ahi le esperan a Vd. con las caballerias. -¡Pero hace aqui un frio de tres mil demonios! -dijo el viajero envolviéndose en su manta-. ¿No hay en el apeadero algún sitio dónde descansar y reponerse antes de emprender un viaje a caballo por este pais de hielo? No habia concluido de hablar, cuando el conductor, llamado por las apremiantes obligaciones de su oficio, marchose, dejando a nuestro desconocido caballero con la palabra en la boca. Vio este que se acercaba otro empleado con un farol pendiente de la derecha mano, el cual moviase al compas de la marcha, proyectando geométrica serie de ondulaciones luminosas. La luz caia sobre el piso del andén, formando un zig-zag semejante al que describe la lluvia de una regadera.
Era aquello... ¿cómo lo diré yo?... un gallardo artificio sepulcral de atrevidisima arquitectura, grandioso de traza, en ornamentos rico, por una parte severo y rectilineo a la manera vinolesca, por otra movido, ondulante y quebradizo a la usanza gótica, con ciertos atisbos platerescos donde menos se pensaba; y por fin cresterias semejantes a las del estilo tirolés que prevalece en los kioskos. Tenia piramidal escalinata, zócalos grecoromanos, y luego machones y paramentos ojivales, con pinaculos, gargolas y doseletes. Por arriba y por abajo, a izquierda y derecha, cantidad de antorchas, urnas, murciélagos, anforas, búhos, coronas de siemprevivas, aladas clepsidras, guadanas, palmas, anguilas enroscadas y otros emblemas del morir y del vivir eterno. Estos objetos se encaramaban unos sobre otros, cual si se disputasen, pulgada a pulgada, el sitio que habian de ocupar. En el centro del mausoleo, un angelón de buen tallo y mejores carnes se inclinaba sobra una lapida, en actitud atribulada y luctuosa, tapandose los ojos con la mano como avergonzado de llorar; de cuya vergüenza se podia colegir que era varón. Tenia este caballerito ala y media de rizadas y finisimas plumas, que le caian por la trasera con desmayada gentileza, y calzaba sus pies de mujer con botitos, coturnos o alpargatas; que de todo habia un poco en aquella elegantisima interpretación de la zapateria angelical. Por la cabeza le corria una como guirnalda con cintas, que se enredaban después en su brazo derecho. Si a primera vista se podia sospechar que el tal gimoteaba por la molestia de llevar tanta cosa sobre si, alas, flores, cintajos, y plumas, amén de un relojito de arena, bien pronto se caia en la cuenta de que el motivo de su duelo era la triste memoria de las virginales criaturas encerradas dentro del sarcófago. Publicaban desconsoladamente sus nombres diversas letras compungidas, de cuyos trazos inferiores salian unos lagrimones que figuraban resbalar por el marmol al modo de babas escurridizas. Por tal modo de expresión las afligidas letras contribuian al melancólico efecto del monumento.
-I- «...¿Se han reunido todos los ministros?... ¿Puede empezar el Consejo?... ¡El coche, el coche, o no llegaré a tiempo al Senado!... Esta vida es intolerable... ¡Y el pais, ese bendito monstruo con cabeza de barbarie y cola de ingratitud, no sabe apreciar nuestra abnegación, paga nuestros sacrificios con injurias, y se regocija de vernos humillados! Pero ya te arreglaré yo, pais de las monas. ¿Cómo te llamas? Te llamas Envidiópolis, la ciudad sin alturas; y como eres puro suelo, simpatizas con todo lo que cae... ¿Cuanto va? Diez millones, veinticuatro millones, ciento sesenta y siete millones, doscientas treinta y tres mil cuatrocientas doce pesetas con setenta y cinco céntimos...; esa es la cantidad. Ya no te me olvidaras, picara; ya te pillé, ya no te me escapas, ¡oh cantidad temblorosa, escurridiza, inaprehensible, como una gota de mercurio! Aqui te tengo dentro del puno, y para que no vuelvas a marcharte, jugando, al caos del olvido, te pongo en esta gaveta de mi cerebro, donde dice: Subvención personal... Permitame Su Senoria que me admire de la despreocupación con que Su Senoria y los amigos de Su Senoria confiesan haber infringido la Constitución... No me importan los murmullos. Mandaré despejar las tribunas... ¡A votar, a votar! ¿Votos a mi? ¿Queréis saber con qué poderes gobierno? Ahi los tenéis: se cargan por la culata. He aqui mis votos: me los ha fabricado Krupp... Pero ¿qué ruido es este?¿Quién corretea en mi cerebro? ¡Eh!, ¿quién anda arriba?... Ya, ya; es la gota de mercurio, que se ha salido de su gaveta...».
A los lectores que con tanta indulgencia como constancia me favorecen, debo manifestarles que en la composición de EL ABUELO he querido halagar mi gusto y el de ellos, dando el mayor desarrollo posible, por esta vez, al procedimiento dialogal, y contrayendo a proporciones minimas las formas descriptiva y narrativa. Creeran, sin duda, como yo, que en esto de las formas artisticas o literarias todo el monte es orégano, y que sólo debemos poner mal ceno a lo que resultare necio, inútil o fastidioso. Claro es que si de los pecados de tonteria o vulgaridad fuese yo, en esta o en otra ocasión, culpable, sufriria resignado el desdén de los que me leen; pero al maldecir mi inhabilidad, no creeria que el camino es malo, sino que yo no sé andar por él.
El sistema dialogal, adoptado ya en Realidad, nos da la forja expedita y concreta de los caracteres. Estos se hacen, se componen, imitan mas facilmente, digamoslo asi, a los seres vivos, cuando manifiestan su contextura moral con su propia palabra, y con ella, como en la vida, nos dan el relieve mas o menos hondo y firme de sus acciones. La palabra del autor, narrando y describiendo, no tiene, en términos generales, tanta eficacia, ni da tan directamente la impresión de la verdad espiritual. Siempre es una referencia, algo como la Historia, que nos cuenta los acontecimientos y nos traza retratos y escenas. Con la virtud misteriosa del dialogo parece que vemos y oimos sin mediación extrana el suceso y sus actores, y nos olvidamos mas facilmente del artista oculto; pero no desaparece nunca, ni acaban de esconderle los bastidores del retablo, por bien construidos que estén. La impersonalidad del autor, preconizada hoy por algunos como sistema artistico, no es mas que un vano emblema de banderas literarias, que si ondean triunfantes, es por la vigorosa personalidad de los capitanes que en su mano las llevan.
A un periodista de los de nuevo cuno, de estos que designamos con el exótico nombre de reporter, de estos que corren tras la información, como el galgo a los alcances de la liebre, y persiguen el incendio, la bronca, el suicidio, el crimen cómico o tragico, el hundimiento de un edificio y cuantos sucesos afectan al Orden público y a la Justicia en tiempos comunes, o a la Higiene en dias de epidemia, debo el descubrimiento de la casa de huéspedes de la tia Chanfaina (en la fe de bautismo Estefania), situada en una calle cuya mezquindad y pobreza contrastan del modo mas irónico con su altisono y coruscante nombre: calle de las Amazonas. Los que no estén hechos a la eterna guasa de Madrid, la ciudad (o villa) del sarcasmo y las mentiras maleantes, no pararan mientes en la tremenda fatuidad que supone rótulo tan sonoro en calle tan inmunda, ni se detendran a investigar qué amazonas fueron esas que la bautizaron, ni de dónde vinieron, ni qué demonios se les habia perdido en los Madronales del Oso. He aqui un vacio que mi erudición se apresura a llenar, manifestando con orgullo de sagaz cronista, que en aquellos lugares hubo en tiempos de Mari-Castana un corral de la Villa, y que de él salieron a caballo, aderezadas al estilo de las heroinas mitológicas, unas comparsas de mujeronas, que concurrieron a los festejos con que celebró Madrid la entrada de la reina dona Isabel de Valois.
Ni se necesita compulsar prolijamente los tratadistas mas autorizados de cosas de salones, para adquirir la certidumbre de que las senoras del Águila permanecieron algún tiempo en la obscuridad, como avergonzadas, después de su cambio de fortuna. Mieles no las cita hasta muy entrado Marzo, y el Pajecillo las nombra por primera vez enumerando las mesas de petitorio en Jueves Santo, en una de las mas aristocraticas iglesias de esta Corte. Para encontrar noticias claras de épocas mas próximas al casamiento, hay que recurrir al ya citado Juan de Madrid, uno de los mas activos y al propio tiempo mas guasones historiógrafos de la vida elegante, hombre tan incansable en el comer como en el describir opulentas mesas, y saraos espléndidos. Llevaba el tal un Centón en que apuntando iba todas las frases y modos de hablar que oia a D. Francisco Torquemada (con quien trabó amistad por Donoso y el Marqués de Taramundi), y senalaba con gran escrúpulo de fechas los progresos del transformado usurero en el arte de la conversación. Por los papeles del Licenciado sabemos que desde Noviembre decia D. Francisco a cada momento: asi se escribe la historia, velis nolis, la ola revolucionaria, y seamos justos.
Entonces, como ahora, el sol hacia su presentación por el campo desolado de Abronigal, y sus primeros rayos pasaban con movimiento de guadana, rapando los arboles del Retiro, después los tejados de la Villa Coronada... de abrojos. Cinco de aquellos rayos primeros, enfilando oblicuamente los cinco huecos de la Puerta de Alcala como espadas llameantes, iluminaron a trechos la vulgar fachada del cuartel de Ingenieros y las cabezas de un pelotón desgarrado de plebe que se movia en la calle alta de Alcala, llamada también del Pósito. Tan pronto el vago gentio se abalanzaba con impulso de curiosidad hacia el cuartel; tan pronto reculaba hasta dar con la verja del Retiro, empujado por la policia y algunos civiles de a caballo... El buen pueblo de Madrid queria ver, poniendo en ello todo su gusto y su compasión, a los sargentos de San Gil (22 de Junio) sentenciados a muerte por el Consejo de Guerra. La primera tanda de aquellos tristes martires sin gloria se componia de diez y seis nombres, que fueron brevemente despachados de Consejo, Sentencia y Capilla en el cuartel de Ingenieros, y en la manana de referencia salian ya para el lugar donde habian de morir a tiros; heroica medicina contra las enfermedades del Principio de Autoridad, que por aquellos dias y en otros muchos dias de la historia patria padecia crónicos achaques y terribles accesos agudos... Pues los pobres salieron de dos en dos, y conforme traspasaban la puerta eran metidos en simones. Tranquilamente desfilaban estos uno tras otro, como si llevaran convidados a una fiesta. Y verdaderamente convidados eran a morir... y en lugar próximo a la Plaza de Toros, centro de todo bullicio y alegria.
Una tarde del mes de Mayo fui a ver a Eloisa con firme propósito de hablarle enérgicamente. No la encontré. Estaba en no sé qué iglesia, pues por aquel tiempo se le desarrolló la mania filantrópico-religioso-teatral, y se consagraba con mucha alma, en compania de otras damas, a reunir fondos para las victimas de la inundación. Lo mismo manipulaba funciones de ópera y zarzuela que lucidas festividades católicas, en las cuales las mesas de tapete rojo, sustentando la bandejona llena de monedas, hacian el principal papel. También inventaba rifas o tómbolas que producian mucho dinero. Se me figuró que habia transmigrado a ella el anima propagandista del desventurado Carrillo. Casi todos los dias habia en su casa junta de senoras para distribuir dinero y disponer nuevos arbitrios con que aliviar la suerte de las pobres victimas. Por eso aquel dia no la pude ver; de tarde porque estaba en el petitorio, de noche porque habia junta, y francamente, no tenia yo maldita gana de asistir a un femenino congreso ni oir a las oradoras. La junta terminaba a las doce, y de esta hora en adelante bien podia ver a Eloisa; pero no me gustaba pasar alli la noche, y me iba con mas gusto a la soledad de mi casa.
Al dia siguiente creia no encontrarla tampoco; pero si la encontré. Hizose la enojada por ausencias, púsome cara de mimos, de resentimiento y celos. ¡Desdichada! ¡Venirme a mi con tales músicas!... «Tengo que hablarte», le dije de buenas a primeras, encerrandome con ella en su gabinete, lleno de preciosidades, que valian una fortuna. Alli estaba escrito con caracteres de porcelana y seda el funesto caso de la disminución de mi capital.
Levantabase tarde, y después de dar cuerda a sus relojes, se ponia a disposición del peluquero, quien en poco mas de hora y media le arreglaba la cabeza por fuera, que por dentro sólo Dios pudiera hacerlo. Luego daba al reloj de su cuerpo la cuerda del necesario alimento, como decia Comella, la cual cuerda pasaba aún mas alla de la media docena de bollos de Jesús reblandecidos en dos onzas de chocolate. Incontinenti tenia lugar la operación de vestirse y calzarse, no consumada a dos tirones, sino con toda aquella pausa, aplomo, espaciosidad y mesura que la indole de los tiempos exigia. Una vez en la calle, dirigia sus pasos a cierta casa de la Cuesta de la Vega, donde es fama que habitaba la discreta mayorazga, con cuyo linaje la casa de Rumblar concertara genealógico y utilitario ayuntamiento. Esta visita no era de mucho tiempo, y al poco rato salia D. Diego para encaminarse ligero como un corzo a la calle de la Magdalena, donde vivia un senor de Manara, de quien era devotisimo y fiel amigo. Era creencia general que comian juntos, y luego leian la Gaceta, el Semanario patriótico, el Memorial literario y cuantos papeles impresos venian de Valencia, Sevilla o Bayona, tarea que les entretenia hasta el anochecer; y por fin a la hora y punto en que las calles de Madrid se tapujaban con aquel manto de simpatica oscuridad que el positivismo alumbrador de estos tiempos ha rasgado en mil pedazos, nuestros dos galanes salian juntos en luengas capas embozados, y a veces con traje muy distinto del que usaban durante el dia. Aqui tenia principio, según opinión de los sesudos autores que se han ocupado de D. Diego de Rumblar, la verdadera existencia de aquel insigne rapazuelo, asi como también es cierto que todos los cronistas, si bien desacordes en algunos pormenores de sus escandalosas aventuras, estan conformes en afirmar que siempre le acompanaba el supradicho Manara, y que casi nunca dejaban de visitar a una altisima dama, la cual lo era sin duda por vivir en un tercer piso de la calle de la Pasión, y tenia por nombre la Zaina o la Zunga, pues en este punto existe una lamentable discordancia entre autores, cronistas, historiógrafos y demas graves personas que de las hazanas de tan famosa hembra han tratado.
Madrid, 3 de Febrero de 1852.- En el momento de acometer Merino a nuestra querida Reina, cuchillo en mano, hallabame yo en la galeria del Norte, entre la capilla y la escalera de Damas, hablando con dona Victorina Sarmiento de un asunto que no es ni sera nunca histórico... La vibración de la multitud cortesana, un bramido que vino corriendo de la galeria del costado Sur, y que al pronto nos pareció racha de impetuoso viento que agitaba los velos y mantos de las senoras, y precipitaba a los caballeros a una carrera loca tropezando en sus propios espadines, nos hizo comprender que algo grave ocurria por aquella parte... «Ha sido un clérigo», oi que decian; y en efecto, recordé yo haber visto entre el gentio, poco antes, a un sacerdote anciano, cuyas facciones reconoci sin poder traer su nombre a mi memoria... Hacia alla volé, adelantandome a los que iban presurosos, o tropezando con damas que aterradas volvian, y lo primero que vi fue un oficial de Alabarderos que a la Princesita llevaba en alto hacia las habitaciones reales. Luego vi a la Reina llevada en volandas... ¡Atentado, punalada... un cura! ¿Habia sido herida gravemente? Muerta no iba. Crei oirla pronunciar algunas palabras; vi que movia su hermoso brazo casi desnudo, y la mano ensangrentada. Rapida visión fue todo esto, atropellada procesión de carnes, terciopelos, gasas, mangas bordadas de oro, tricornios guarnecidos de plata, Montpensier livido, el infante don Francisco casi llorando... Al Rey no le vi: iba por el lado de la pared, detras del montón fugitivo... Vi a Tamames; creo que vi también a Balazote...
Los ociosos caballeros y damas aburridas que me han leido o me leyeren, para pasar el rato y aligerar sus horas, veran con gusto que en esta pagina todavia blanca pego la hebra de mi cuento diciéndoles que al escapar de Cuenca, la ciudad mistica y tragica, fuimos a parar a Villalgordo de Júcar, y alli, mi companero de fatigas Ido del Sagrario y yo, dando descanso a nuestros pobres huesos y algún lastre a nuestros vacios estómagos, deliberamos sobre la dirección que habiamos de tomar. El desmayo cerebral, por efecto del terror, del hambre y de las constantes sacudidas de nervios en aquellos dias pavorosos, dilató nuestro acuerdo. Inclinabame yo a correrme hacia Valencia, impelido por corazonadas o misteriosos barruntos. Di en creer que hallaria en tierras de Levante a mi maestra Mariclio y que por ella tendria conocimiento de la preparación de graves sucesos. Pero a Ido le tiraba hacia Madrid una fuerte querencia: su mujer, sus amigos, su casa de huéspedes. La ley de adherencia en las comunes andanzas aventureras nos apegaba con vinculo estrecho. Desconsolados ambos ante la idea de la separación, cogimos el tren en La Roda y nos plantamos en la Villa y Corte. Largos dias permaneci recluido en mi aposento pupilar de la calle del Amor de Dios. La casa estaba desierta por ausencia de los estudiantes de San Carlos que gozaban ya de la dilatada vagancia veraniega. Prisionero me constitui en mi celda, sin osar poner los pies en la calle, no sólo por aburrimiento, sino por tener mis bolsillos tristemente limpios y mondos de toda clase de numerario. Olvidado me tenia mi excelsa Madre, sin que mi conciencia ni mi razón explicarme supieran la causa de tal abandono, pues nada hice ni pensé que pudiera desagradarla. Cuantas veces acudi a la porteria de la Academia de la Historia en busca de los emolumentos que alli, solicita y puntual, me consignaba Dona Mariana, hube de volverme desconsolado y con las manos vacias a mi pobre hospedaje. Por fin, avanzado ya el mes de Agosto, ¡oh inefable dicha! la portera de la docta casa me entregó con graciosa solemnidad un paquete que contenia suma moderada de los sucios papiros que llamamos billetes de Banco, y una cartita cuyo interesante contenido devoré con mis ojos en el corto trayecto de la calle del León a la del Amor de Dios.
Tetuan, mes de Adar, ano 5620.
¡Vive Dios, que no sé ya cómo me llamo! Yahia dicen los del Mellah al verme; Alarcón me saluda con apodos burlescos, Profetangano, Don Biblico; para algunos moros maleantes soy Djinn, que quiere decir diablillo, geniecillo; y mi venerable amigo el castrense don Toro Godo me ha puesto el remoquete de Confusio (con ese). Cuando me recojo en mi, y examino y desdoblo mi personalidad, ahora tan envuelta sobre si propia, vengo a reconocer que soy aquel Juan que vino de Espana con el Ejército de O'Donnell, trayendo consigo poco mas de lo puesto, un humilde y no manchado apellido, que creo era Santiuste, y una condición que tengo por sencilla y mansa, la cual, dividida en cuartos, me da tres partes de galan enamoradizo y un cuartillo de poeta. Tal soy, tal fui. Quiero reconstruir mi ser sintético, y fundar en él la nueva conciencia que necesito al cabo de tantos trastornos, en ésta mi africana vida tan atropellada y exuberante.
Si apenas sé cómo me llamo, tampoco me doy clara cuenta de la religión que profeso, pues las tres que aqui tenemos, confunden en los espacios de mi espiritu sus viejos dogmas y sus ritos pintorescos. Y ved aqui que yo, el hombre de las grandes confusiones, el panteólogo desmemoriado que, al descuidar la fijeza de su nombre, borra con igual descuido los nombres de las cosas, me meto a refundir en una sola creencia las tres que aqui los humanos practican, divididos en castas, familias o rebanos, con sus marcas correspondientes. Adviértase que la sintesis religiosa es para mi uso particular y exclusivo goce, sin ningún prurito de apostolado ni cosa que lo valga. Las tres me mandan que ame a Dios sobre todas las cosas, y al prójimo como a mi mismo, y que perdone las ofensas; las tres me senalan la vida perdurable como fin sin fin de nuestro ser, y me ofrecen recompensa o castigo conforme al valor moral de mis acciones, mientras me tiene Dios estacado en la sociedad humana, paciendo en las no siempre fértiles praderas de la vida fisiológica.
Durante los seis inolvidables anos que mediaron entre 1814 y 1820, la villa de Madrid presenció muchos festejos oficiales con motivo de ciertos sucesos declarados faustos en la Gaceta de entonces. Se alzaban arcos de triunfo, se tendian colgaduras de damasco, salian a la calle las comunidades y cofradias con sus pendones al frente, y en todas las esquinas se ponian escudos y tarjetones, donde el poeta Arriaza estampaba sus pobres versos de circunstancias. En aquellas fiestas, el pueblo no se manifestaba sino como un convidado mas, anadido a la lista de alcaldes, funcionarios, gentileshombres, frailes y generales; no era otra cosa que un espectador, cuyas pasivas funciones estaban previstas y senaladas en los articulos del programa, y desempenaba como tal el papel que la etiqueta le prescribia.
Las cosas pasaron de distinta manera en el periodo del 20 al 23, en que ocurrieron los sucesos que aqui referimos. Entonces la ceremonia no existia, el pueblo se manifestaba diariamente sin previa designación de puestos impresa en la Gaceta; y sin necesidad de arcos, ni oriflamas, ni banderas, ni escudos, ponia en movimiento a la villa entera; hacia de sus calles un gran teatro de inmenso regocijo ó ruidosa locura; turbaba con un solo grito la calma de aquel que se llamó el Deseado por una burla de la historia, y solia agruparse con sordo rumor junto a las puertas de Palacio, de la casa de Villa ó de la iglesia de Dona Maria de Aragón, donde las Cortes estaban.
Esquina de las Descalzas. Dos embozados, que entran en escena por opuesto lado, tropiezan uno con otro. Es de noche.
Embozado primero.¡Bruto!
Embozado segundo.El bruto sera él.
¿No ve usted el camino?
¿Y usted no tiene ojos?... Por poco me tira al suelo.
Yo voy por mi camino.
Y yo por el mio.
Vaya enhoramala. (Siguiendo hacia la derecha.) ¡Qué tio!
Si te cojo, chiquillo... (Deteniéndose amenazador.) te ensenaré a hablar con las personas mayores. (Observa atento al embozado segundo.) Pero yo conozco esa cara. ¡Con cien mil de a caballo!... ¿No eres tú...?
Pues a usted le conozco yo. Esa cara, si no es la del Demonio, es la de D. José Ido del Sagrario.
¡Felipe de mis entretelas! (Dejando caer el embozo y abriendo los brazos.) ¿Quién te habia de conocer tan entapujado? Eres el mismisimo Aristóteles. ¡Dame otro abrazo... otro!
El padre Jerónimo de Matamala, uno de los frailes mas discretos del convento de franciscanos de Ocana, hombre de genio festivo y arregladas costumbres, dejó la esculpida y lustrosa silla del coro en el momento en que se acababa el rezo de la tarde, y muy de prisa se dirigió a la porteria, donde le aguardaba una persona, que habia mostrado grandes deseos de verlo y hablarle. Poco antes un lego, que desempenaba en aquella casa oficios nada espirituales, habia trabado una viva contienda con el visitante. Empenabase éste en ver al padre Matamala, contrariando las prescripciones litúrgicas que a aquella hora exigian su presencia en el coro; se esforzaba el lego en probar que tal pretensión era contraria a la letra y espiritu de los sagrados canones, y oponia la inquebrantable fórmula del terrible non possumos a las súplicas del forastero, el cual, fatigado y con muestras de gran desaliento, se apoyaba en el marco de la puerta. Hablaba con descompuestos ademanes y alterada voz; contestabale el otro con rudeza, orgulloso de ejercer autoridad aunque no pasara de la entrada; y el dialogo iba ya a tomar proporciones de altercado, tal vez la cuestión estaba próxima a descender de las altas regiones de la discusión para expresarse en hechos, cuando apareció fray Jerónimo de Matamala, y abriendo los brazos en presencia del desconocido, exclamó con muestras de alborozo:
-¡Martin, querido Martin, tú por aqui! ¿Cuando has llegado?... ¿De dónde vienes?
A las cuatro de la tarde, la chiquilleria de la escuela pública de la plazuela del Limón salió atropelladamente de clase, con algazara de mil demonios. Ningún himno a la libertad, entre los muchos que se han compuesto en las diferentes naciones, es tan hermoso como el que entonan los oprimidos de la ensenanza elemental al soltar el grillete de la disciplina escolar y echarse a la calle piando y saltando. La furia insana con que se lanzan a los mas arriesgados ejercicios de volatineria, los estropicios que suelen causar a algún pacifico transeúnte, el delirio de la autonomia individual que a veces acaba en porrazos, lagrimas y cardenales, parecen bosquejo de los triunfos revolucionarios que en edad menos dichosa han de celebrar los hombres... Salieron, como digo, en tropel; el último queria ser el primero, y los pequenos chillaban mas que los grandes. Entre ellos habia uno de menguada estatura, que se apartó de la bandada para emprender solo y calladito el camino de su casa. Y apenas notado por sus companeros aquel apartamiento que mas bien parecia huida, fueron tras él y le acosaron con burlas y cuchufletas, no del mejor gusto. Uno le cogia del brazo, otro le refregaba la cara con sus manos inocentes, que eran un dechado completo de cuantas porquerias hay en el mundo; pero él logró desasirse y... pies, para qué os quiero. Entonces dos o tres de los mas desvergonzados le tiraron piedras, gritando Miau; y toda la partida repitió con infernal zipizape: Miau, Miau.